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publié par Mickaël Adamadorassy le 05/06/08
Rage Against The Machine - POPB,  Paris - 04/06/2008
POPB, Paris

L’introduction qui était plus longue que le reste de l’article

"Ca t’intéresse une place dans la fosse pour Rage demain ?". Moi, toute la joie du monde, contenu dans un pudique "euh ouais !".

Flashback : c’était y a genre deux mois je crois, j’apprends que Rage Against The Machine s’apprête à faire Bercy, malgré la règle "Bercy c’est pourri" nourri de nombreuses déceptions (radiohead, les red hot, aerosmith... bin oui que des vieux groupes assez mainstream mais qui d’autres passe à Bercy ?, j’assume mes nombreuses séances de visionnage du clip de Crazy avec Liv Tyler et Alicia Silverstone, gentilles provocatrices qui jouent avec les nerfs et les hormones des nombreux males du clip)

Mise en vente des places le lendemain à 10h, forcément j’arrive à la bourre, à 10h10 je tente le site de la fnac et évidemment plus de places fosse. Alors comme faire RATM en gradin c’est à peu prêt aussi frustrant que voir Metallica unplugged (quitte à invoquer les grands anciens..), j’avais fait l’impasse, ignoré le marché noir, franchement rigolé quand ils ont annoncé leur date spéciale à rock en seine (bien fait pour tous les connards qui spéculent sur les places)

Alors pourquoi dire oui quand j’avais déja ma place dans le cadre beaucoup plus sympa de rock en seine ? bin RATM c’est un bout d’histoire, alors y avait surement l’idée que j’allais louper un concert potentiellement mythique. Et dans les faits.... Bin c’est l’objet de cet article nan ? commençons par le début alors...

alcoolo ouais mais pas écolo...

On peut dire ce qu’on veut sur Bercy, son son souvent pourri, l’effet peu bandant de se retrouver parqué dans cette espèce de bétaillère par millier, le côté facho de l’organisation, c’est fliqué de partout avec des mecs aussi rigides que le balai qu’ils ont dans le cul (c’est dur de comprendre qu’on vient en concert avec des potes, qu’on a payé plus cher une place gradin et qu’on peut descendre retrouver ces amis ?)

Mais donc quand on rentre dans la fosse, il y a quelque chose d’impressionnant, quand on lève la tête pour regarder les gradins, la foule qui s’y amasse, le bruit sourd du calme avant la tempête, une ambiance électrique alors que la fosse est encore à moitié vide, et ça se comprend vu le faible intérêt de la première partie , et l’incapacité du spectateur français moyen à entrer dans un concert sans s’être envoyé 2 ou 3 bières (le spectacle aux alentours est lamentable, des cadavres de bière voir de packs entier abandonnés n’importe où, j’ai rien contre la picole, mais à un moment faut penser à la personne qui va se taper le nettoyage..)

On va morfler

Et donc après quelques morceaux de cette première partie les lumières se rallument, la foule se compresse et on voit le visage des gens qui vont partager quelques instants plus tard notre douleur (ou à qui on va en infliger).

La moyenne d’âge est globalement plus élevé que d’habitude, il faut dire que l’heure de gloire de RATM c’était y a bien 7 ou 8 ans au moins (j’ose pas chercher en fait) Donc on a plus proche de la trentaine que d’habitude. Mais il y a aussi pas mal de jeunes qui ont découvert après mais qui connaissent aussi bien les paroles que leurs ainés. Bref c’est assez hétéroclite et l’ambiance reste bon enfant. On se motive pendant la longue attente (plus d’une heure, à cause de problèmes techniques vraisemblablement), en parlant en rigolant en moitié de ce qu’on va prendre, car c’est sûr et certain que dans la fosse ca allait être sauvage.

Premier morceau

Testify. les lumières s’éteignent, la scène est baignée de rouge avec en fond la fameuse étoile, symbole du groupe. Un petit roulement de batterie. la basse est branchée ? la guitare ? ouais. Zach présente le groupe. "We are rage against the machine..." putain on le sait, ca fait une heure qu’on vous attend.

Rectification moi ca fait 8 ans au moins...

Une petite seconde d’hésitation dans le public quand la musique commence et c’est direct le chaos. En un morceau, je suis passé du milieu de la fosse au 3ème rang avec une super vue sur la scène où le grouppe se chauffe gentiment : Tom Morello dégouline de classe sur son côté droit, le bassiste en fait moins mais il a une présence très physique avec ses muscles et ses tatouages à l’air libre. Zach de La Rocha est très mobile mais encore relativement calme, comme s’il cherchait ses repères.

Deuxième morceau

Bulls On Parade. J’ai trouvé le bon plan, accroché aux premiers rangs, avec le pogo juste derrière, monstrueux mais pas non plus très violent, certains pogos sont ouvertement à base de mecs qui veulent se mettre sur la tronche là c’est plutôt bon esprit, on se défoule sur la musique mais pas sur son voisin.

Et puis j’ai la mauvaise idée de vouloir me décaler vers Tom Morello, en continuant de m’agripper aux premiers rangs. Mauvaise idée, ce que je trouvais déja relativement agité sur la gauche de la scène devient carrément monstrueux au milieu, un maelstrom humain qui vous aspire, vous compresse, vous traine à gauche, à droite. Compacté dans un océan de chair, ca devient intenable, je vois le mec juste à côté qui n’essaie même plus de se tenir debout, la tête rejetée en arrière pour chercher un peu d’air frais, il a l’air au bord de l’évanouissement... ou de la révélation, parce qu’il a l’air de prendre ça bien.

Troisième morceau

people of the sun Là j’en suis à ranger mes lunettes pour éviter que les slammers me les arrachent (ils ont du bien rigoler en lisant l’affiche à l’entrée qui disait que c’est interdit et qu’ils seraient exclus de la salle) et je me dis que je dois sortir de là... sauf que tout le monde pousse vers l’avant mais que les premiers rangs sont tellement compacts qu’on peut pas non plus arriver aux barrières donc j’essaie l’approche latérale, pas de subtilités, faut bousculer forcer le passage et finalement la terre promise vue à travers le flou de ma myopie : une sorte de zone en forme de croix que la sécurité utilise pour évacuer les gens qui se sentent mal et distribuer de l’eau. Il y a des barrières donc forcément ca limite les mouvements et j’arrive donc dans une zone avec de l’air de l’eau, une bonne vue et la possibilité de l’apprécier sans lutter pour sa vie. C’est le vrai début du concert pour moi...

Et la suite

Bombtrack, Calm like a Bomb, Guerilla Radio, bullet in your head, Know your enemy (en vrac). Les tubes s’enchainent, Tom Morello est impérial sur sa guitare, en bon showman, il en rajoute juste ce qu’il faut (genre je joue une note en passant ma main par dessus, la suivante en passant par dessous, ca sert à rien mais visuellement ca donne l’impression que sa guitare fait partie de son corps, cinquième membre (sixième ?) parfaitement maitrisé). Zach de la Rocha occupe la scène très consciencieusement, par moments il se lâche, saute en entrainant avec lui toute la fosse,.

mais...

Après une dizaine de morceaux, on se dit qu’il manque quelque chose malgré cette set list tubesque, même si on adhère à tous les morceaux, que le son est super bon malgré Bercy. Sorti de la folie de la fosse, on a un peu de mal à trouver la folie sur scène, à avoir l’impression d’assister à un concert mythique. Le groupe assure à mort, j’ai juste trouvé le batteur parfois limite, mais bon être un peu hasardeux sur un break ou jouer plus qu’au fond du temps 3 fois sur un concert c’est pas la mort.

Mais du coup y a rien qui dépasse. Surtout qu’à part deux phrases au début, il n’y a pas vraiment de communication avec le public et même quand Zach fait chanter celui-ci, ca semble très convenu, genre le moment du concert ou le public doit chanter et pof après on reprend notre show. Rien à voir avec ce concert de Noir Désir par exemple, "comme elle vient se voit rajouter 5 bonnes minutes" où le public beugle en boucle le refrain.

Heureusement sur un Bombtrack ou sur le Killing In the Name, il y a un déchainement d’enthousiasme tel, qu’au fond ce qui se passe sur la scène n’est plus si important, on le construit nous même notre mythe...

Désengagé

Quand on voit que le groupe n’aura pas le moindre commentaire politique, qu’il a a cédé aux règles fachos de Bercy (malgré la pression de centaines de gens qui veulent descendre dans la fosse, les vigiles ne cèderont pas, ce qui fait que ces personnes ont essayé de descendre ailleurs en gênant les autres, en risquant de se blesser, ne parlons pas aussi du nombre de ces vigiles et de l’impression de flicage permanent), cédé au merchandising hors de prix.

RATM c’était une inventivité musicale mais depuis c’est devenu presque un classique, ce qui les transcendait c’est le message politique, la vraie rage de Zach de la Rocha, la colère insconciente qui pousse à dire de s’attaquer au système, en commençant par virer ses connards qui nous empêchent d’assister comme on veut au concert.

Rien de tout ça ce soir, juste un groupe qui joue bien venu faire un concert. Pas si mal me direz-vous, c’est juste que le mythe en prend un coup, forcément.

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publié par le 05/06/08
Derniers commentaires
vinciane - le 06/06/08 à 07:59
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pouahhh, j’adore tes live reports micky !!

Benjamin F - le 06/06/08 à 16:31
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Le concert était top, le public aussi débile que d’habitude, et le son vraiment pas toujours à la hauteur. Pour ce qui est de l’organisation de Bercy, c’est clair qu’ils savent vraiment pas y mettre les formes. Maintenant le truc d’interdire les gens d’aller dans la fosse, c’est juste qu’ils n’ont pas le droit de vendre plus de places pour la fosse que la capacité maximale d’acceuil de celle-ci, et que dans les grandes salles, ne pas surcharger la fosse est devenue une consigne de sécurité de base... avec risque d’amende important en cas de contrôle...

Benjamin
http://www.playlistsociety.fr/2008/...

Informations

Date : 04/06/2008

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