C’est l’été du retour à la vie. Alors oui je sais, le monde d’après, plus beau et plus écolo, il n’est pas pour tout de suite mais et si à la place je vous proposais le temps d’un EP de retrouver vos vingt ans ? (ou de les imaginer si vous ne les avez pas encore), les vacances entre potes, la plage, les feux de camps où vous adorez du coin de l’œil cette fille avec des fleurs dans les cheveux et peut être que ce soir... Allez on oublie le cynisme, on chausse ces lunettes roses et on file à toute vitesse vers un monde meilleur, où l’on vit d’amour et de pop-rock psychédélique, celui de L’âge d’Or de Rallye.
Tout au long de ce premier EP, ce jeune groupe composé de quatre amis d’enfance nous propose une pop aux réminiscences psychédéliques qu’on retrouve aussi dans les thématiques abordées par les textes. On apprécie la recherche et la variété des sons de clavier, l’osmose réussie avec la guitare mais aussi une basse au groove bien solide qui leur permet de reprendre à la sauce électro une recette bien connue du grunge : les couplets portés par la basse qui laisse une large place à la voix et des refrains qui sonnent d’autant plus massifs ("Univers" et "Flower Girl"). Les guitares sont plus discrètes mais bien présentes tout au long de l’EP et elles auront leur moment pour envoyer du bois en mode bien rock : l’excellent "Easy Rider" qui est sans conteste le morceau-phare du disque, à la fois pêchue et planante, comme un grand bol d’air frais en pleine figure , « sous la voix lactée, dans les grands espaces, on aurait de la place, pour s’aimer, comme dans Easy Rider ».
Sur le papier ce texte comme tous les textes de l’EP n’a pas l’air simple à faire vivre , il est même très casse-gueule mais chez Rallye, la sincérité est évidente, ils y croient à 200% et ils foncent et on a envie d’y croire avec eux. En cela on peut les rapprocher de Fauve ou plus récemment de groupes comme Terrier ou Terrenoire, pour l’écriture à cœur ouvert qui ne se cache pas derrière les métaphores et les images alambiquées. Cette approche et cette innocence assumée trouve quand même leurs limites dans un morceau comme "Flower Girl" qui musicalement est très bien : super son lead de clavier, groove de basse très bien fichu, refrain efficace, plein de petites trouvailles mélodiques, de travail de production mais on n’est pas sûr que dans cinq ans ou dix ans il puissent assumer encore cette chanson, selon l’humeur du jour on est pas sûr de l’assumer nous même. "Théorème" est une chanson sympa qui montre une facette plus posée du groupe, mais si on peut faire du romantisme avec des "trucs de science", pour nous le "théorème" fait "scolaire", n’excite pas spécialement l’imagination.
Dans le cas de Rallye, ce n’est pas le keupon qui est en vous qu’on vous demande de réveiller mais plutôt le hippie ou le poetic lover. Que vous en soyez capables ou pas, c’est à vous de voir mais au delà des textes, de l’adhésion à cet univers à l’optimisme et à l’enthousiasme assumé, il y a quatre bons musiciens qui écrivent de belles chansons, à commencer par "Easy Rider" qu’on pourrait s’écouter en boucle et qui nous fait l’effet d’un shoot de sérotonine et de dopamine à effet immédiat. Rallye réussit dès son premier EP à trouver une combinaison des sonorités rock et électroniques qui marche vraiment bien, là où bien d’autres se cassent les dents. Alors on vous attend sur la plage, on vous a gardé une place près du feu de camp (par contre pas touche à la fille avec les fleurs dans les cheveux hein)