1992-2022, cela fait donc 30 ans qu’il-venait-d’avoir-18-ans et qu’il s’était pris Dry de PJ Harvey bien sec, justement, dans sa gentille face de poppeux. Il n’aimerait surement pas qu’on parle de lui comme ça mais bon, les absents ont toujours tort. Ce dont je suis absolument sûr, c’est que mon moi d’il y a 30 ans aurait été aussi subjugué et emballé que son futur lui par la découverte d’un album des versions démos de Dry. Car là où l’immense majorité des albums classés « démo » nous soutirent notre argent de façon quelque peu racoleuse puis se laissent oublier dans un coin, Dry - Demos nous ramène directement à nos émois adolescents et tourne en boucle depuis qu’on est tombé dessus. C’est comme d’avoir PJ en session acoustique dans son salon. C’est comme d’écouter Dry avec la voix correctement mixée par rapport aux instruments. C’est comme l’ambiance incroyable de "Plants and rags" sur un album entier.

homogénéité

Alors certes, la tension n’est pas tout à fait la même. Et Dry avec moins de tension, est-ce toujours Dry ? Sans doute que non. Mais et l’émotion ? L’émotion d’entendre cette voix de jeune fille sur "Oh my lover" et "Sheela-na-gig". L’émotion délivrée par ces premiers jets si naturels. Et la joie ? La joie de voir que ces morceaux vivent aussi leur vie à la guitare acoustique de façon autonome, sans avoir à rougir de leurs ainées mieux habillées. Et parlant d’habillage, il y a un parfait dosage de guitares, avec la présence des secondes guitares électriques, de secondes voix et même du violon de "Plants and rags" (plus proche ici, forcément, de la version album). La surprise c’est aussi de voir que les morceaux finaux n’ont pas tant bougé par rapport aux versions démos. Les arrangements de guitare étaient globalement là, les voix aussi. L’atmosphère était légèrement moins tendue donc mais pas tant que ça. Les morceaux un peu plus lents sans doute, ce serait à vérifier. Mais en réalité, tout était déjà là, et cela donne un album incroyable, d’une très belle homogénéité.

version

A y regarder de plus près, PJ Harvey s’est lancée depuis deux ans dans des éditions démos de la plupart de ses albums (To bring you my love, Is this desire ?, Stories from the city, Uh huh her, White Chalk, Let England shake). On a jeté une oreille sur les premiers de la série (mention spéciale à "The Dancer" en version ambiance espagnole) mais, vous l’aurez compris, on a énormément de mal à sortir notre ado-intérieur de Dry - Demos... et, approche de la cinquantaine oblige, nous nous évertuerons à ne pas trop le contrarier.