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publié par Renaud de Foville, vinciane le 18/11/02
porcelain - l'éléphant dans un magasin de porcelaine ?

le cargo ! :(air) : dans ma discothèque, vous êtes situés entre police et portishead par ordre alphabétique, quel effet cela vous fait-il ?

françois : ah ! j’ai eu peur que ce soit par affinié, je me suis dit tiens, on ne nous a jamais comparés à police. En tous cas, j’aime bien cette place. nicolas : je suis fan des deux. En plus ce sont deux groupes assez différents. ça reflète un peu nos influences car nous écoutons des choses très différentes. de police à portishead, il y a une palette assez large. je trouve que nous sommes bien entre ces deux groupes là. françois : justement à la f**c à caen, c’est comme ça, juste à côté de nous, on trouve les cd de radiohead, ça fait bizarre. nicolas : on peut être fiers d’être à côté de ok computer.

le cargo ! : cargo ! (vinciane) : justement, vous parliez de vos influences. quels sont les groupes que vous écoutez ?

yvan : on n’aime pas trop cette question là. françois : j’ai préparé un truc pour cette question justement nicolas : on écoute tous un peu des trucs différents, il y a des parties communes et d’autres plus spécifiques. par exemple, jérémie écoute des trucs comme tortoise ou portishead et moi d’autres choses. yvan : j’aime bien écouter des groupes assez vieux, assez anciens. j’écoute des groupes comme radiohead et pearl jam tout en sachant qu’ils sont allés retirer des influences dans d’autres groupes plus anciens, c’est pour cela que j’aime bien écouter des choses qui sont plus à la base, c’est toujours intéressant de retourner un peu en arrière. mais aussi de regarder devant, les nouveaux groupes qui ne sont même pas toujours connus, un peu comme nous.

le cargo ! : (air) : comme vous êtes un tout jeune groupe, nous sommes quand même obligés de vous poser certaines questions basiques sur la naissance du groupe...

nicolas : françois et moi nous étions amis d’enfance et nous avons commencé à jouer de la guitare au tout début dans le même groupe avec une bande de copains, puis je suis parti jouer dans un autre groupe. plus tard, nous nous sommes retrouvés dans la formation de porcelain avec un autre batteur et un autre bassiste. entretemps, j’avais joué dans un autre groupe auquel participait yvan. lorsque le batteur et le bassiste de porcelain sont partis, j’ai pensé à yvan avec qui je m’entendais bien. par ailleurs, j’étais ami avec le grand frère de jérémie, on a fait des essais avec jérémie et ça a collé.

le cargo ! :(air) : et musicalement, vous avez trouvé aussi assez facilement votre orientation ?

françois : nous avions déjà des morceaux nicolas et moi, mais on jouait sur des rythmes beaucoup plus lents car nous n’avions pas de batteur à ce moment là. lorsque jérémie et yvan sont arrivés, ça a un peu tout chamboullé, ça n’a pas complètement dévié... nicolas : ...mais ils ont apporté leur petite touche. françois : il y a eu toute une série de nouvelles chansons composées au moment de la formation du groupe.

le cargo ! :(vinciane) : vos débuts remontent à quand ?

nicolas : françois et moi jouons ensemble depuis trois ans. porcelain existe dans sa formation actuelle depuis un an et demi (printemps 2001).

le cargo ! : (vinciane) : est-ce que vous en avez voulu à moby d’avoir repris "porcelain" comme morceau phare ?

françois : vous avez vu ça hein ? en plus c’est une chanson que j’aime bien je crois. c’est son gros tube. yvan : ah bon ? je ne suis même pas au courant jérémie : moi je ne me suis même pas rendu compte que ça s’appelait comme ça ! françois : il y a même une chanson des red hot chili peppers qui s’appelle comme ça.

le cargo ! :(vinciane) : votre nom vient d’où, du fait que vous êtes fragiles ?

françois : au départ, cela vient du fait que je cherchais un nom qui sonne autant anglais que français, c’est pour cela que nous avons enlevé le « e » . et sinon, c’est un mot qui m’a frappé un jour que je l’entendais à la télé, et voilà...

le cargo ! : (vinciane) : le rhinocéros (ndlr : la petite mascotte posée sur le clavier lors des concerts), c’est pour l’éléphant dans un magasin de porcelaine ?

françois : c’est marrant car beaucoup de gens associent ça à cette expression mais en fait c’est une coincidence. c’est un porte-bonheur en fait que nous avons eu lors de notre premier concert. à la base il appartenait à notre ancien bassiste. un jour, nous l’avions laissé lors d’une répétition dans un théâtre et nous avions cru que nous l’avions perdu pour toujours et il est revenu !! et il était tout blanc !! on ne sait pas vraiment ce qui s’est passé, si ce n’est que quelqu’un a dû le repeindre. c’est l’hippopotame magique maintenant. nicolas : eh oui, c’est un hippopotame en fait !

le cargo ! : (air) : musicalement, avez-vous conscience que votre musique est vraiment mature par rapport à l’âge qu’on vous devine ?

françois : ça c’est un super compliment. c’est vrai que dans notre attitude générale, on peut parfois sentir que nous n’avons pas pleinement conscience du décalage entre l’âge et la musique.

le cargo ! : (vinciane) : y a-t-il une grande différence entre l’ambiance des show-cases et de vos concerts ? parvenez-vous à créer cette ambiance ou est-ce que ça casse entre les morceaux, comme ce que nous avons pu voir en show case, ce qui est un peu dommage...

françois : normalement on est censés enchaîner, sans même laisser de blanc entre les titres. mais ça c’est dans l’absolu. yvan : il faudrait qu’on grandisse plus. ce sera aussi l’expérience qui jouera car nous n’avons pas encore beaucoup de concerts à notre actif. neuf en tout jusqu’à maintenant. nicolas : par rapport à ce que l’on attend de nous, nous avons encore très peu d’expérience ensemble, c’est encore difficile. yvan : chacun a eu à côté des groupes et a fait des petits concerts dans les bars. françois : là, pour les concerts et les show-cases, nous sommes encore « fragiles », comme des gamins avec un nouveau jouet. pour l’instant nous sommes encore en phase d’apprentissage. nous apprenons sur le tas, petit à petit.

le cargo ! : (vinciane) : justement pendant les chansons auxquelles j’ai pu assister en show case, on sent une véritable unité, vous réussissez à créer une ambiance malgré les lumières et les bruits du disquaire qui sont vraiment propres à perturber. cette ambiance est-elle innée ou travaillée ?

françois : normalement c’est inné et c’est ce qu’on recherche. on ne veut justement pas casser l’ambiance entre les morceaux ni que l’attention de l’auditeur retombe trop brusquement.

le cargo ! :(air) : pendant l’enregistrement du disque, avez-vous pensé à ce que la musique allait apporter à l’auditeur ou à ce qu’elle allait lui faire ressentir ? recherchez vous quelque chose en termes de sensation ou est-ce que vous le découvrez quasiment après, lorsque le morceau est enregistré ?

nicolas : mon but, et je crois celui de nous tous ici, est d’essayer de faire ressentir le plus possible de ce que nous ressentons justement, mais sans penser tout de suite à l’auditeur, plutôt d’abord à nous dévoiler. ensuite, l’auditeur peut pénétrer notre musique et l’apprécier ou non. jérémie : certaines chansons peuvent apaiser. la dernière chanson de l’album (ndlr : "c’était l’été") est là pour ça justement. nicolas : oui, nous y avons pensé pour l’ordre des chansons. jérémie : c’est aussi pour cela que nous réfléchissons beaucoup avant de faire un set. nicolas : on y revient ! nous essayons de créer une setlist pour homogénéiser le tout et entre les chansons, nous nous rendons compte que nous provoquons une baisse d’attention, c’est un peu dommage.

le cargo ! : (vinciane) : la durée de vos sets est très variable. lorsqu’il vous arrive de jouer une heure, quels morceaux jouez-vous d’autre que ceux de l’album ?

nicolas : nous avons quelques chansons à côté, composées après l’album ou qui n’étaient pas encore assez mûres au moment de l’enregistrement. françois : il nous arrive de chanter une chanson assez récente plus noisy. yvan : ce qui est dommage dans le fait de jouer des sets courts est que, vu notre peu d’expérience, nous mettons vraiment du temps avant d’être vraiment bien sur scène. du fait, nous commençons seulement à être à l’aise vers la fin du set. au départ, nous n’avions pas pensé qu’il fallait travailler l’attitude sur scène. nous pensions que ça viendrait tout seul. françois : mais compte tenu de la musique, nous nous sommes rendu compte qu’il fallait un peu plus réfléchir sur ce point notamment. yvan : exactement, sur une musique un peu festive, ça viendrait peut être tout seul, mais là ça ne coule pas de source.

le cargo ! : (vinciane) : quel type de groupe vous impressionne sur scène ?

nicolas : j’ai été très impressionné par sonic youth. ils m’ont fait penser dans l’attitude à nirvana, qui est un groupe qui m’a beaucoup marqué. leur bassiste était très présente sur scène, ça m’a beaucoup ému. yvan : idem, sonic youth. pink floyd que j’ai vu en 1989, police en 1984 (?), j’étais vraiment tout jeune. françois : même, certains groupes qui n’ont pas une notoriété extraordinaire peuvent nous impressionner. par exemple, j’étais à la route du rock il y a deux ans, je venais pour voir mogwai, et le premier groupe que j’ai vu, lali puna m’a vraiment mis une claque alors qu’il faisait jour, qu’il n’y avait pas grand monde et qu’il n’y avait pas de lumières. toutes les conditions n’étaient pas réunies pour le gros show. je suis arrivé au milieu du set et je suis tombé sous le charme. mogwai était bien aussi, peut être un peu moins... ils sont très rock ‘n roll dans l’attitude, ils cassent tout au niveau du son. on se demande parfois s’ils pensent tout le temps aux gens qui sont dans la salle.

le cargo ! : (vinciane) : comment gérez vous votre son ?

nicolas : déjà, personne ne nous force à monter... ! nous jouons beaucoup sur les nuances. yvan : mais il faut qu’on sente que ça vit. il ne faut pas non plus que ce soit trop mou au niveau du son. nicolas : je pense que notre musique nécessite pas mal de travail de son. jusqu’à présent nous avons toujours joué dans des conditions qui ne nous permettaient pas de peaufiner notre son comme nous l’aimerions.

le cargo ! :(air) : jusqu’ici, y a-t-il un concert dont vous soyez particulièrement contents, de vous, du son ?

nicolas : notre deuxième concert, à grandville, il s’est passé quelque chose. françois : sur scène en tous cas car en façade le son n’était pas terrible à ce qu’il paraît. jérémie : à caen, malgré quelques problèmes de son, la prestation a donné de bons moments. nicolas : pendant un morceau, l’ingé son n’avait pas mis de son à l’orgue. je pensais que c’était dans le retour, mais finalement c’était une version dépouillée pour tout le monde... c’est quand même dommage.

le cargo ! : (vinciane) : vous accordez donc une importance particulière à la scène, notamment au niveau de l’émotion ?

yvan : je n’ai pas de préférence pour la scène ou l’enregistrement. l’album c’est l’occasion de concrétiser un travail commun, de s’engueuler même ! de faire les choses différemment. françois : pour moi c’est certain, je préfère la scène. enfin, l’enregistrement est une phase intéressante aussi, c’est tout à fait différent dans l’approche. nicolas : il faut les deux, pour l’équilibre !

le cargo ! : (vinciane) : quels retours avez-vous eu jusqu’à présent, et surtout de la part de gens qui ne vous connaissaient pas ?

françois : tout le monde nous adore ! (rires) jérémie : les personnes que nous connaissions nous avaient dit que ça leur avait plu et d’autres qui ne nous connaissaient pas ont dit la même chose au point d’acheter le cd, de revenir nous voir en show case... ces gens-là n’ont pas hésité à nous faire des remarques, ce qui est important pour nous. cela peut nous permettre de nous remettre en question ensuite ou du moins de nous poser de bonnes questions. yvan : nous écoutons beaucoup ce que les gens ont à nous dire, notamment après les concerts. françois : ils reviennent d’ailleurs beaucoup sur ce fossé entre l’ambiance pendant les morceaux et entre... ça m’a travaillé...

le cargo ! : (vinciane) : françois, quand tu chantes on te voit transfiguré, comme visité, alors que jérémie, tu es là, dans le même plan de mire, juste derrière, hilare...

jérémie : j’ai effectivement un plaisir immense de jouer devant du monde et de voir que cela fait éventuellement plaisir au public de nous voir jouer. j’adore aussi jouer avec les autres membres du groupe, ce qui doit expliquer mon large sourire. je sais que cela contraste avec la gravité de la musique, mais je ne force pas cette hilarité, c’est juste un plaisir de jouer. c’est vrai que la musique est un peu triste, mais je ne vais pas faire la gueule parce que c’est un morceau qui n’est pas très enjoué (cargo ! : ah ! mais ce n’était pas une critique !) yvan : c’est aussi une forme de concentration... j’ai eu l’occasion de jouer avec plusieurs batteurs et ils font toujours une drôle de tête quand ils jouent... moi aussi, il m’arrive de sourire quand je joue, je ne contrôle pas nécessairement mes expressions (cargo ! : mais ce n’était pas une critique, vraiment !!). chacun a un comportement différent.

le cargo ! :(vinciane) : et françois, tu es vraiment visité ?

françois : oui, vraiment, énormément et c’est très sincère. ce n’est pas pour essayer, à part quelques petits gestes, enfin, non même pas. jérémie : en répétition, ce n’est pas pareil. sur scène, je vois les autres comme jamais je les aurais vus. françois : le but en répétition est d’améliorer les chansons et de les jouer de manière bien carrée, alors qu’en concert, ce n’est même plus de la concentration, l’attention est portée sur autre chose. ce n’est a priori pas l’endroit où il faut travailler les chansons et donc on peut se permettre de donner autre chose, d’autant qu’il y a un public, c’est grisant. il nous arrive d’atteindre des petites bribes du même genre en répétition, mais jamais avec autant d’intensité. yvan : nous ne pouvons hélas pas encore nous permettre de répéter trop souvent donc de voyager un peu à travers les morceaux et d’improviser. c’est pourquoi il est important de se connaître à 100% et on a encore à faire en la matière ! françois : la plupart du temps, les répétitions restent du travail encore.

le cargo ! : (air) : pour l’instant sur scène, les morceaux sont le plus carré possible, il n’y a pas d’improvisation ?

jérémie : si quand même. nous essayons de jouer nos morceaux de manière très carrée, mais nous avons un titre dans lequel nous nous réservons une part d’improvisation pendant les concerts. mais rien n’est programmé avant le set. françois : et puis il y a aussi la part d’improvisation forcée lorsqu’un de nous s’est planté !...

le cargo ! :(vinciane) : vous venez de jouer pour les sélections attention talents du printemps de bourges. comment cela s’est-il passé ?

françois : vraiment très bien. nous avons joué dans un théâtre, les gens étaient assis. au départ, je me suis demandé si le fait de jouer devant un public assis allait nous créer un blocage, mais lorsque nous sommes arrivés sur scène c’était tout le contraire. c’était vraiment très agréable, même si notre set était très rock. l’environnement était assez posé et j’ai pris beaucoup de plaisir à jouer. dommage que nous n’ayons pas pu écouter les autres groupes ce jour-là. jérémie : il nous est arrivé de jouer devant un public qui avait envie d’entendre du gros son, du bon rock, alors que là nous avions l’occasion de jouer devant un public qui fasait très attention à ce qui se passait et qui nous écoutait attentivement. cela nous assure qu’ils auront une véritable idée de ce que ça donne réellement.

le cargo ! : (air) : donc vous vous voyez bien jouer dans des salles plus intimes comme des théâtres, comme le trianon à paris... ?

françois : j’aime beaucoup quand l’atmosphère est très feutrée. jérémie : je trouve que dans ce type de salle, le public peut vraiment prendre le temps de regarder les musiciens jouer et d’apprécier.

le cargo ! :(air) : comment vous préparez-vous à jouer ?

françois : nous accordons énormément d’importance à être tous les quatre. il nous faut un moment où nous nous retrouvons, c’est très important. jérémie : mais il n’y a pas d’exigence particulière, il n’y a pas d’ambiance spéciale au point que nous ne voulons pas être dérangés !...

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publié par le 18/11/02