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publié par gab le 27/05/24
Ride
- Interplay
Interplay

Certains disques à leur sortie sont déjà datés et c’est rarement bon signe. Ça fait maintenant un bon mois qu’on tente de percer la carapace d’Interplay, le nouvel album de Ride, et plus le temps passe, plus on s’énerve. D’où la décision d’écrire la chronique sans trop tarder, avant de perdre tout contrôle de nos émotions (on ne supporte déjà plus l’intro de "Peace sign", le morceau d’ouverture). Il faut dire que pour nous, Ride, c’est le graal, le groupe de tous les groupes, et qu’on n’avait jamais je crois été aussi déçu à la première écoute d’un de leurs albums (à part sans doute Tarantula en 1996, mais il compte à peine celui-là). Certes, il s’agit d’un exercice de style, faire un disque total années ’80, et de ce point de vue c’est sans doute réussi, mais franchement, pourquoi ? C’est d’ailleurs assez surprenant et révélateur qu’Andy Bell, interrogé par nos confrères de Gonzai*, classe ce disque en 5e position sur 7 (juste devant Carnival of light, le disque total seventies du groupe). On est frappé par ce réalisme auquel les groupes anglais ne nous ont pas habitués, loin de la rengaine promo habituelle du « c’est notre meilleur album à ce jour ». Ride assume donc … et pourquoi pas finalement. Tant qu’à partir dans une direction, autant y aller à fond.

boite

Et tout n’est pas à jeter dans ce disque, loin de là. Voyons le positif. Il faut pour ça commencer par soigneusement éviter les 3 morceaux sortis progressivement en single avant l’album et qui figurent aux meilleures places (1, 2 et 4). "Peace sign" et son intro pompière (seule la pseudo-cornemuse du refrain nous déride légèrement), "Last frontier" et son manque criant de relief, et "Monaco" qui nous avait pourtant fait plutôt bonne impression lors des lives entraperçus sur youtube mais dont le traitement eighties est repoussant au possible (franchement, quel est l’intérêt quand on a Loz Colbert sous la main de mettre une pauvre boite à rythme d’un autre âge ?). On ne vous cache pas qu’il vaut mieux aussi éviter le ventre mou du disque, les "Stay free" (pas désagréable mais il ne se passe pas grand chose), "Last night I went somewhere to dream" (légèrement irritante avec ses tics de fin de phrase), "Sunrise chaser" (plutôt pénible, on sent qu’ils se sont fait plaisir musicalement mais ils nous ont aussi complètement perdu en cours de route). Voila. Une fois qu’on a éliminé la moitié de l’album, on y voit un peu plus clair.

cahier

Ah, oui, le positif on a dit. Alors côté très positif, nous avons la fin de "Light in a quiet room", le seul moment noisy du disque (ce n’est pas qu’on s’accroche à leurs premiers disques mais ça fait franchement du bien au milieu des singles) qui par ricochet faire vraiment ressortir le morceau entier du lot. Il a un côté hypnotique grâce à la boucle de basse qui fonctionne très bien. Nous avons aussi l’excellent "I came to see the wreck", notre préféré, qui commence plutôt mal puisque l’intro est très fortement inspirée de "Shout" de Tears for fears (toujours pile dans le cahier des charges) mais qui réussit l’exploit de se transcender grâce à un chant habité et une intensité qui font globalement défaut au reste du disque. Ride nous raconte enfin une histoire, avec des sentiments, des tripes, du vivant. Le morceau est vraiment magnifique, un très juste reflet de notre monde actuel et de ses défaillances. L’autre morceau sur lequel on retrouvera ce niveau d’intensité est "Portland rocks" en 2e partie de disque. Celui-là a tout des grands classiques du groupe avec sa guitare lead et ses chœurs planants (influence période Going Blank Again) mais il a aussi un chant suffisamment accrocheur pour nous embarquer directement et durablement. Il devrait largement survivre à ce disque et rejoindre un morceau comme "Ox4" dans les réguliers en concert.

clé

Côté positif tout court, des morceaux moins emblématiques mais qui sont à la hauteur des attentes, les bonnes surprises pourrait-on dire au vu de notre déception générale. "Midnight rider" dans la moiteur d’une basse lancinante et avec des petits gimmicks de fond qui relèvent le tout, le trippant "Essaouira" qui nous fait penser dans l’esprit à certaines expérimentations de la période Carnival of light (le morceau "At the end of the universe" en particulier). On aime ces ambiances basse-au-centre, définitivement pas Ride mais qu’ils réussissent particulièrement bien. Ils terminent le disque en tout simplicité, et c’est peut-être la clé qu’il leur a le plus manqué finalement, avec "Yesterday is just a song". Quasiment pas de musique (un fond un peu new-age), quasiment pas de chant (paroles susurrées à l’oreille) mais un morceau juste et qui fait donc mouche.

pack

Que dire de plus sinon qu’on aura décidément tout raté avec la sortie de ce disque puisque, la lose nous poursuivant jusqu’au bout, on aura même manqué le pack avec le superbe t-shirt (photo de groupe du début ’90) à notre taille. Que voulez-vous, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas !

Ride s’est formé en école d’art et le groupe est toujours aussi fort visuellement, que ce soit côté pochette ou pour des visualizer youtube illustrant leurs singles

* Nous vous conseillons la très bonne interview d’Andy Bell par Gonzai

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publié par le 27/05/24