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publié par Renaud de Foville le 02/04/02
programme
- l'enfer tiède
l'enfer tiède

anton

la douleur on s’y habitue... beaucoup plus que certaines images, que certaines sensations. ca je ne peux toujours pas m’y faire. pilule ou pas pilule. tu te souviens de ce que l’on a vu un matin, cette charogne infâme, au détour d’un chemin, sur son lit semé de cailloux. elle avait les jambes en l’air, comme une femme lubrique, son ventre plein s’ouvrait d’une façon nonchalante... cynique. le soleil rayonnait sur cette pourriture, comme pour la cuire. et nous étions là, tous les deux, comme fascinés.

vince

la puanteur de cette fleur que je voyais s’épanouir était si forte que j’ai failli m’évanouir. oui, je m’en souviens. les mouches bourdonnaient autour de son ventre putride d’ou sortaient des bataillons de larves qui coulaient comme un liquide épais. je les voyais descendre et monter comme une vague... je voyais le corps enfler, se mettre à vivre en se multipliant devant moi...

anton

il y avait une chienne derrière un rocher qui nous épiait, attendant de reprendre le morceau qu’elle avait lâché... et tu m’as dit... un jour nous serons semblable à cette ordure, à cette infection, nous autres, après les derniers sacrements, nous irons sous l’herbe moisir parmi les ossements, et la vermine nous mangera de baisers...

vince

tu te souviens de chaque mot, de toutes les conneries que j’ai pu dire ?

anton

j’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans... mon cerveau contient plus de morts que la fosse commune ! plusieurs jours après cette rencontre je sentais encore cette odeur de fumée blanche flottant dans l’air immobile. quand je me retrouvais seul, dans un silence absolu j’entendais le clapotement des cloques de chairs cramées, comme ceux que l’on entend lorsque les crétins s’appliquent mutuellement des électrodes le long de la colonne vertébrale. je voyais dans mes rêves des enfants ligotant un des leurs à un poteau, avec du fil de fer barbelé, puis ils allument un feu de bois entre ses jambes et l’observent avec une curiosité bestiale... je ne sais plus ce que l’on avait pris, mais je n’arrivais pas à me débarrasser de toutes ces images ; c’était dingue !

in « la charogne » d’après baudelaire & william burroughs.

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publié par le 02/04/02
Informations

Sortie : 2002
Label : lithium/virgin

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