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publié par Mickaël Adamadorassy le 17/12/19
Pink Floyd
- The Later Years : 1987 – 2019
The Later Years : 1987 – 2019

The Later Years 1987 – 2019 est un coffret consacré à la fin de la carrière de Pink Floyd, sorti le 13 décembre en version ultra-collector et un peu plus tôt comme une compilation en un seul CD reprenant les pièces musicales les plus significatives du coffret. Pour acquérir les 16 disques de la version collector dont 4 CD, des vinyles et surtout des Bluray/DVD de concerts qui n’étaient plus disponibles qu’en VHS de qualité très moyenne (Delicate Sound of Thunder, Pulse et des lives de Venise et Knebworth plus tout un tas de goodies il vous en coûtera quand même 300 euros. A l’approche de Noël, ça ressemble à un très beau cadeau pour un fan de Pink Floyd (ou à se faire) malheureusement même si l’attrait de vidéos inédites en haute qualité est fort, le compte n’y est pas.

La version Coffret

Précisons d’abord qu’il ne s’agit pas d’une chronique en règle du coffret, qu’on ne possède pas : si on reçoit des CDs promo sur le Cargo ! bizarrement les maisons de disque ne nous envoient pas des collectors à 300€... Mais le but de l’article est justement d’expliquer pourquoi on fait l’impasse sur celui-là alors que généralement on ne rechigne pas à contribuer à la retraite de nos papys floyders. On ne jugera donc pas ici de la qualité de la partie vidéo mais nous avons par contre écouté la partie audio, disponible en streaming.

The Later Years fait donc à un autre coffret consacré au début du groupe, The Early Years, un ensemble de CD et DVD/Bluray blindé de documents inédits, de versions live et d’enregistrements alternatifs. Plus qu’une simple réédition ce premier coffret donnait une vision inédite du processus créatif, au moment où le groupe était dans sa phase la plus expérimentale,où chaque concert pouvait être une expérience unique, un happening, plus qu’un show classique. C’est un document dont la digestion intégrale n’intéressera que les fans et les historiens de la musique mais il a une valeur incontestable (et il coûte aussi cher que le nouveau coffret)

Malheureusement le prix est peut-être la seule chose en dehors du nom de Pink Floyd que les deux partagent car The Later Years n’est lui qu’un recyclage de contenus déjà connus. Il n’y a pas du tout l’aspect historique, évolution du groupe et des morceaux qui était si intéressant dans le premier. Le coffret contient 4 CDs audio :

  • A Momentary Lapse of Reason (remixé et "mis à jour")
  • Delicate Sound of Thunder (remixé)
  • Des Lives et enregistrements studio de 1987/1994
  • Live at Knebworth 1990 (remixé)

Les versions remixées ne changent pas radicalement l’expérience (et heureusement..) pour les disques qu’on connaissait déjà. Le disque de lives et de chutes studio mouais bof... Le Live at Knebworth est peut être le plus intéressant des 4 pour le fan qui a déjà tout, le set est assez court (pour du Floyd) mais ce sont essentiellement les plus gros tubes du groupe. En solo, on l’achèterait bien pour la collection.

On y trouve aussi un Blu-ray audio de mixes en audio HD et surround totalement anecdotique pour la plupart des simples mortels non audiophiles... Passons aux choses vraiment intéressantes : les vidéos. Autant pour Gilmour on a pas mal de choses, autant pour Pink Floyd l’offre est limitée et il semblerait qu’on aura jamais rien de très qualitatif pour la tournée The Wall par exemple. Mais la période suivant a été beaucoup filmée... en 4/3 et disponible uniquement sur des VHS ou des rips youtube de qualité bof. Ce coffret corrige enfin cette frustration avec :

  • Delicate Sound of Thunder film (remixé et "mis à jour")
  • P•U•L•S•E film (remixé et remonté)
  • Concerts de Venise et Knebworth
  • Live, clips et autres trucs
  • Documentaires et matériel vidéo inédit (une autre façon de dire "autre trucs"’)

Aaaaaah : vous ne le voyez pas mais là on est à la fois en train de baver d’envie et d’enrager : ce contenu-là il est vraiment intéressant : Pulse on en a déjà 2 versions mais on prend volontiers la HD pour le regarder sur un grand écran, le concert à Venise est rigolo pour le cadre, c’est le même genre de prestation que a Delicate Sound of Thunder, bien que quelques années seulement sépare celui-ci de Pulse, autant le son que l’image font plus "datés" (avis basé sur les VHS pour Delicate Sound of Thunder et pour le DVD pour Pulse).

Documentaires, lives, trucs inédits, oui on prend tout pas de problème, parce que Pink Floyd c’était avant youtube, avant le DVD, on a pas une surabondance de bonnes vidéos.

Alors oui mais il y a juste un problème : vous ne pouvez pas acheter ce coffret à la carte : soit vous achetez le CD mais pas de vidéos avec soit vous déboursez 300 euros et vous avez tout, dont des vinyls et plein de goodies que vous allez regarder une fois, des CDs que vous n’allez pas écoutés. Impossible de juste prendre un coffret vidéo avec ce qui nous intéresse ou même chaque bluray à l’unité quitte à finir à 100€. C’est juste rageant, on n’ira pas jusqu’à vous recommander d’attendre que toutes ces vidéos se retrouvent sur Youtube plus ou moins légalement mais clairement on ne peut que vous déconseiller ce coffret et afficher notre mépris pour les gens qui ont décidé de ces packagings destinés à pomper le maximum de frics aux fans.

La version CD

On vient de régler son compte au coffret, passons maintenant à la version CD. Pour les compilations, il faut être honnête : ça a eu du sens et une grande valeur dans la période entre la première mort de la K7, la montée en puissance du CD et l’avènement du graveur démocratique. A partir de là chacun a pu se faire ses propres compilations à partir des disques existants donc une compilation n’a plus de sens que si elle contient de l’inédit, et éventuellement pour la pertinence des choix du compilateur. Pour la pertinence des choix on a grosso modo le meilleur des années traitées, à peu près les mêmes titres qu’on vous a cité dans notre article sur le sujet, les titres qu’ils jouent aussi aux fans à tous les concerts. Donc oui c’est pertinent mais guère surprenant...

Pire pour justifier l’existence du disque, l’inédit est privilégié à la qualité des versions : pour Shine On You Crazy Diamond, la version de Knebworth est loin d’être la meilleure, tout semble joué légèrement trop vite, le groupe n’a pas encore retrouvé ses sons des 70’s (un travail de programmation qui sera fait ensuite pour beaucoup par Joe Carin, l’autre claviériste live du groupe qui tournera à la fois avec eux et Roger Waters) . Wright fait de son mieux avec des synthétiseurs des années 80 mais la différence s’entend vraiment. Vous me direz qu’on a déjà la version "définitive" sur Pulse, autant proposer autre chose.. Certes mais si l’objet du disque était vraiment de montrer le meilleur du groupe sur la période 1987-2019 c’est celle de Pulse qu’il fallait prendre.

Pour "Confortably Numb", la version choisie n’est pas mal du tout, la batterie est très en avant et ça donne une grosse pêche au morceau, le solo est proche de celui de Pulse, à rallonge et jouissif quand GIilmour envoie le "waving effect", deux notes noyées dans la distorsion, le delay et la reverb en boucle qui vous propulsent direct au paradis musical, en même temps qu’un luminaire géant "éclot" sur scène lors des concerts de la tournée Division Bell.

Pour le reste des lives, les versions choisies sont honnêtes, on est content d’avoir "Lost For Words", "Us and Them" n’a pas grand chose à faire là, vu que c’est un morceau de Dark side mais bon c’est une des meilleures... Les remixes de "Sorrow", "One Slip" et "On the turning away" semblent donner une place plus importante à la batterie et sonnent un poil mieux que l’original selon votre contexte d’écoute. La séparation des instruments semblent aussi meilleures, on profite mieux de l’orgue de Wright, quelques notes de Guy Pratt à la base sont judicieusement mises en avant.

Par contre on reste franchement sur notre faim pour les inédits studio : un jam de "Marooned", déjà assez abouti et une version de "High Hopes" où le refrain est chanté différemment et le solo n’est pas joué au lapsteel mais ressemble déjà beaucoup à celui de la version studio. C’est plus ce genre de choses qui nous intéressait mais là il n’y en a pas assez pour que ce soit réellement intéressant pour l’ "archéologue des chansons", celui qui est passionné par le processus créatif. Il faut dire quand même que si c’était facile pour le Pink Floyd qui se cherchait sur disque comme sur scène et a beaucoup évolué, la genèse des disques de la période 1987-2019 n’a rien à voir, il n’y a pas eu de tournées à rallonge ou de concerts dans des lieux expérimentaux pour tester faire évoluer les morceaux. Tout cela s’est passé en studio, sur la péniche-studio de Gilmour pour beaucoup.

Toutes les sessions qui ont donné The Division Bell comme The Endless Rivers étaient enregistrées mais finalement peu de choses brutes de ce matériau nous sont parvenus. Alors on se prend à rêver que plutôt que cette compilation finalement peu excitante, à l’image du leak des sessions studio de OK Computer, on puisse un jour accéder à ces archives brutes. Comme pour Radiohead, ce sera inécoutable sauf pour les fans les plus hardcores, on sortira des guides des parties les plus intéressantes pour les autres et là on tient notre document historique, notre visite guidée à l’intérieur du Floyd.

Malheureusement aucun des deux version de The Later Years ne vous proposent cela et il vaut donc mieux s’abstenir ou prendre le CD de Pulse si vous voulez un bon compte-rendu de cette époque pour la voiture ou la chaîne du salon. Nous avons aussi un long article qui détaille aussi les albums du Floyd sur cette période.

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publié par le 17/12/19
Informations

Sortie : 2020
Label : Parlophone/Warner Music

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