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publié par Mickaël Adamadorassy le 24/09/21
Pomme - L'Olympia, Paris - 13/09/2021 et 14/09/2021

Voir "POMME" affiché sur la façade de l’Olympia, ça fait quand même chaud au cœur. Comme si les histoires pouvaient avoir un happy end, comme si il y avait une justice dans le monde de la musique et que le talent pouvait être récompensé, fouler lui aussi cette scène mythique, où sont passées les gloires de la chanson française... et leurs successeurs malheureusement moins souvent glorieux. Et ce n’est pas l’Olympia de Pomme mais le premier d’une série de trois. On a eu la chance d’en être deux soirs de suite, vécus chacun d’une manière assez différente.

"Je suis celle qu’on ne voit pas"

Cela commence avec un voile qui occulte complètement la scène, recouvert de dessins dans le même style faussement enfantin que la couverture de l’album Les failles. Alors que résonnent les premières notes de clavier d’’anxiété", on voit la silhouette de Pomme projetée sur le rideau mais déformée, méconnaissable. Une mise en scène qui fait écho aux paroles de la chanson et nous plonge immédiatement dans l’univers des "Failles", un album dont les textes parlent en toute sincérité des moments graves, difficiles, de la tristesse voir de la mort. Une tonalité sombre qui ne se reflète pas forcément dans la musique, les mélodies qui gardent parfois encore la côté aérien et lumineux des premières compositions de Pomme. Un décalage entre la musique et le texte qu’elle évoquera elle-même en évoquant le côté bizarre de "s’ambiancer" sur une chanson qui parle de la mort.

Storytelling

Si les concerts de Pomme ont pas mal changé, salles plus grandes, public plus nombreux, un groupe autour d’elle, une scénographie bien léchée, des transitions soignées entre les morceaux, on apprécie justement qu’il y ait toujours ses petites remarques humoristiques glissées de temps en temps, des moments où la chanteuse s’arrête complètement de jouer et prend le temps de raconter des anecdotes. Par exemple ce qui semble avoir été le fil rouge de la tournée : demander dans chaque ville quelle est la spécialité culinaire du coin, et d’en inventer une au nom improbable pour Paris, qui n’en a pas vraiment. Où encore la fois où elle a craché sur sa maitresse quand elle était petite et comment elle est convaincue que jouer de l’auto-harpe qui possède un son "céleste" lui permet d’obtenir le pardon pour ce péché d’enfance. Je ne vous raconte pas la chute de l’histoire qui fera rire aux éclats un Olympia plein à craquer de fans qui connaissent toutes les chansons par cœur, qui se trimballaient pour beaucoup un masque de champignon pour la chanson du rappel où Pomme a justement un couvre-chef champignon (qui a lui aussi toute une histoire bien sûr)

Le revers de la médaille

On évoquait au début de l’article qu’on avait fait deux Olympias de suite et que l’expérience avait été assez différente entre les deux. Pas dans la prestation de Pomme elle chante toujours aussi bien et on est presque aussi ému qu’elle parfois quand tout l’Olympia chante avec elle, parce que c’est l’Olympia (trois fois !). On connait désormais très bien les morceaux des failles, on regrette un peu l’impasse presque totale faite sur le premier disque et ses titres un peu plus enjoués. Mais en même temps le deuxième album est un pari artistique audacieux, réussi sur disque et maintenant sur scène (et encore, la basse et la batterie pourraient s’intégrer encore bien plus au cœur des chansons). On découvre aussi une nouvelle (six) corde(s) à l’arc de Pomme, en plus de l’auto-harpe et de l’organelle : une Telecaster qui remplace parfois sa Gibson acoustique avec un très beau son clair de guitare électrique.

Non ce qui était un peu différent, c’était le public : Pomme le dit en début de concert, "chez elle" chacun profite du concert comme il veut, on a le droit de chanter, faux ou juste, les bonnes paroles ou autre chose, fort ou juste en fredonnant. Le premier soir, pour nous qui avons eu l’habitude de voir Pomme dans des petites salles, avec un public plutôt discret et donc de profiter à fond de sa voix, l’expérience a quelque chose de déstabilisant, on a du mal à rentrer dans les chansons comme d’habitude, on est parfois distrait par des claps pas forcément dans le temps, pas forcément "utiles". Le deuxième soir le phénomène nous a paru moins prononcé et on a donc mieux profité du concert... enfin à part la reprise du titre de la BO du Voyage de Chihiro que la personne juste devant a du expliquer à sa copine qui ne connaissait pas Miyazaki, ce qui a malheureusement pris tout le temps de la chanson.

Pas désenchanté

Ce qui ne veut pas dire qu’on a pas aimé le premier Olympia. En fait on a aimé les deux soirs, on a aimé ce que ça fait à un artiste d’avoir un public comme ça, on avait jamais vu Pomme aussi souriante d’ailleurs. On ne veut pas tomber dans le cliché du fan qui a du mal à accepter que l’artiste passe à des salles plus grandes, touche un public qui exprime son plaisir différemment du silence ultra respectueux voir intimidant qui est plutôt la norme dans les concerts folk indé. Il faut juste s’y faire, si Pomme et (la Maison Tellier) ont réussi à faire de "Désenchantée" de Mylène Farmer un "classique" que des moins de 20 ans connaissent par cœur, tout est possible.

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