soyons honnêtes
Allez, soyons honnêtes. Au printemps, les concerts qui avaient suivi l’incroyable reformation des Pixies avaient laissé un doute sur leurs intentions. Chacun dans leur coin de scène, les 4 de Boston se parlaient à peine, jouant en parallèle, comme si les tensions de 1993 n’étaient pas encore digérées. À se demander si, comme souvent, l’appel du portefeuille n’avait pas prévalu devant celui de la muse. Mais ce soir, devant un State Theater légèrement désert - troisième date locale explique - et derrière des Datsuns accueillis tièdassement malgré leur prestation sulfureuse, les Pixies se montrent ce soir plus impliqués, formant un groupe enfin supérieur à la somme d’egos qui le composent. Envoyant d’entrée de jeu Where’s My Mind ?, les farfadets attaquent fort, réveillant les voix de la salle et lui donnant l’occasion de se réchauffer les mains. Le premier tiers du set sort du même moule, Joe Santiago donnant le ton d’un long instru trippant sur Holiday Song, Kim Deal chantant ses partie avec un sourire radieux qui ne la quittera pas une seconde. Frank Black n’a rien perdu de ses intonations étranges. Il sourit, parle beaucoup, et les autres lui répondent dans une complicité joviale. Si le milieu du show se fait plus lancinant, sa fin remet une couche de bonheur auditif. Bone Machine, Crackity Jones, Something Against You et Caribou ravissent l’audience, on voit même un peu de remous sur U-Mass. Monkey Gone To Heaven et Wave Of Mutilation sont repris en chœur, Debaser est encensée et au terme d’un Tame rageur, les Pixies saluent longuement, toutes lumières allumées, sans quitter la scène. Pas de rappel ? Ça dépendra du batteur David Lovering. Black lui demande si son cœur tiendra une chanson de plus. Advienne que pourra, il tiendra. On a alors droit à un Number 13 Baby final qui fait plaisir à voir, les 4 (se) souhaitant 1 000 fois bonne nuit sur la fin, avant de partir pour de bon. Maintenant qu’ils sont reformés et réconciliés, on peut vraiment le dire, Les Pixies sont ressuscités.