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publié par Mickaël Adamadorassy, Natalia Algaba le 01/03/19
Odetta Hartman - Le Pop-Up du Label - 11/02/2019

La new-yorkaise Odetta Hartman aime brouiller les pistes, être là où on ne l’attend pas : une fille de Brooklyn qui aime les cowboys et la musique country ? Et bien oui, comme elle nous l’annonce dès le début du concert « Nous venons de New York et nous aimons la musique country ».

Face à cette multi-instrumentaliste extravertie, drôle, qui assume autant son grain de folie que sa vocation de « thérapeute musicale », impossible de rester de marbre. Pour ce concert au Pop-up du Label, elle nous offre une performance artistique joyeuse et festive qui va du concert folk à une surprenante pièce de théâtre . Elle passe d’une mélodie jouée au violon au rock sur une Telecaster qui porte les traces de ses coups de médiator rageurs, en passant par la musique traditionnelle américaine au banjo et à une reprise du « Rehab » d’Amy Winehouse. Elle est capable de nous faire rire avec ses confidences déjantées et de nous effrayer ensuite avec des histoires des fantômes. On serait donc bien embêté s’il fallait la classer dans un genre bien précis car elle n’est jamais à un endroit mais un peu partout.

Le concert débute de façon très originale avec Alexander Freedom sur scène qui fait sonner les chimes alors qu’Odetta, au violon, traverse la salle et joue au milieu du public. Les lumières tamisées et leur musique nous emportent peu à peu dans un conte de fées. Alexander retourne à la batterie et nous ensorcelle avec des sons mystérieux : des shakers, un bâton de pluie, des cloches, un tambourin, des chants d’oiseaux enregistrés … Il va nous jouer d’un peu de tout pendant cet incroyable set qu’ils ont offert au chanceux public du Pop-up. Une chanson country au banjo va suivre et puis le show d’Odetta vire vers le déjanté : elle annonce une chanson d’amour, « You you », et met des lunettes en forme de cœur alors qu’Alexander derrière, fait des bulles de savon. Le public suit le rythme avec les mains, tout le monde est complètement sous le charme de l’étonnante new-yorkaise.

La suite du concert devient de plus en plus rock et la voix magique d’Odetta fait aussi des merveilles dans le registre plus rageur d’une Janis Joplin. Et ainsi, on se laisse emporter dans ce voyage de la Sicile au Tennessee, de l’Italie à l’Amérique texane, de Paris XII aux casinos du Nevada. On est sous le charme d’Odetta ,prêts à la suivre partout dans ce voyage magique. Elle se met à nous raconter des histoires, et mon Dieu, qu’elle fait cela bien ! En arrière-plan, des sons de la mer, des hirondelles…et on passe du désert à la mer sans se rendre compte jusqu’à ce qu’elle nous pointe avec son banjo brandi comme un fusil à la fin de « Misery » et qu’elle nous fasse sortir de notre transe. « On l’a fait » se réjouit-elle, « Merci beaucoup, Paris ! On a réussi à chanter ces quatre chansons effrayantes ! ». Et elle remet ses lunettes d’amour et nous invite à nous embrasser, nous faire des clins d’œil, et à danser dans une nouvelle chanson pour les amoureux.

L’enchaînement des chansons paraît incongru et un peu chaotique mais la vérité c’est qu’on adore ! Elle nous demande ensuite d’utiliser notre imagination pour l’accompagner dans une vieille chanson chantée par les travailleurs des voies ferrés américains et finit le concert sur « Cowboy song » et « Rehab » d’Amy Winehouse.

Pour les rappels Lonny Montem et Refuge remontent sur scène pour la rejoindre, ils vont faire les chœurs d’une vieille chanson country des années 50 de Woody Guthry (un autre de ses héros, nous dit-elle) « I ain’t got no home in this world anymore » qui dénonce le racisme du père de Donald Trump.

Quel concert et quelle prestation ! Odetta nous a invité à voyager ce soir et on peut affirmer qu’elle réussit son pari de thérapeute musicale car, pendant tout le show on est parti avec elle, loin, on a oublié tous les tracas de la vie. Son imaginaire, ses paroles, son mélange de soul, de rock, de musique électronique et de country américaine est une bouffée d’oxygène dans ce monde de brutes ! Aller voir un concert d’Odetta Hartman est une expérience que je vous conseille à tous et c’est bien moins cher que de se payer un psy !

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