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publié par Mickaël Adamadorassy le 16/04/19
Radio Elvis - Le Trianon, Paris - 04/04/2019

Alors qu’Alma Forrer, après une belle première partie en formule duo, laisse la place à Radio Elvis, on observe l’installation scénique du groupe. La batterie surélevée sur une plate-forme mais pas placée au fond de la scène, plutôt au milieu avec de chaque côté les amplis qui arborent des grilles de la même teinte que le drap qui habille le praticable du backline. Derrière des lettres géantes, "R / E", où on retrouve les mêmes couleurs, blanc et or, qui sont aussi celles de la Grestch de Pierre Guénard (chant et guitare). C’est sobre et plutôt classieux et on sent tout de suite qu’il y a un cap est passé avec ce soin accordé à la mise en scène, qui aurait été compliquée dans les petits salles des débuts. Autour de nous, dans un Trianon bien rempli, c’est un public assez hétéroclite en termes d’âges, ça commence à 16-18 ans,pas les plus nombreux, pas mal de trentenaires au milieu et certainement plus de soixante ans pour la dame qui nous distribuera des fleurs à lancer sur la scène pour "23 minutes".

Et puis les lumières s’éteignent et on comprend vite pourquoi le groupe (qu’on n’avait pas réussi à voir avant en concert) réussit à fédérer un public aussi large : si sur disque on apprécie l’élégance de l’écriture, la variété des arrangements et des atmosphères, cela ne préparait en rien à se prendre dans la figure toute la fougue et toute la classe de Radio Elvis en live. Pierre Guénard, très élégant avec un pantalon qui fait penser aux tenues de toréador, comme dans le clip de "Ses garçons-là", sa veste cintrée (qu’il enlèvera vite pour finir en t-shirt blanc) en plus d’être un bon parolier et un bon chanteur, est aussi un excellent frontman qui sait jouer des poses, avec ou sans sa guitare, venir au plus près du public, arpenter la scène, communier avec les premiers rangs comme les derniers balcons, il ira même prendre un petit bain de foule dans la fosse.

A côté, Manu Ralambo, que ce soit sur sa Jazzmaster ou sur une Gibson Explorer, est un rythmicien impeccable qui sait aussi bien faire les sons tranchants bien rock que les choses plus atmosphériques ou les mélodies entêtantes. Quand lui et Pierre sont tous les deux à la guitare, quand on quitte les refrains et les couplets pour rentrer dans une plage instrumentale, la musique prend une couleur très rock, un côté presque sauvage, quand les deux Fender mordent de concert. Et quand Manu empoigne la basse, c’est avec un son bien massif qui fait plaisir à entendre, quelque chose de bien lourd dans le mix, sans que ce soit jamais "trop".

En fait au bout de deux morceaux, on retire les bouchons qu’on porte quasiment à tous les concerts tellement le son est bon, dans les tous premiers rangs en plus (en général on recommande plutôt de se placer vers le milieu ou au niveau de la console pour avoir le meilleur son). Et cela n’est possible que grâce à un bon ingé son mais aussi à un très bon batteur, Colin Russeil , capable d’insuffler de l’énergie à son jeu sans taper le plus fort possible, qui nous impressionnera sur les parties instrumentales qui parsèment un set bien sûr beaucoup consacré au dernier album. Un set vécu quasiment d’une traite, sans que l’intensité ne retombe jamais, sans qu’il y ait une chanson qui se transpose un peu moins bien en live (un quatrième larron, Martin Lefebvre, s’occupe des claviers, très bonne idée qui limite le "multi-tâche" dans le groupe).

C’est un sans-faute pour Radio Elvis et c’est donc assez logique que pendant le rappel, au cours de "23 minutes", le public leur jette littéralement des fleurs, en quantité, jusqu’à recouvrir presque toute la scène. (On a une pensée pour la personne qui viendra balayer à la fin du show). Et c’est mérité. Parce qu’ils nous ont offert un super moment de musique ce soir, parce qu’ils se donnent à 200%, parce qu’ils font tout ça les yeux dans les yeux avec leur public.

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