pogoteurs

zack quitte rage against the machine... oui je sais, annoncé comme cela, on se croirait dans une sitcom ! pour finir leur contrat sous cette formation - que les fans se rassurent, ratm cherche un nouveau chanteur, peut être celui des cypress hill - ils sortent plus tôt que prévu ce dernier album, renegades. les ratm devaient sortir un live et y rajouter xxxx, l’ambiance en studio, avec l’excellent rick rubin aux manettes, a fait qu’ils ont enregistré un album entier. album entièrement constitué de reprises, renegades reste, quoi qu’il en soit, du ratm. c’est autant sa qualité que son défaut. le groupe évolue peu et, surtout, ils n’auront jamais pallié à leur principal défaut - accru sur scène - un flagrant manque d’humour et donc de respiration, de légèreté dans leur musique. ce qui est rageant, c’est que si je me défoule un peu sur leurs défauts trop souvent flagrants, ce renegades nous laissait entrevoir un semblant de nouveauté chez les rage against the machine. leur musique est toujours aussi énorme, toutes guitares dehors, enrobant la voix très particulière de zack et une rythmique pas toujours au mieux de sa forme. comme on vient de le dire, toutes les qualités de ratm sont aussi leur défaut, tout ce qui fait leur particularité fatigue aussi l’auditeur peu à peu. ce mélange de métal influencé de hip-hop tourne toujours un peu en rond. c’est vrai que rares sont les groupes de métal américains qui évitent ce défaut, en se prenant bien trop souvent au sérieux. mais c’est vrai aussi que l’on a quand même droit à quelques moments qui donnent envie de pousser l’ampli à fond et qui n’est pas sans démanger les anciens pogoteurs que nous sommes...

petites doses

la liste des artistes repris est aussi étonnante qu’impressionnante. choisis par les ratm pour leur esprit rebelle - à vous de voir, pour être ou avoir été des renégats, les 12 artistes de renegades constituent un bon début de discothèque idéale... un sans faute dans le choix de ses groupes et artistes souvent précurseurs et incontournables... on est évidemment plus que curieux d’entendre la reprise de "the ghost of tom joad", tirée de l’un des plus émouvants albums de bruce springteen et l’on s’amuse à l’écoute des classiques parmi les classiques comme "maggie’s farm" de dylan ou "street fighting man" des stones qui deviennent tout de suite du pur rage against the machine - exception faite du "beautiful world" de devo. car ratm est un rouleau compresseur qui broie tout sur son passage pour transformer rock, metal, punk, rap, hip-hop, folk song ou ballade en... du rage against the machine et on ne pourra que le répéter une énième fois c’est autant ce qui fait l’intérêt du groupe que sa limite. car si on reste soufflé par la reprise de "kick out the jams" des incontournables mc5 ou l’excellente re-lecture "renegade of force" de soulsonic force, l’un des groupes du mythique afrika bambaataa, on s’ennuie un peu sur plusieurs morceaux. peut- être faut-il écouter les ratm par petites doses, quelques morceaux de temps en temps, car quand on avale d’une seule traite leur album - leurs albums ! - on a toujours l’impression de tourner un peu en rond et on est vite gavé. et encore, pour être tout a fait honnête, la diversité des groupes repris et donc des genres font peut être de renegades l’album le plus diversifié et le plus riche des rage against the machine (preuve en est la très belle et émouvante balade de devo, où l’on découvre une facette inconnue de la voix de zack de la rocha...).

the boss

mais la machine semble un peu vide quand les rage reprennent le punk pur et dur de minor threat (premier groupe du leader des furieux fugazi), on a le droit à un sympathique "in my eyes", mais on peut se demander comme avec le "microphone fiend" de eric b et rakim ce qu’apportent les rage à ces morceaux... les cinq derniers morceaux sont sûrement les plus connus, mais pas les plus reconnaissables. c’est en écoutant l’incroyable reprise de "the ghost of tom joad" que l’on se dit que les morceaux les plus intéressants de renegades sont ceux qui sont le plus éloignés du son habituel des rage - comme celle de "street fighting man" des rolling stones plus intéressantes que celle du "maggie’s farm" de dylan, un peu plus facile comme celle des stooges, un peu trop évidente. evidemment, on a bien du mal à reconnaître le morceau de springsteen, comme les autres morceaux la plupart du temps, mais les rage ont leur manière à eux de rendre la violence et la cruauté des paroles et de l’histoire de cette magnifique chanson - tiré d’un album sublime - du boss... cette grande claque dans la gueule est peut être la plus belle reprise de cet album et de toutes façons un très bel hommage au génie de springsteen ! cet album est évidemment intéressant pour plus d’une raison. c’est non seulement le dernier - et peut être l’un des meilleurs - d’un groupe important, entier et engagé - qui pourraient trouver quelque chose à redire contre la justesse des engagements politiques des rage against, à part les éternels grincheux qui vous diront que les artistes n’ont pas à faire de politique gna,gna,gna... - mais pour le même prix vous avez un jeu sympathique : vous pourrez scotcher tous les prétentieux qui vous gonflent depuis des années avec leur soi-disant culture musicale...