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publié par Emmanuelle Nemoz le 25/08/21
Piers Faccini - CosmoJazz Festival 2021 - 31/07/2021

On se croirait dans un de ses clips : Piers Faccini émerge de la brume, guitare sur le dos, pour s’installer à 2000m d’altitude, au-dessus de Chamonix et face au massif du Mont-Blanc qui se découvre petit à petit, et se préparer à partager sa musique avec public du CosmoJazz Festival.

Pour sa deuxième participation, après un mémorable set acoustique en solo au pied du glacier d’Argentière il y a bientôt dix ans, Piers est accompagné de Malik Ziad (guembri, mandole), Séverine Morfin (violon) et Juliette Serrad (violoncelle) pour interpréter une partie des des titres de son album sorti au printemps, Shapes of the Fall ainsi que quelques morceaux issus de ses précédents opus.

Le fil rouge du set, qui sous-tend également Shapes of the Fall, est un signal d’alarme tiré face à la débâcle environnementale en cours et son impact sur les communautés humaines et leurs cultures ancestrales, mais surtout un appel à la solidarité et à la réflexion sur les changements à apporter pour faire face à ces évolutions.

Piers Faccini est passé maître dans l’art d’associer tristesse et espoir, obscurité et lumière, mélancolie et transe, qu’il chante en français, en anglais, en italien, en espagnol ou en arabe avec sa voix aérienne et chaude et dans des styles très différents qu’il associe à merveille pour en faire ressortir les points communs : musique méditerranéenne, du Maghreb et du Moyen-Orient ("Remember Them", "Dunya", "Three Times Betrayed", "Lay Low to Lie"), tarentelle des Pouilles ("Sunette d’Amore", "The Beggar and the Thief"), blues du Mississippi mâtiné de gnawa ("All Aboard", "Foghorn Calling"), ballade folk ("Together Forever Everywhere").

Derrière le quatuor, les nuages glissent en volutes sur les pentes, dévoilant furtivement quelques séracs ou sommets avant de se refermer sur eux comme au rythme des complaintes qui se succèdent en emportant le public dans une irresistible transe méditative toute en émotion contenue.

De "They Will Gather No Seed", superbe prière qui rappelle les musiques soufies, avec sa rythmique ponctuée de claquements de doigts et son imploration comme un mantra, "bring me my home back", à « Foghorn Calling », la corne de brume qui avertit les marins du danger - en l’occurrence l’urgence climatique -, pour les faire changer de cap avant de sombrer, chaque morceau fait mouche, jusqu’aux deux rappels qui concluent sur une note d’espoir, histoire de se consoler de ce que ce concert en apesanteur touche à sa fin ("Together Forever Everywhere" et "A Home Away From Home").

Incontestablement un grand moment de ce CosmoJazz 2021.

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