accueil > articles > albums > placebo

publié par alex le 11/10/00
placebo
- black market music
black market music

vieilles recettes

les placebo sont d’une régularité terrifiante : un album tous les deux ans : septembre 1996, octobre 1998, octobre 2000. mais placebo ne se contente pas de cette régularité chronologique, il est aussi régulier dans l’excellence. il faut bien reconnaître une nouvelle fois que leur petit dernier est impeccable, et fait partie une fois encore des albums incontournables de la rentrée. black market music ne surprendra personne : hormis deux titres (“taste in men” et “spite and malice”), on pénètre immédiatement en terrain connu, et même archi-connu. il n’y a pas eu de révolution de palais au sein de la forteresse placebo l’hiver dernier, on a conservé les vielles recettes qui marchent, et on les applique à nouveau, avec plus d’expérience et de savoir-faire, un point c’est tout. cela donne donc un grand album de placebo, et de l’avis de beaucoup de fans du groupe, leur meilleur. la seule chose que l’on puisse regretter, c’est que placebo maîtrise presque trop bien son art - toutes proportions gardées bien sûr - et les chansons manquent un peu de spontanéité, de personnalité. c’est beau, c’est bien exécuté, il y a peu de fautes de goût, mais on est loin de la pureté - fraîcheur et naïveté - du premier album. “taste in men” : le premier morceau - et premier single - de l’album laisse un peu perplexe lors de la première écoute. c’est une sorte d’ovni industriel, surprenant, sur lequel brian molko chante de façon bizarre.

pop-punk

c’est un peu le “pure morning” de black market music, là aussi envoyé en éclaireur avant la sortie de l’album. mais cet été la version survitaminé de “taste in men” était l’un des grands moments des concerts de placebo et nous offre un nouveau regard sur la version studio de ce single. “days before you came” rappelle fortement là aussi son pendant sur without you i’m nothing, “brick shithouse”. plutôt bon signe, vous devez vous dire. effectivement, c’est un magnifique morceau de placebo électrisé, les doigts dans la prise de courant. la mélodie est parfaitement maîtrisée, une fois de plus, et brian molko est à son top et sa voix toujours emprunte d’une légère tristesse nous captive toujours autant qu’elle énerve ses détracteurs. “special k”, comme “days before you came”, rappelle d’autres chansons du groupe, et pourrait bien être un prochain single. c’est du pur pop-punk placebo, avec un refrain qui s’emballe et une batterie très sèche. la chanson de “linoleum” assure les chœurs.

coup de trique

suit la deuxième surprise de l’album après “taste in men” : “spite and malice” mélange rap et placebo. le mariage est étonnamment réussi : ça ressemble à un croisement entre “allergic” - une chanson de without you i’m nothing - et un rap agressif et sec comme un coup de trique. la suivante, “passive aggressive”, est une fois encore très without you i’m nothing : on pense à “burger queen”, à “ask for answers”, puis à “without you i’m nothing”. là encore, placebo se repose sur ses acquis, avec brio. “black eyed” est plus dans l’esprit du premier album, plus brut. c’est incontestablement une des grandes chansons de black market music. le refrain est de toute beauté. la basse, très années 80 - cure reste la grande influence de placebo, ou très placebo si vous préférez, est superbe. les paroles sont du molko tout craché. du très grand placebo en somme. “blue american” rappelle plus les faces b acoustiques des singles du premier album, comme “then the clouds will open for me” ou “eyesight to the blind”. c’est une magnifique ritournelle au piano, très mélancolique, aux paroles complètement surréalistes, où brian avoue enfin ce que tout le monde savait depuis si longtemps : « i’m so pretentious yes it’s true... »

à bout de souffle

“slave to the wage” est à la fois le nouveau single, le tube, et le sommet des nouveaux concerts de placebo. pourtant, rien de nouveau dans cette petite chanson pop : on croirait entendre “bionic”. mais on y voit que du feu, et on se surprend à la fredonner dans la rue. un refrain aux claviers qui ne vous quitte pas facilement. et puis, ça devait bien finir par arriver, le soufflé retombe pendant quelques minutes : “commercial for levi" et “haemoglobin” sont honnêtes, mais sans plus. la première est une ballade un peu plate, bien en dessous de ce à quoi le groupe nous a habitué par le passé, et la seconde se prend peut-être pour “scared of girls”, mais on est loin du compte : peu inspirée, moyenne, à bout de souffle.

bel effet

heureusement, placebo ne nous laisse pas sur cette note négative. “narcoleptic”, une ballade du plus bel effet, et “peeping tom” (titre anglais du chef d’œuvre torturé de michael powell, le voyeur), qui commence un peu comme “ion”, la chanson intro de la dernière tournée, avec cet aveux de brian molko qui revient, entêtant, « i’m scared », et qui impressionne par la finesse de l’écriture et la beauté de la production, mettent fin à l’album de la plus belle manière. placebo a donc réussi son retour. l’album est fortement recommandé, aux fans de placebo et aux autres.

Partager :

publié par le 11/10/00