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publié par antoine le 31/01/04
pascal comelade + roy paci - passager, calais - 31/01/2004
 passager, calais

abattoirs

à calais, c’est bien connu, il y a du vent, souvent. ce samedi 31 janvier n’ était pas une exception, et même si la tempête peut rendre la côte superbe, tout particulièrement en cette saison, les conditions n’étaient assurément pas les meilleures dans la (petite) salle de la (petite) scène nationale -le channel- pour accueillir la musique toute en contrastes de comelade. un vent omniprésent donc puisqu’il s’était invité dans la salle, en faisant claquer de manière quasi-ininterrompue un élément de la toiture métallique des anciens abattoirs qu’est cette salle. au petit jeu du « je fais plus d’ effet que la batterie », le vent aura assurément remporté la manche.

univers

cinq musiciens sur scène : roy paci, trompettiste, ayant accompagné un temps manu chao sur ses tournées mondiales, un trio guitare, basse, batterie, et enfin le sieur comelade. paci et comelade se sont rencontrés en 2001, avant d’avoir l’idée de monter un spectacle commun aux méditerranéennes d’argelès-sur-mer, en 2003. le concert vu ce soir-là était l’un des tous premiers d’une tournée qui leur sera commune en 2004. deux univers qui se rencontrent donc, sans réellement présenter de points communs, à première vue. on savait de comelade qu’il avait été sollicité par quelques légendes du rock –pj harvey herself, can ou bien encore robert wyatt-, on avait bien conscience également de l’impossibilité de définir même très vaguement sa musique, et enfin, on connaissait son apprentissage autodidacte de la musique. on remarquera d’ailleurs cette approche de la musique tout particulière à l’ allure des « partitions » sur lesquelles s’appuie comelade, au piano notamment. en lieu et place des traditionnelles portées, croches et doubles-croches, une succession d’accords à partir desquels le comelade pianiste brode : c’est plus comme d’une guitare que comme un véritable piano qu’il utilise l’instrument. la façon dont comelade utilise l’espace de son tabouret de piano est également toute particulière, à en faire pâlir un glenn gould et sa traditionnelle chaise : c’est à moitié affaissé sur le clavier qu’il joue, n’aurais pas aimé être son kiné.

palme

la nouvelle déclinaison des projets de comelade est donc celle d’une rencontre avec un trompettiste patenté, ponctuellement crooner, cheveux gominés, costume rayé et roses sous cellophane à ses pieds. pourquoi pas. le problème de cette mise en scène sera qu’à un moment, il deviendra impossible de faire justement la part des choses entre mise en scène et sincérité. le bassiste par exemple, dans sa tenue de scène, chemise noire ouverte sur le torse, chaîne –en plaqué or ?- apparente remportait sans aucun doute la palme. impossible de savoir si ses relents de beaufitude qui lui donnaient l’apparence d’un croisement entre un membre de l’orchestre de michel pruvot –sans son accordéon- et franck dubosc étaient volontaires. en tout cas, à côté des santiags de comelade, la différence était saisissante. force est donc de reconnaître que pour ce qui est de la mise en scène d’une atmosphère décalée, les cinq vus sur scène ce soir-là nous ont scotché pour un moment.

arcs-en-ciel

sur la set-list, une petite vingtaine de titres, pour un concert d’environ 90 minutes. ne connaissant que quelques titres de la grosse vingtaine de disques sortis par comelade, difficile de dire si ce qui a été joué provenait d’albums enregistrés ou de la récente rencontre entre roy paci et comelade. pendant le set également, quelques reprises assez … inattendues, notamment celle du thème du magicien d’oz, "over the rainbow". on se souvenait l’avoir entendue par les flamings lips, mais on l’aura préférée ce soir. c’est dans ce genre de situations que la rencontre entre la voix de paci et la musique de comelade aura pris toute sa dimension : il fallait entendre le premier avec son accent d’italien prononcé s’évertuer à chanter des paroles en anglais, accompagné par les instruments miniatures –guitare, piano, ocarina- du second et des musiciens.

flamands roses

le reste du temps, la fusion entre leurs deux univers semblait plus difficile. on aura ainsi eu particulièrement de mal à rentrer dans le concert, les tous premiers titres rappelant bien davantage les musiques feutrées –mais insignifiantes- habituellement servies par une certaine scène « latino » que l’habituelle folie et sincérité des titres de comelade. heureusement, sur d’autres titres, les rythmiques changent du tout au tout, comelade rejoint l’univers de ses instruments miniatures, roy paci saisit sa trompette : pas besoin de plus que ces quelques éléments pour que l’on comprenne alors ce que sont venus rechercher chez comelade polly jean et les autres. ces quelques titres instrumentaux où les têtes dans la salle commencent à être hochées dans un étrange mimétisme nous rappellent alors que comelade a fait ses premières armes dans le rock. et il n’a alors pas besoin de recourir à la grosse artillerie pour remporter la bataille. une référence en la matière, sans aucun doute.

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publié par le 31/01/04