Étrange sensation de familiarité lorsqu’on voit ce soir apparaître Robi sur la scène du Nouveau Casino, succédant à la pop hautement énergisante et barrée de Fiodor Dream Dog ; c’est qu’on l’avait laissée la veille – tout comme Katel et Tatiana Mladenovitch de Fiodor, justement – en l’excellente compagnie de Maissiat à la Maroquinerie où divers invités se prêtaient au jeu des duos.
Le dispositif mis en place pour accueillir Chloé Robineau et ses musiciens Valentin Durup (basse) et Bertrand Flamain (clavier) diffère légèrement des concerts précédents : s’y ajoute un nouveau clavier, placé près du micro central. On constate donc sans surprise que le set habituel a été remanié, comme c’était déjà le cas pour la Boule Noire en mars, autre concert phare de la tournée. Plutôt que de commencer en douceur par « La Finitude », on entre plus immédiatement dans le vif du sujet avec « Belle et bien ». Si les morceaux-clés restent sensiblement les mêmes d’un concert à l’autre (« Où suis-je » et sa rythmique eighties irrésistible, « Ma route » qui incarne à l’extrême le côté brut et scandé de la musique de Robi), plusieurs nouveaux morceaux sont présentés au cours du concert. Il faudra plusieurs écoutes pour vraiment les apprivoiser, mais on y retrouve déjà l’essentiel, cette pulsation rentrée, ce rapport brut aux textes comme aux sons, qui caractérisent les titres de L’hiver et la joie. Ils annoncent déjà de très belles choses à venir.
L’un des moments les plus intenses de la soirée sera atteint lors de la reprise de « Lolita nie en bloc » de Noir Désir, dont le final dégage une sauvagerie qu’on ne lui connaissait pas jusqu’alors, sur fond de stroboscopes hallucinés qui hachent les mouvements et déroutent le regard. Le trio se l’est désormais approprié au même titre que l’autre reprise emblématique qu’est « Il se noie » de Trisomie 21 (autre très grand moment, peut-être sans surprise, mais avec quel plaisir). Et la sensation de familiarité éprouvée tout à l’heure revient nous cueillir aux moments les plus inattendus. D’abord lorsque Maissiat vient prêter sa voix pour accompagner « Les Fleurs ». Puis, lors du final sur « On ne meurt plus d’amour », où cinq silhouettes montent soudain sur scène pour reprendre le refrain en chœur : Maissiat toujours, Katel, Tatiana Mladenovitch, Diane Sorel et La Fiancée, étirant le morceau dans le temps, dans la joie, dans la sensation d’un moment de chaleur partagé en belle compagnie.