S’il nous a fallu un moment pour entrer vraiment dans le concert de Richard Youngs, c’est en grande partie, avouons-le, parce qu’il avait la lourde tâche de succéder à Liesa Van der Aa dont l’éblouissant numéro nous avait mis KO. Mais sans doute aussi parce que, ne connaissant pas son abondante discographie, nous ne savions pas à quoi nous attendre. Lorsqu’il commence d’entrée de jeu par descendre dans le public, qui s’écarte et forme un cercle autour de lui, et répète pendant tout un morceau la même phrase en boucle, « Another sleepless night », on reste un peu interloqué. Sa façon déroutante d’interpeller un public pas forcément prêt à jouer le jeu renforce ce léger malaise.
Mais tout de même, il se passe quelque chose. On est d’abord intimidé, puis intrigué, voire fasciné. Accompagné à la batterie par Damon Krukowski (de Damon & Naomi, qui jouait deux heures plus tôt sur la même scène), il alterne la guitare, l’harmonica et le chant seul. La bizarrerie diffuse de sa musique défie toute description. Un assemblage déstructuré d’éléments pourtant classiques à la base, de belles mélodies folk, mais tiraillées dans tous les sens. Quand les lumières se rallument, on garde l’impression d’avoir vu un concert étrange, mais intéressant. Mais étrange. Mais intéressant. Quelle chose d’assez unique en tout cas.