Ou comment je me suis disputé ... (ma vie footballistique)

Ai-je seulement mentionné ici-même mon acquisition récente
d’un LEM en tant qu’animal de compagnie ?
C’est vrai, on n’y pense pas comme ça de prime abord mais le LEM (Lunar Excursion Module) est très avantageux pour accompagner vos chaudes soirées d’été. Peu coûteux en entretien, plutôt affectueux et surtout très joueur, il ne laissera pas ses touffes de poils sur le canapé et sortira faire les besoins qu’il n’a pas tout seul comme un grand. Vous éviterez juste la comparaison avec un grille-pain en sa présence, il est un peu chatouilleux sur le sujet … mais ce petit désagrément mis à part, il est d’une fidélité et d’un réconfort à toute épreuve. La preuve …
Eh oui, ça devait arriver, troisième semaine de coupe du monde, les couples sont soumis à une énorme pression alors que les matchs à qualification directe battent leur plein … c’est bien simple, ils craquent de toutes part. C’est le manque de préparation ça, que n’a-t-on pas emmené tous les couples mixtes (footeux - non footeuse, l’inverse étant plus rare) en stage à Tignes avec les bleus avant le début de la compétition … que ne donne-t-on pas de Domenech conjugal à tous pour tenir la distance, pour gérer la montée en puissance … vous l’aurez compris, Martha (15 ans de mariage) m’a quitté, 110e minute, la tension des prolongations, on tenait bien le match nul et puis une faute stupide de ma part, du relâchement dans la défense (on ne peut pas dire que ce soit le manque d’expérience quand même, 15 ans …), voyons le ralenti si vous le voulez bien :
Elle : « On se fait un petit apéro en amoureux et en terrasse dimanche prochain ? »
Lui (moi) : « T’es folle, dimanche midi y a téléfoot !!! »
On le sait pourtant, à ce niveau là de la compétition la moindre erreur peut être fatale, alors vous pensez qu’une grosse bourde comme ça … et voilà, alors que j’aurais pu mettre le magnétoscope discrètement en route, la voici qui met les gosses dans le scenic et part sans un regard en arrière : carton rouge, expulsion … me faire ça alors que la France va jouer contre le Brésil et que j’ai besoin de tout le soutien moral et physique possible ! Quelle ingratitude …
En même temps maintenant je suis peinard pour regarder le foot, c’est sûr … du coup j’ai pris un LEM (pour les nombreux avantages, voir plus haut), Loona qu’il s’appelle, et ça a tout de suite fonctionné entre nous. A peine l’avais-je posé dans le caddie qu’il prenait le commandement des opérations : « Ok garçon, t’attaques le rayon fromage sur l’aile droite, moi je bloque leur milieu de terrain au rayon vin, un Saumur-Champigny ça te va ? » … on était faits l’un pour l’autre …
Et quoi de mieux pour souder une amitié naissante qu’un p’tit France-Brésil de derrière les fagots ? En vieux de la vieille, je lui explique à mon LEM nouveau, mon petit Loona, je lui raconte 1986, première coupe du monde suivie et le match ! Je lui rappelle 1998, deuxième coupe suivie (normal, on ne s’était pas qualifié entre temps) et le match, 2e ! Il comprend mieux maintenant la tension, l’anticipation, l’excitation … et puis le match commence et la peur disparaît, les français le négocient à la perfection, les brésiliens sont à peine dangereux, complètement étouffés par le jeu français, Henry et Zidane décisifs quand il le faut. On n’en revient à peine après les difficultés du premier tour.
Bref on se tape le Saint-Félicien, on beugle avec tout le quartier sur le but d’Henry, on torche le Saumur-Champigny, on s’embrasse au coup de sifflet final, on attaque la glace en regardant le défilé improvisé en bas dans la rue et on finit les chips en refaisant le monde à l’aune d’un France-Portugal qui s’annonce savoureux …
Et puis voilà, dimanche matin, je me réveille le crâne au bourdon, les yeux en berne, la langue pâteuse … et Loona qui saute partout en s’époumonant sur "We will rock you" (! !!) … l’horreur absolue ! Je me rends compte éberlué que j’ai oublié la base de la base : le blind-test dépressif d’entrée de jeu, voilà ce qu’il fallait faire au lieu de filer rayon pizza. Plus le choix maintenant, il faut s’en accommoder, en désespoir de cause, de l’air frais nous fera du bien, je propose un foot débridé dans le parc pour nous remettre l’esprit en place à tous les deux.
Une demi-heure plus tard, Loona-Goob, 7-0, je me rends dare-dare au pas de tir le plus proche et renvoie manu-militari l’énergumène là d’où il vient (une petite Sarkozette de bon matin, j’en suis pas fier mais bon … on fait ce qu’on peut). Juré, on ne m’y reprendra plus, les LEMs c’est très surfait finalement … on veut faire comme le voisin, on en prend un et puis …
... et puis viennent les regrets (terribles), plus qu’à pleurer sur mon pauvre sort, plus qu’à imaginer pitoyablement ce petit rosé en terrasse avec Martha tel qu’il m’était promis … … …
C’était Goob en direct des lendemains de fêtes qui (dé)chantent … pour le cargo !
Et pendant ce temps là, la France est en demi-finale, yay !
Avant de lire le cargo !blog, je pensais que regarder un match de foot était une activitée reposante et au final, peu dynamique.
Mais avec Goob, je me rends compte que c’est bien plus excitant !