A quelques jours de la sortie de son premier album A Peu Près, Pomme avait invité son public à découvrir son nouveau répertoire en live dans une configuration intimiste : une petite salle, la Boule Noire, en mode assis, investie pour quatre dates successives. Et il fallait au moins ça pour satisfaire le public toujours plus nombreux qui la suit depuis la sortie de son premier EP (En Cavale, 2016) . Nous on avait choisi la première, le lundi, simplement parce que tout procrastinateur qu’on est, les bonnes choses on ne les remet jamais à plus tard.
Sur scène, à côté de la guitare de Pomme et de son autoharpe, une petite valise avec des images tirées du Voyage de Chihiro de Miyazaki et divers accessoires. Un éclairage délicat et sobre. Et puis Pomme, vêtue d’un bout de ciel et de petit nuages. Est-ce un pyjama, est-ce une robe ? Sûrement un peu des deux. Mais quoi de plus naturel que de rapporter sur scène un bout de ses nuits et de ses rêves quand il s’agit de partager des chansons comme des confidences, des espoirs, des déceptions ? Des morceaux de vie au réalisme aussi tactile que la peau de l’autre cartographiée du bout des doigts ou les plis de la robe d’hier.
Ce n’est pas facile de se dévoiler, d’abandonner les masques, les personnages qui nous jouent, d’être je qui parle à tu, soit-il le garçon, les garçons ou juste « mon homme ». Mais Pomme prend ce risque et ça paye. Parce que c’est sincère. Parce qu’elle écrit de belles chansons. Ce n’est pas nouveau, l’EP montrait déjà un songwriting folk déjà sophistiqué et à la maturité surprenante pour ses vingt ans. Mais là où on l’attendait, c’est sur sa capacité à évoluer, à élargir son vocabulaire musical et à réussir à nous surprendre. En live comme sur le disque qu’on a la chance d’avoir eu un peu en avance, elle nous prouve de très belle manière qu’elle en est capable. Il sera difficile désormais d’enfermer Pomme dans la case folk, elle excelle autant dans la pop pleine de vie et de rythme qui vous raconte les débuts euphoriques et espiègles d’une nouvelle histoire que dans la chanson crève-cœur dont l’écriture évoque Barbara qu’elle adore, mais la manière de faire sonner les mots, tout à fait moderne, l’émotion qui les habite c’est du 100% Pomme.
On connaissait la beauté de sa voix dans les aigus, on la découvre dans un registre plus grave, où on ne peut pas s’appuyer sur la fragilité pour émouvoir. Il faut sortir les notes précises, solides, et quand même faire vivre son texte. Ce qu’elle fait très bien, parfois appuyée par les choeurs très réussis de Steffen Charron (que vous avez pu voir en session pour son projet Simple As Pop ou aux côtés de Mina Tindle, Jil is Lucky, Landscape et bien d’autres) qui officie aussi à la guitare électrique et aux claviers.
C’est l’autre nouveauté en live, Pomme joue toujours de la guitare acoustique sur la plupart des chansons ou parfois de l’autoharpe (utilisée sur un très joli duo avec Safia Nolin, autre chanteuse très talentueuse dont vous allez sûrement entendre beaucoup parler) mais il y a donc parfois du clavier ou de la guitare électrique en plus. Le résultat du travail d’arrangement en cours avec Steffen, pour réinventer les morceaux à deux. Pas question donc de reproduire le disque à l’identique,ce qui serait compliqué de toute façon sans un groupe avec batterie et basse, ce qui serait intéressant sur des morceaux comme Même Robe qu’hier mais on vous disait déjà pour le concert au Point Éphémère que Pomme nous impressionnait par sa capacité à tenir une scène en solo. Elle n’a pas perdu ce super-pouvoir, elle a juste trouvé son Robin, l’acolyte idéal pour garer la batmobile et l’aider à combattre le crime démultiplier les possibilités musicales.
Le premier album de Pomme sortira le 5 octobre chez Polydor, les dates de tournée sont disponibles sur sa page facebook.
