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publié par romain le 24/04/04
programme - avant le bogue

ah programme, toute une histoire. qui touche à sa fin. il faut se faire à l’idée, aucun programme n’est infaillible... mais ce qui est fait n’est plus à faire. grâce à deux albums au délicieux goût de verre pilé, et à des concerts à réveiller la boue (debout la boue !), le duo toulousain a posé quelques grosses pierres dans le jardin méticuleusement entretenu de la chanson française, sur lesquelles les plus courageux pourront construire. les autres sont déjà morts. toujours est-il que l’aventure de programme s’arrête (au moins temporairement) en ce printemps 2004 avec la sortie de cet opus " bogue ", œuvre narrative et mentale - diffusée sur france q en janvier 2003 - qui fait office de claque(ment de porte) final, et qui démontre à quel point l’un et l’autre avait maîtrisé leurs territoires respectifs : le texte pour arnaud, ciselé, paranoïaque, tranchant, le son pour damien, moite, inventif, libre, les idées musicales pour tous les deux : tension, rejet, affrontement. on pourrait même argumenter que ce travail est le plus abouti de leur projet binôme, mais ce ne serait que perte de temps, conjectures et subjectivité, alors qu’avant tout sa première qualité est d’avoir un titre que mon fils de 2 ans et demi peut répéter à longueur de journée. bogue. un dimanche de pâques pluvieux, l’étage désert et cossu d’un bar branché de toulouse, " arnaud michniak de programme " et une préparation sommaire servira de toile de fond à cette interview.

romain : bogue, comment ça s’est passé au départ ?

arnaud : c’est une fille qui travaille à l’atelier de création radiophonique de france culture, céline geoffroy, qui aimait bien ce qu’on faisait...

romain : donc c’est eux qui vous ont contacté ?

arnaud : ils nous contacté fin 2001 pour qu’on fasse une fiction... y’avait pas plus de précisions.

romain : et aucune contrainte ?

arnaud : aucune. c’est ça qui était bien d’ailleurs. une fiction de 20-25 minutes et on faisait ce qu’on voulait.

romain : donc vous leur avez rendu un produit fini...

arnaud : ce qu’on sort là. on a rendu ce que t’as écouté. la valse des monstres

romain : et ça a été diffusé tel quel...

arnaud : oui oui. c’était pas mal... (rires)

romain : vous avez eu des délais à respecter quand même ?

arnaud : oui mais ça a traîné parce que nous à l’époque on finissait l’enfer tiède et on commençait les concerts donc on n’avait pas trop le temps. mais après, une fois qu’on s’y est mis, on a mis deux mois pour le faire. un mois et demi.

romain : et ils vous ont contacté sur la foi du premier album ?

arnaud : oui.

romain : c’est courageux quand même...

arnaud : oui.

romain : et ils étaient contents ?

arnaud : oui. très contents. surtout que c’est rare qu’ils demandent ça à un groupe rock. mais on a atterri à l’atelier de création alors qu’au début c’était prévu pour une autre émission dont le nom m’échappe. une émission qui faisait venir des écrivains... la plupart du temps c’était des lectures de texte bêtes et méchantes. pour nous c’était cool parce qu’on n’avait pas la pression. on ne savait pas si ça allait sortir sur disque et le principe c’est qu’il y a une seule diffusion à la radio. donc du coup on s’est sentis assez libres. et on l’a fait... assez facilement en fait, contrairement aux albums où on avait pas mal trimé.

romain : c’est peut-être aussi le format court et le côté unique qui vous a permis cette liberté d’esprit...

arnaud : mais je crois que ça n’aurait pas été un problème de continuer et de faire 35 minutes, la durée d’un disque. aussi on n’a pas travaillé pareil pour celui-là. en général on faisait tout ensemble du début à la fin alors que là, je travaillais mes idées de mon côté et damien faisait ses sons, et on s’est retrouvé en amenant chacun ses trucs, on les a mis ensemble et voilà.

romain : mais donc c’est à cette occasion que vous avez commencé à travailler chacun de votre côté... ?

arnaud : non mais on l’avait toujours fait plus ou moins quand même. mais pour ce projet-là on est partis sur des petites plages de 1 ou 2 minutes. on s’est dit qu’on voulait un truc épuré. on trouve le bon son et, à la limite, on n’en met pas d’autre autour. une optique vraiment minimale. et pareil pour les mots. donc c’était pas vraiment la peine qu’on soit tout le temps ensemble en train de travailler des articulations ou une évolution. on savait qu’on fonctionnerait comme ça, par cuts. que ça couperait toutes les 1’30, qu’on passerait à une autre ambiance. et ça nous a facilité les choses.

romain : c’est toi qui écrit les textes, mais tout le travail sur l’arrangement des voix c’est aussi toi qui le fait ?

arnaud : oui, c’est moi. les sons c’est damien, mais les idées musicales c’est tous les deux... mais c’est difficile de dire " qui ", parce qu’on discute tout le temps donc les idées se mélangent. déjà sur l’enfer tiède on voulait aller plus loin que ça au niveau des textes. au moment où on était en train de faire le disque et qu’on n’arrivait pas à le faire justement, j’avais envie de faire 3 textes à la fois, une phrase qui déclenche un texte, qui se déroule en entier, le premier texte qui l’avait déclenché continue, et déclenche encore un autre truc etc. on retrouve un peu cette idée dans le premier morceau de l’enfer tiède mais on a un peu abandonné...

romain : pourtant on aurait pu penser que c’est damien, avec sa formation plus " musique savante " qui aurait pu suggérer d’utiliser la voix comme ça.

arnaud : en fait, on l’a trouvé un peu par hasard au moment du premier album. on montait sur ordinateur et, bêtement, on s’est dit qu’on allait monter les voix comme on le faisait avec les sons et on a bien aimé l’effet. je crois que ça correspondait à quelque chose qu’on avait en tête depuis un moment, et il se trouve qu’on est tombé dessus et tout de suite on s’est dit " on va le garder et on va le travailler ". et puis dès qu’il y a plusieurs voix t’es dans l’univers mental aussi, donc ça correspond à l’effet souhaité.

romain : le petit jeu sur crier/ecrit, c’est toi qui l’as trouvé ?

arnaud : non c’est damien. c’est dément non ? c’est lui qui a trouvé ce principe de boucle qui se décale, la phrase change en fait.

romain : en quoi votre travail sur bogue était-il différent de celui effectué pour la biennale de lyon [également édité par lithium à 500 exemplaires sous le nom " génération finale "] ?

arnaud : ca n’avait rien à voir. c’était vraiment systématique et minimal. on avait une installation : un cercueil en métal rempli de terre, posé sur une table recouverte du drapeau européen. dedans il y avait un crâne en verre éclairé de l’intérieur, un gros sexe en érection et des lames de rasoir plantés dans la terre. derrière il y avait cette musique, une boucle, une ondulation, proche de l’accordéon, avec dessus des bouts de voix mais qui n’arrivaient jamais à dire quelque chose. les textes étaient tirés de " cette page d’histoire " et d’autres choses jamais sorties nulle part.

romain : bogue est moins agressif que les albums parce qu’il n’y a pas la même volonté d’établir un discours frontalement politique...

arnaud : oui il est plus sur des mécanismes personnels...

romain : même si à la limite je le trouve plus proche du premier album dans l’ouverture et la place qu’il laisse à chacun d’interpréter ... malgré la place très importante du " je ", paradoxalement.

arnaud : oui c’est vrai, l’enfer tiède est un peu autoritaire, presque crispé.

romain : des morceaux comme "entre deux feux" ou "une vie"...

arnaud : "une" vie c’est le comble de la crispation. mais bon faut voir à l’époque aussi. déjà c’est dur de faire un deuxième disque.

romain : surtout après ce premier album qui a l’air d’être à la fois un cri primal et un point final, un constat d’échec.

arnaud : mais pourtant je trouve qu’on a réussi... moi j’aime autant les deux. j’ai même une préférence pour l’enfer tiède. mais ce qui est bien c’est qu’on s’est dit " on fait un truc différent " et c’est ce qui a permis à programme de continuer et de garder une identité. parce qu’on a vraiment essayé de changer. on aurait pu rester sur ce ton du premier album, c’était pas un problème, d’ailleurs les premières maquettes étaient plutôt dans la continuité du premier. litihum nous a pas mal poussés dans nos derniers retranchements aussi.

romain : et pourtant vous parliez à l’époque de vouloir faire quelque chose de tout à fait différent...

arnaud : oui mais c’est impossible en fait, on se leurrait je crois. on aurait pu s’arrêter là aussi. y’a plein de gens qui m’ont dit " putain vous auriez du vous arrêter là " ou alors " pourquoi tu t’es pas suicidé après ? ", des gens qui n’ont pas compris que le " allez tous vous faire branler " s’adressait aussi à eux. mais y’a une utilité. les deux ensemble constituent un binôme, mon cerveau... c’est un peu un document privé, et l’enfer tiède c’est un peu un document public, par rapport à ce qu’il se passait à l’époque. un morceau comme "il y a", on l’a écrit avant le 11 septembre, c’est-à-dire qu’il y avait dans la société et dans les gens autour de nous et dans notre vie, un truc qui montait... on sentait qu’il allait se passer des choses énormes. moi j’avais des images de villes détruites... j’avais commencé un morceau, bien avant "et la ville disparaît", où il y avait une ville bombardée mais pas une ville abstraite, c’était toulouse bombardée, pas bagdad, avec les scènes de panique etc. je suis pas médium, mais ça devait commencer à se faire sentir... le disque est sorti en avril 2002 et je crois qu’il n’y avait à ce moment là pas beaucoup de disques, de livres ou de films qui parlaient aussi directement de ce qui se passait dans la société, dans la tête des gens. y’avait aussi l’idée de faire un truc sur une génération... mais c’est peut-être pas assez défini je trouve... parce qu’on reste un peu dans les lieux communs, c’est une génération apolitique, paumée, qui n’a pas vraiment travaillé.

romain : personnellement c’est ce qui m’a un peu gêné dans le second album, c’est que tu t’adressais un peu à un public conquis alors que dans le premier tu t’en foutais

arnaud : oui c’était plus une lettre ouverte...

romain : a la limite tu te parlais à toi-même et écoute qui veux...

arnaud : oui oui (rires)

romain : alors que certains morceaux du second laissaient penser que tu savais à qui tu parlais et que tu savais qu’on allait te comprendre...

arnaud : oui c’est vrai. mais je me souviens à l’époque ça me tracassait, j’y pensais du matin au soir, j’avais vraiment envie d’écrire sur les gens qui pouvaient me ressembler, qui étaient dans la même situation que moi, qui avaient le même parcours.

romain : et pourquoi est-ce que tu préfères l’enfer tiède à mon cerveau... ?

arnaud : non mais j’aime les deux, mais pour des raisons différentes. on a dit pour mon cerveau... que c’était un ovni, mais pour moi l’enfer tiède l’est beaucoup plus. un album qui commence par "il y a" et qui finit par "et une ville disparaît", c’est vraiment un ovni.

romain : c’est d’un point de vue musical alors que tu te places.

arnaud : oui, musicalement. dans mon cerveau... on était encore dans une sorte de musique composite, un peu de rock, un peu de rap, l’apport des ordinateurs, alors que dans l’enfer tiède on a réussi à presque trouver une troisième voie. c’est damien qui voulait vraiment ça.

romain : on sentait plus d’urgence dans le premier, autant dans les textes que dans la musique, plus crade, plus punk...

arnaud : sauf qu’à l’époque ça ne se faisait pas encore de mal monter les samples exprès, que ça fasse mal fait, presque...

romain : et les " clicks " qui sortent de nulle part dans l’enfer tiède, ils sont voulus ou accidentels ?

arnaud : non non ils sont voulus. ce qu’il y a de bien avec programme c’est qu’on est tellement monomaniaque que tout ce qu’il y a sur le disque, c’est voulu.

romain : alors que dans le premier on peut avoir l’impression du contraire, que certaines fois vous n’avez fait qu’une prise et fini.

arnaud : oui y’a du vrai... je deviens systématique... c’est vrai que dans le premier y’a des trucs comme ça...

romain : pour et la ville disparaît, tu as fait la prise en une seule fois ?

arnaud : oui.

romain : on te voit sur ce morceau, on te sent, on t’entend presque respirer.

arnaud : oui c’est brut, c’est presque documentaire, t’as l’impression que le mec il est à côté de toi

romain : pour revenir à bogue, c’est vous qui avez voulu le sortir ?

arnaud : oui. ici d’ailleurs ne le fait pas pour gagner de l’argent. ils ne le font pas uniquement pour nous faire plaisir parce le disque leur plait, mais ça va être dur de gagner des sous... lithium a arrêté juste avant qu’on le sorte, pas de leur propre chef évidemment ; ils ont rencontré les problèmes propres à tous les gens qui essaient de faire autre chose que du bénéfice. donc on s’est retrouvé avec bogue, que les gens autour de nous aimaient bien, nous on en était contents aussi donc on voulait le sortir. pour nous il faisait vraiment partie de la discographie. on a fait quelques envois mais le résultat n’a pas été reluisant, bien sûr. mais on a eu une rencontre heureuse avec ici d’ailleurs, et parallèlement on a monté notre structure le brouillon, et entre les deux... ben ça se fait.

romain : mais radio france n’a pas une structure édition/distribution qui aurait pu s’en occuper, puisqu’ils étaient contents du résultat ?

arnaud : on nous a dit ça au moment où on faisait les démarches, et puis finalement on nous a dit que non, c’était fini. quant au brouillon, comment et pourquoi avez-vous monté cette structure ? c’est très récent, ça date d’il y a trois mois. on est trois : julie, pierre (un ami qui travaille avec nonstop d’ailleurs), et moi. dans un premier temps, le but était de sortir bogue, et ensuite, lithium s’étant arrêté et vue l’ambiance générale dans la culture, c’était une façon de créer une alternative entre les grands groupes et les institutions où il faut aller quémander pour faire quelque chose ; moi j’y pensais depuis quelque temps de monter un truc, parce que quitte à faire des tirages limités autant que ce soit à but non-lucratif avéré, histoire de pouvoir proposer des choses très différentes. ca vient aussi d’une envie particulière sur le brouillon de faire des projets collectifs.

romain : comme le peuple sans visage ?

arnaud : ca c’est en train de se mettre en place. ce serait un journal collectif... là on s’éloigne de la musique. ce serait plus proche du documentaire audio ou de l’émission de radio, basé sur la parole essentiellement, avec très peu de musique. ce serait un mélange de rencontres, de choses prises sur le vif et de choses plus écrites, que je demanderais à des personnes de lire, un peu comme sur bogue, qui faisait donc vraiment office de transition. et ce serait à caractère " social " - même si c’est un mot qui ne veut pas dire grand’chose - une critique sur la façon dont laquelle la société est organisée. donc un journal qui essaierait d’être poétique, malgré cette matière brute et très fragmentée, j’essaie de trouver des façons de passer d’une facette à l’autre.

romain : c’est toi qui va t’en occuper du début à la fin ?

arnaud : pour l’instant oui, mais ça pourrait devenir collectif aussi. on va voir si sur le site on ne va pas inviter les gens à faire des prises de son et à nous les envoyer, par exemple. mais faut faire attention je change d’avis tous les matins et s’il faut dans quelques temps ça va devenir encore autre chose.

romain : mais pour ce qui est du montage, de la forme que ça prendrait, c’est ton projet ?

arnaud : oui. c’est transitoire pour moi aussi, parce que je m’éloigne de la musique en ce moment, du moins je n’ai pas de projet musical actuellement ( à part un éventuel projet à deux avec nonstop et un autre projet avec djrupture pour un ep assez barré). avec programme, on n’a pas de projet qui arrive, personnellement j’ai pas envie d’enchaîner sur un autre projet musical, et puis je m’intéresse à l’audiovisuel de plus en plus. donc ce journal ça me permettrait de faire la transition entre une écriture poétique/chanson avec une autre forme d’écriture qui pourrait déboucher sur un projet audiovisuel. je commence vraiment à y penser et à écrire.

romain : donc tu vas faire de l’image aussi ?

arnaud : oui.

romain : et le brouillon pourrait aussi héberger ça ?

arnaud : oui.

romain : et pour ce qui est des projets collectifs musicaux, il y a déjà des choses lancées ?

arnaud : oui, il y a par exemple un copain à moi (le projet n’est pas assez avancé pour citer précisément) qui a écrit un petit bouquin, pour lequel on va essayer de faire des illustrations musicales, illustrer l’atmosphère du livre, et qu’on sortirait sous forme de livre-disque. et d’autres choses aussi, on lance des idées... supposons un projet audiovisuel, on lancerait des axes avec le même principe de demander à des gens qu’on ne connaît pas, par le site, de nous envoyer des choses. comme vidéo-gag, mais en fait non.

romain : c’est ambitieux quand même...

arnaud : ca vient un peu de l’idée que la parole est pas mal confisquée, et c’est pour ça qu’on veut...

romain : oui mais enfin internet, c’est pas forcément le moyen ultime de contacter les gens à qui on a confisqué la parole...

arnaud : ah oui c’est clair, on va avoir accès aux gens qui nous suivent déjà un peu. mais dans l’exemple du journal audio, moi je vais vers des gens qui ne sont pas du tout dans ce milieu, et on pourrait inviter les gens " de notre milieu " à rentrer dans cette optique-là, d’aller filmer ou de prendre du son, pas de dire " moi je pense ceci ou cela de la société... ". mais bon c’est en gestation, on l’a pas mis vraiment en place. a part le journal audio que j’ai commencé ; c’est le premier projet et je pense qu’il va aboutir.

romain : et tu voudrais en faire quoi, le diffuser comment ?

arnaud : je pense que ce serait pas mal que ce soit diffusée par une radio parce que c’est vraiment un format radio, et puis après une version cd avec un tirage ultra-limité, 500 exemplaires vendus par correspondance. le brouillon va servir à ça aussi. là on passe par la grande distribution avec ici d’ailleurs parce que c’est programme et qu’il y a une petite notoriété, mais après les autres projets qu’on a en tête, franchement ça ne va pas trouver... même programme, on a l’impression que c’est connu mais pour bogue on n’a pas eu beaucoup de réponses positives à part ici d’ailleurs. y’a eu clapping music aussi, le label de encre, mais c’est tout, quasiment. discograph dont l’un des boss se targuait d’adorer programme (sans doute dans des discussions de salon) n’a même pas pris la peine de nous répondre.

romain : vous avez essayé à l’étranger ?

arnaud : non. mais c’est vrai qu’on aurait pu essayer. on avait tellement tendance à croire que le texte est important qu’on s’est dit que si les mecs captent pas le texte, ça ne va pas les intéresser. on avait un contact avec fat cat [sigur ros, mùm, black dice, mais aussi sylvain chauveau] parce qu’on avait sorti un single chez eux mais ils avaient vraiment beaucoup de boulot, et on n’avait pas envie d’être noyés dans la masse.

romain : tu as travaillé sur une autre projet musical, nonstop, avec un titre d’album qui circule road-movie en béquilles. qu’est-ce que c’est exactement et quel a été ton rôle ?

arnaud : c’est fredo, un toulousain. il y a aussi pierre schmidt qui programme et qui fait les arrangements. mais en gros c’est un gars tout seul puisqu’il trouve les samples et qu’il écrit les textes, donc toutes les bases de la musique nonstop, c’est lui. c’est dans la lignée de programme mais c’est relativement différent. j’espère que les gens vont bien l’entendre et pas trop associer les deux. et l’album s’appellera bien road-movie en béquilles.

romain : ca a l’air à la fois plus humoristique et plus hip-hop aussi que programme...

arnaud : oui c’est plus assumé, c’est plus sa culture. et c’est plus rentre-dedans au niveau du son, y’a de l’humour mais vraiment délirant, par moment c’est entre michaux et coluche. et moi j’ai été directeur artistique en fait. il avait des premières maquettes qu’on avait envoyé à lithium ; ils étaient chauds mais n’avaient pas vraiment envie de s’impliquer et comme moi j’étais au milieu, peut-être que ça les arrangeait que j’organise le suivi. donc j’ai fait un peu le travail de directeur artistique, comme si c’est moi qui allais sortir le disque et que je donnais des conseils pour que le disque soit le mieux possible. des conseils sur les textes, les musiques, le choix des morceaux.

romain : tu n’as donc pas fait de production dessus...

arnaud : si. après on a enregistré et mixé ; ça je l’ai fait avec den’s, l’ancien batteur de diabologum, qui fait pas mal de sons maintenant. pour les arrangements on s’y est un peu tous mis, et il y a un morceau où je fais un featuring à la voix qui pourrait donner naissance à un projet avec nous deux aux voix... voilà sinon on est en pourparlers avec ici d’ailleurs pour le sortir. ca fait deux ans qu’on travaille dessus depuis les premières maquettes. et fredo ça fait encore plus longtemps... mais maintenant c’est prêt, il manque le mastering et la pochette. c’est en bonne voie.

romain : et ça devrait se vendre plus facilement que programme...

arnaud : mais ça aussi on l’avait envoyé dans des grosses maisons de disque, pensant justement que, tout en ayant un côté " bizarre ", ça pourrait mordre un peu sur le territoire hip-hop, et on n’a eu aucune réponse.

romain : bon et sinon programme, vous en êtes où ?

arnaud : y’a pas de projet immédiat. on n’arrête pas mais y’a pas de projet. c’est " pause indéfinie ".

romain : où en est damien ?

arnaud : il retape une maison et sa copine attend un gamin. donc je crois qu’il n’a pas le temps en ce moment de faire du son.

romain : et est-ce qu’au moment de choisir le titre bogue, vous saviez que vous alliez faire une parenthèse dans votre collaboration en tant que programme ?

arnaud : oui. ca vient de là. y’avait ce jeu avec le nom du groupe et aussi le fait qu’il n’y avait que ce mot-là pour exprimer ce que je voulais dire dans le texte.

romain : finalement, après avoir exprimé à l’époque du premier album une certaine réticence à faire des concerts dans un futur proche (vous parliez d’attendre d’avoir 3 ou 4 albums derrière vous), comment avez-vous vécu votre expérience sur scène (1 an de tournée entre décembre 2001 et décembre 2002) ? comme une contrainte ou comme un plaisir ?

arnaud : un peu les deux. ca n’a pas été évident à monter quand même, à vivre aussi. on l’a bossé pas mal... les lumières ont été construites exprès... enfin tout le monde s’y est mis pour que ce soit possible. il fallait vraiment proposer quelque chose de différent. pour nous c’était un projet, comme un disque, de monter sur scène, donc on l’a fait et maintenant on arrête. si on remontait sur scène on ferait autre chose. c’était bien cette tournée, mais c’était assez éprouvant des fois, de faire ça sur scène, de balancer tout ça...

merci à arnaud, of course, et puis à la demoiselle de la maison qui a accepté de nous ouvrir l’étage rien que pour nous (et que j’ai oublié de remercier en partant) alors qu’elle ne connaissait ni programme, ni diabologum, ni arnaud (heureusement, vu qu’il était triquard dans ce bar depuis l’année dernière).

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publié par le 24/04/04