hommages
Certains n’ont apparemment pas attendu la parution en disque compact d’on the beach de neil young pour s’en gorger quotidiennement. Si l’objet circulait officieusement sous le manteau depuis quelques années (via un site internet de fan en basse qualité notamment), il a déjà été l’objet d’hommages appuyés plutôt bien sentis. La liste se décline sur des kilomètres et comprend parmi les plus illustres : nagisa ni te, mercury rev, herman düne, songs : ohia, wilco... à l’écoute de ce premier album de riviera, il est tentant de les placer dans le peloton de tête. Faisant suite à deux eps confidentiels, at the end of the american century ne semble pas l’être moins vu le peu de presse qu’il a obtenu ici comme ailleurs. Pourtant le quatuor chicagoan sert un rock mâtiné de country des plus inspirés.
spectre
Sans artifices ni errances mais avec un remarquable talent mélodique, at the end of the american century est la suite que wilco n’a jamais donné à being there voire un concentré plus digeste de leur double album. La comparaison au groupe de jeff tweedy est indiscutable et d’autant plus criante qu’ils ont ouverts pour lui lors d’un concert dans la capitale de l’illinois (ils en ont d’ailleurs profité pour reprendre, ô étrange coïncidence, “revolution blues” de neil young, album on the beach - ça se télécharge ici). Cependant, riviera ne se résume pas en une simple copie de wilco, leur goût pour jam sudiste à la creedence clearwater revival ou lynyrd skynyrd (ceux-là même qui cassaient du neil young dans “sweet home alabama”) sur certains morceaux (“ashes of the moon” en particulier ou “somebody’s fool”), mais aussi un certain amour pour le rock anglais des seventies, rappelant inévitablement les rolling stones (“in the stands” et ses clins d’oeil à répétition à “sympathy for the devil”), élargit agréablement leur spectre musical.
coloration
Malgré leur évidence, ces influences ne nuisent pas pour autant à la singularité de l’objet. at the end of the american century n’est pas une redite. il dispose de fantastiques compositions et d’une élégante structure qui s’articule autour de plusieurs instruments : d’une part l’harmonica, le piano et les choeurs enrichissent les morceaux avec une belle profondeur dont le point culminant est cette délicieuse conclusion, “the hardest thing to say”. D’autre part, la coloration chaude portée par un discret jeu d’orgue en arrière plan, les sons de guitare fondants ou le style calme et enveloppant de la basse, fait de ce premier album une sorte d’instantané de parfaite journée estivale qu’il suffit de jouer pour libérer les parfums, airs et autres senteurs qu’il renferme afin qu’ils emplissent la pièce. Dans une tradition d’indie rock diluée dans l’americana, riviera rivalise sans conteste avec les descendants de papy young que sont wilco, golden smog ou magnolia electric co. At the end of the american century est un premier album qui témoigne d’un fort potentiel et fait de riviera, l’une des valeurs montantes du genre. Aux côtés de mas cambios, on the beach ou on the love beach, at the end of an american century trouvera donc facilement sa place.