Depuis l’an dernier, Jazz à Vienne zoome à chaque édition sur la scène jazz d’un pays européen, en invitant une sélection d’artistes à se produire pendant le festival. Après la Suisse, c’est le Luxembourg qui a cette année fait l’objet de ce Focus Européen, avec six formations qui ont magnifiquement mis en lumière la qualité et la diversité du jazz grand-ducal : Le piano solo d’Arthur Possing, le jazz electro du Trio Singülar, les ambiances cinématiques de KLEIN, le swing revisité du Daniel Migliosi Quintet, et puis les deux groupes qui ont tout particulièrement séduit nos oreilles, Reis Dimuth Wiltgen et Dock In Absolute.
Les premiers ont réussi l’exploit de nous sortir de la torpeur générée par une canicule tenace qui faisait de Vienne un chaudron bouillant que même les réputées glaces du festival peinaient à rafraîchir : l’improbable mélange de romantisme teinté de classique et de groove furieux à la new-yorkaise du trio produit un jazz d’une fraîcheur et d’une inventivité réjouissantes, et le plaisir manifeste que prennent Michel Reis (piano), Marc Demuth (contrebasse) et Paul Wiltgen (batterie) à jouer n’a égal que celui du public de la scène Cybèle à les écouter.
Les seconds constituent également un trio, mais la basse électrique remplace la contrebasse, et Dock in Absolute se produit au Club, fort heureusement après que la canicule ait finalement laissé place à des températures de saison qui ont permis aux afficionados des afters dans le théâtre à l’italienne de laisser libre cours à leur enthousiasme pour les montées en puissance et les changements d’ambiance diaboliques du jazz de Jean-Philippe Koch (piano), David Kintziger (basse) et Victor Kraus (batterie). Un mélange qui se révèle totalement addictif - mais Guillaume Anger, le directeur artistique du festival, veillait en coulisse pour autoriser les rappels réclamés à grands cris par le public survolté, et tant pis si l’horaire était dépassé !