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publié par Nikola Kesic le 21/11/04
Open Water - Chris Kentis
Chris Kentis

cinéma guerilla

Tourné en DV pour la ridicule somme de 300 000 dollars, un budget déjà léger pour un film ne nécessitant pas d’effets particuliers, Open Water fait office de nouvel emblème d’un certain cinéma guerilla dont Blair Witch semblait être l’ultime représentant en regard de son rapport qualité prix et surtout prix-recette (35 000 dollars de budget pour 250 millions de dollars de bénéfice/monde). Armé d’un scénario au pitch alléchant (un couple en vacances aux Bahamas est oublié en pleine mer lors d’une excursion et doit faire face aux prédateurs les encerclant) et d’une volonté de « faire », le réalisateur Chris Kentis embarque pour un pari très risqué : tourner en pleine mer, en équipe réduite (humainement et techniquement parlant) et surtout opter pour un choix logistique plutôt casse-gueule en ce qui concerne les animaux.

au fond de l’eau

Oubliez les requins digitaux-rigolos de Peur Bleue ainsi que le requin mécanique du film de Spielberg, ici le réalisateur part à la pêche au casting. Il va aller chercher ses vedettes là où elles se trouvent : au fond de l’eau. Car c’est ce qui surprend le plus à la vision du film, ce réalisme dans les quelques plans (serrés ou large) mettant en scène ce monstre cinégénique au possible. La menace est omniprésente et rôde autour de nos deux protagonistes sujets (tout comme le spectateur) à cette peur atavique qui se déclenche au moindre remous à la surface de l’eau. Et c’est vrai qu’à chacune de leur apparition on a plus l’impression d’assister à un snuff-movie qu’à une œuvre de fiction, tant la réaction des personnages est vraie et tant la mise en scène ne fait que montrer le drame sans artifice. Il met à profit la faune ambiante afin de filmer à l’arrache des plans d’insert, un peu comme si Wong Kar-Wai décidait de tourner un sujet pour Ushuaïa, le danger en plus.

veine réaliste

Parallèlement à ça, le film souffre un peu de la comparaison avec son prédécesseur : remplacez le trio perdu en forêt, par un couple abandonné en mer, une même dérive progressive vers la terreur, en passant par les mêmes étapes (on passe du groupe soudé et riant de la situation, au clash ponctué de larmes et de reproches). Mais heureusement, là où Blair Witch laissait les acteurs (surtout sa stridente actrice) partir en roue libre, Open Water bénéficie d’une direction d’acteurs salutaire tant le film repose entièrement sur leurs épaules et peut ainsi se targuer de retenir l’attention du spectateur avec deux têtes dépassant de l’eau pour seul décor pendant une heure de film (les deux premières bobines détaillent le couple en vacances puis leur excursion). Et si l’image vidéo peut rebuter au début du film, elle finit d’inscrire le film dans cette veine réaliste contribuant à la crédibilité de l’histoire.

expérience humaine

Alors Dents de la mer du pauvre ou Blair Witch du riche ? Cinéma-vérité ou vrai cinéma ?Quelque chose entre les deux. Clairement moins classe que le Spielberg mais moins roublard que son champêtre prédécesseur, Open Water se place comme un film minimaliste en terme de mise en scène et de décor (Lars Von Trier peut aller se rhabiller) mais riche en émotions. Une expérience humaine et un huis-clos à air libre à rapprocher d’un autre sorti cette année aussi : Gerry de Gus Van Sant, autre plongée dans l’horreur prouvant qu’il n’y a pas monstre plus terrible que la nature elle-même, lorsqu’ elle applique sa sélection naturelle.

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publié par le 21/11/04
Derniers commentaires
titanic - le 02/06/07 à 12:05
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Ce film est un de mes préférés !!Il mélange a la fois action et sentiments,c’est un thriller passionnant.a voir absolument !!