accueil > articles > cinéma > Panic room

publié par octane le 24/04/02
Panic room - David Fincher
David Fincher

claustro

avec fincher, point de parties de pêches, ni de ballades à cheval le long d’un court d’eau tranquille dans le montana. david fincher, citadin dans l’âme, s’envisage plutôt comme un pure et dure de la parano claustro, de préférence de nuit et sous la pluie. a la vue de son cinquième long métrage, il saute aux yeux que fincher est bien l’homme de l’amérique qui craint pour ses fesses. le seul qui ait envisagé le drame du wtc sérieusement, avec ses explosions d’immeubles entrecoupées d’images subliminales (fight club en 99). l’un des rares à avoir à peu près rendu sérieux le personnage du psychopathe lorsqu’en 95 il transformait keyser soze en john doe, confirmant kevin spacey comme l’un des plus brillants acteurs de sa génération dans seven. celui enfin qui aura donné par deux fois la vedette à brad pitt, des costards sur mesure, aussi bien en détective paumé dans le second qu’en leader charismatique dans le premier. pour s’entraîner à filmer la claustrophobie, fincher avait commencé avec un épisode d’alien : pour certains le meilleur, pour les autres le troisième.

peur bourgeoise

panic room est avant tout le plaisir de revoir la francophile/phone jodie foster dans un vrai rôle de proie. celui qui lui va le mieux, qu’elle porte en tout cas avec le plus de force et de panache, et en l’occurrence il fallait au moins elle pour ne pas nous donner envie de quitter la salle passée la première demie-heure. il faut lui reconnaître qu’elle est plus crédible en victime survivante-mais-jamais-hystérique qu’en nell ou dans ses comédies familiales. forest whitaker, lui, est comme dans ghost dog. impérial. mais attention on n’est pas ici dans un onecouple show. le principal acteur, le véritable méchant est bien la maison, avec sa prison intégrée.

déjà vu

on repense furtivement au récent the glass house, mais le souvenir ne résiste pas aux plans serrés de fincher, qui fait suinter la peur bourgeoise des murs de cet intérieur bourgeois new-yorkais. mais alors où est le problème me direz-vous ? qu’est-ce qui fait que l’on n’est pas complètement satisfait du résultat de ce huis clos pourtant si prometteur. peut-être attendait-on trop de fincher, en tout cas plus qu’un exercice de style dont l’impression de "déjà vu" ne nous quitte pas près de deux heures durant ? a trop vouloir réduire le lieu, pour le rendre plus entêtant (une logique hollywoodienne implacable, presque marketing), fincher ferme les yeux sur tout ce qui ne l’intéresse pas, au bout du compte sur l’essentiel. peut-être y a-t-il un malaise à voir fincher se vautrer dans ce thème très étroit de la peur du blanc... ou du noir... vouloir toujours affoler le bourgeois, au point de ne plus observer que par le petit bout de la lorgnette. résultat un scénario carrément tiré par les cheveux au début, qui se rattrape à peine dans son déroulement. de même qu’il est franchement difficile d’entrer dans la chambre forte, le plus difficile est bien d’entrer dans cette histoire.

Partager :

publié par le 24/04/02