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publié par Renaud de Foville le 10/11/05
Porcelain
- Me And My Famous Lover
Me And My Famous Lover

Juste trois manières différentes de parler du dernier album de Porcelain. A lire dans l’ordre que vous voulez. Ou encore mieux, ne perdez pas de temps à lire cette chronique mais courrez acheter Me And My Famous Lover.

1

Ce n’est pas parce que je suis connu que l’on peut me baiser. Pas sûr du tout que cela soit le point de départ du second et tout dernier album des normands de Porcelain. En fait je ne pense pas que Me and my famous lover soit une réponse aux pitoyables Guetta. Nous sommes très loin de tout cela. Ici pas de paillette, pas de poudre aux yeux, pas de glam, pas de pose. Quand Porcelain fréquente les étoiles ce ne sont pas celles qui se trémoussent sur les plateaux Tv, mais celles qui composent la voie lactée. En écrivant ces quelques mots je repense à une exposition sur les femmes dans l’art africain, l’art Zaïrois plus particulièrement. Il y avait au milieu de cette magnifique collection ce que j’avais pris pour un petit tabouret, un siège. Il s’agissait en fait d’un reposoir, pour y mette sa tête et il s’agissait d’un objet sacré, d’un objet rituel car c’était un lien entre le sol et le ciel, entre le concret et les esprits... Pourquoi raconter tout cela... Déjà pour avoir une chronique d’une longueur conséquente car ça fait toujours sérieux mais surtout par ce que Porcelain et son Me And My Famous Lover me font penser à ce reposoir. Porcelain c’est un lien entre la terre, le lourd, la violence des émotions brutes avec Fifteen minutes glory et surtout la rafale sonique Good Morning Rock Star, un morceau totalement apocalyptique que l’on a hâte de découvrir sur scène et le ciel, l’air, l’éther. Les nappes, la voix céleste de François Barriet et les émotions de My shame ou encore l’émouvant Me And My Famous Lover. Au passage le tout est réunit dans le schizophrénique Erase Me qui clôture l’album en beauté... vous commencez dans la cave d’un groupe de punk en répète pour finir dans les plus hautes sphères de la galaxie, les yeux fermés, flottant dans un espace sans fin...

2

C’est peu dire que l’on attendait sur notre vieux rafiot la suite de I’ve Got A Really Important Thing To Do Right Now But I Can’t Do It Cause I’m Asleep l’un des meilleurs albums de l’année 2002 pour plusieurs cargonautes. Rien que ça. Quand on a parlé de notre compile, Escale#1, à Drunk Dog et qu’ils nous ont proposé de choisir un morceau du futur album des Porcelain on était vraiment ravi. Mais quand Xavier nous a envoyé deux morceaux pour choisir, on ne savait même plus quoi dire à part quelques échanges de haute volée sur Msn du genre : franchement de la balle le Porcelain... Ha oui carrément énorme... Moi je suis sur le cul, vivement l’album...

Du grand art quoi ! Maintenant que l’on a l’album, il ne se passe pas une journée sans retrouver le CD dans le discman ou le lecteur du salon... Sans se perdre dans Me and my famous lover, ou se rêver sur une scène grandiose devant un public en folie sur Good Morning. Et l’on s’aperçoit assez vite que ce que l’on a dire ne dépasse pas beaucoup les premiers commentaires et que l’on surtout envie de partager, de faire écouter... Pas la peine d’essayer de convaincre ou de décrire... Posez le Cd dans la platine, montez le son.... encore... encore un peu... allez voilà, très bien. Même ceux qui trouvaient le premier album un peu trop « atmosphérique » seront convaincus, emportés... Expérience faite sur un Oslo Telescopic et essai transformé : C’est pour vous dire.

Alors cliquez sur le petit lien qui vous emmène sur le site de drunk dog ou vous trouverez l’album en écoute (et en vente) ou encore mieux descendez l’acheter immédiatement et surtout profitez des rares occasions de voir Porcelain sur scène.

3

Difficile de se dérouiller. L’écriture est comme un muscle. Il faut l’entretenir. Sinon, déception. Quand vient l’un des albums de l’année et que l’on veut essayer de partager ce que l’on ressent toujours au bout de dizaines et dizaines d’écoutes, on se retrouve à écrire pour la première fois depuis des semaines et tout ce que l’on dit est en deçà de ce que l’on a sous la peau depuis quelques jours. Bon, c’était déjà le cas depuis longtemps vous me direz. C’est toujours une expérience un peu frustrante d’essayer de pianoter pour écrire une chronique d’album. Pas faux. Mais là tout est amplifié, exagéré... compliqué. Alors que faire. Comment expliquer que ces gamins, des normands en plus (franchement pour faire un album rock ambitieux cela n’aide pas vous en conviendrez...), ont tout simplement enregistré l’un des albums de l’année. Aussi simplement que cela. Ceux qui l’on déjà écouté et décortiqué y ont vu souvent deux parties distinctes. J’avoue que je n’ai pas eu cette subtilité (décidément mon cas est grave). Parfois tension extrême qui se libère dans une explosion sonore qui nous donne envie de hurler à s’en péter les cordes vocales, qui vous électrise, vous plaque au sol et vrille dans votre crane comme une décharge électrique Me And My Famous Lover peut vous emporter, vous transporter, vous émouvoir pour vous emmener dans un univers feutré et nostalgique, émouvant. L’univers et la personnalité du groupe sont si fortes, si imposantes que l’on peut passer d’une sensation à l’autre, d’un état d’esprit, qui devient quasiment physique, tourmenté à la douceur apaisante de certains morceaux dans une continuité et une unité toujours respectées.

Porcelain n’est ni normand, ni français. Ils ne sont pas leur âge, ils ne sont pas leurs influences. Porcelain n’est pas l’un des meilleurs groupes actuels. Porcelain n’est pas l’avenir du rock ou le renouveau de la Pop... Porcelain est tout simplement l’auteur de Me And My Famous Lover, un album indispensable que l’on écoutera longtemps avec émotion.

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publié par le 10/11/05