bidibidibidi

warp est un label hautement symbolique. référence largement pompé. dernier exemple en date les radiohead pour leur album kid a. ce label est souvent synonyme d’électronique minimaliste et radicale. ce qui n’est pas sans en énervé beaucoup - sans dénoncer pour alex, notre cargonaute, warp est souvent synonyme de 1 heure de pschhhhht, fewwwww.com et bidibidibidibi.... disons un heure de prise de tête pour résumer. lipswitch commence par démentir cette caricature : l’album ne fait que 38 minutes, et non une heure. il fallait le dire ! pour ce qui est du contenu, c’est vrai que l’on est dans l’électronique bruitiste. xénakis, mort il y a quelques semaines, était l’un des premiers grands noms de la musique contemporaine, la plus ardue. quand on réécoute ce qu’il a pu produire, on se rend compte qu’il a été une influence plus ou moins direct de cette école électronique jusqu’au-boutiste et intègre, et au passage de groupes comme sonic youth dans ses délires expérimentaux.

à peine audible

oui à la première écoute richard devine peut passer pour un fumiste qui sort quelques sons de son ordinateur et leur colle un beat décalé pour mieux faire passer la pilule. mais ce qui énerve l’auditeur inattentif à l’écoute de lipswitch ou d’une grande partie du catalogue de warp, c’est que la musique de devine demande un effort, la participation de l’auditeur. comme chez jamie lidell, par exemple (cf chronique), on ne peut pas rester totalement passif en écoutant ces entrelacements de sons, d’ambiances, de rythmes diffus, de bruits furtifs ou répétitifs, agressifs ou parfois à peine audible. richard devine ne nous facilite pas la tâche, nous ne sommes pas dans un contexte purement émotionnel premier degré comme dans le rock ou la pop. on se trouve dans une dimension où l’intellect - évidemment je sais très bien que ce mot fera fuir une partie importante des passionnés de musique - est aussi partie prenante. si vous ne connaissez pas du tout et que par le plus grand des hasards vous mettez lipswitch sur votre chaîne, vous ne resterez pas inactif.

système nerveux

en effet deux solutions vont s’offrir à vous : ouvrir la fenêtre et balancez votre chaîne en hurlant votre rage tout en vous recouvrant le corps de confiture et d’huile d’olive, ou bien vous munir de votre trousse d’outils flambant neuve et vous jetez sauvagement sur votre lecteur cd en pestant comme un beau diable contre le vendeur qui vous avait promis qu’elle tiendrait facilement 10 ans... mais une troisième solution reste possible : se laisser prendre par les rythmes fous de "kepter", machine de guerre implacable et magnifique, ou réagir au rythme tribal de "block variation", laissez les images de "route, increment" imprimer les parties les plus reculés de votre cerveau... vivre et respirer au rythme de richard devine, visiter le musée virtuel de son imaginaire, laissez des sensations inédites, des images nouvelles, que cette musique vous réserve, envahir votre système nerveux. si vous en avez envie, vous vivrez des expériences que peu de musiques nous ont permis de découvrir jusqu’à aujourd’hui. lipswitch est une nouvelle preuve, si tant est qu’il en fallait une, que warp est définiivement un label essentiel.