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publié par arnaud le 04/10/05
Pelican
- The Fire In Our Throats Will Beckon The Thaw
The Fire In Our Throats Will Beckon The Thaw

Marcher sur l’eau

Il y a deux ans, le quatuor instrumental Pelican avait déjà frappé fort avec un premier album Australasia paru chez Hydra Head. Naviguant à la lisière du metal et du post rock (voire math rock), le disque avait rapidement trouvé grâce aux yeux (et aux oreilles) non seulement d’un public habitué au genre, mais avait aussi su susciter l’intérêt de la communauté (post)hardcore sur la seule foi de l’association au nom d’Aaron Turner (Isis et fondateur du label Hydra Head). En mars dernier ils nous donnaient un aperçu de leurs nouvelles compositions avec la parution d’un EP de quarante minutes, March Into The Sea, constitué de deux titres, dont un monumental remix de Justin K. Broadrick (ex Godflesh, maintenant à la barre - entre autres - de Jesu). Au risque de décevoir ses fans les plus hardcore, Pelican est de retour avec un album bien plus atmosphérique qu’Australasia.

The Fire In Our Throat Will Beckon The Thaw est définitivement tourné vers les ambiances et la recherche sonore plus que vers l’énergie pure et la distorsion. En ce sens March Into The Sea annonçait déjà la couleur en présentant une version EP de près de vingt minutes (contre une peu plus de onze sur l’album), ne reculant devant aucun changement de tempo et renforçant le groupe dans son désir d’inclure des arrangements acoustiques dans ses morceaux (c’était déjà le cas sur gw en 2003). Tendance confirmée à l’écoute de - - (la piste 4 dénuée de titre) interlude acoustique apaisé.

Chevauchées épiques

Bien sûr les bases lourdes de la musique de Pelican (dont certains membres participent au projet grindcore Tusk) sont bien présentes sur The Fire In Our Throat Will Beckon The Thaw, surtout perceptibles dans les lignes de basse, mais les musiciens s’appliquent ici à bâtir un post-rock racé, voire délicat, qui évoque autant Explosions In The Sky (les guitares qui s’entremêlent sur Autumn Into Summer ou l’intro de Sirius) qu’un improbable croisement entre Isis (l’intro de Last Day Of Winter), Sonic Youth (la cassure chaotique au milieu de Red Ran Amber) et Godspeed You ! Black Emperor (pour le côté « chevauchée épique » que prennent certains passages). Pelican franchit un pas décisif en reprenant l’originalité des sonorités d’Australasia et en construisant des morceaux plus exigeants, plus étirés dans le temps aussi, n’hésitant pas à ralentir le tempo pour plonger l’auditeur dans des atmosphères planantes (à l’image du très réussi Aurora Borealis, qui lorgne vers un rock spatial à la Yume Bitsu)

En piqué

Sirius qui referme l’album reste la plus belle illustration des capacités actuelles des Chicagoans, partant d’abord sur une intro aérienne avec les guitares de Laurent Lebec (le guitariste français de la formation) et Trevor de Brauw qui se font funambules, flottant au dessus d’une basse toujours menaçante, pour ensuite sombrer dans les décibels acérées développant une puissance sonore impressionnante. Le vol du pélican se fait ici des plus gracieux, alternant l’apesanteur et les plongées sous-marines en piqué. Larry Herweg parvient à tirer son épingle du jeu en prenant encore une fois le risque d’imposer au morceau un métronome frôlant la tachycardie. A ce titre les critiques tireront à boulets rouges sur le groupe en le taxant de progressif... qu’importe puisque Pelican assume ses influences !

The Fire In Our Throat Will Beckon The Thaw est un disque enthousiasmant qui souligne l’exigeant travail de ses auteurs pour façonner de la manière la plus singulière et originale que possible son identité musicale. On attend plus qu’une illustration scénique sur nos terres pour confirmer cette très bonne impression.

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publié par le 04/10/05
Informations

Sortie : 2005
Label : Hydra Head Records/Active Entertainment

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