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publié par alex le 29/03/00
oasis + cotton mather - Le Bataclan, Paris - 21/03/2000
Le Bataclan, Paris

jack daniels

cinq ans. oui, cela faisait cinq ans qu’oasis n’avait pas fait de concert à paris, depuis le zénith en 1995. autant vous dire qu’on les attendait au tournant les frères gallagher. beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis ce soir du zénith 95. résumons en quelques phrases les derniers épisodes de la saga gallagher : oasis frôle le ko définitif mi-96 à quelques jours du concert prévu à bercy, alors que les frères gallagher sont au paroxysme de tous leur excès. oasis rentre vite en angleterre pour retrouver ses esprits, mais noel comme liam continuent de vivre au-dessus de leurs moyens, financièrement, physiquement et psychologiquement. cela ne les empêche pas de sortir be here now, qui est une caricature de la musique d’oasis, gorgée de jack daniels et de cocaïne. une tournée mondiale suit, mais les membres du groupe n’y sont pas, et ne sont plus que l’ombre d’eux-mêmes.

au saut du lit

liam crée des incidents diplomatiques dans chaque pays que le groupe visite, et quand tout le monde rentre à nouveau en angleterre, un changement radical se produit dans la vie des frères gallagher : noel, qui commence à avoir des crises de panique en pleine nuit, se rend compte qu’il faut "tout arrêter tout de suite" et, sans devenir pour autant un moine tibétain, restreint sérieusement sa consommation de produits stupéfiants en tous genres. liam, de son côté, abandonne ses deux verres de whisky au saut du lit, et les deux frères deviennent même pères de famille, ce qui met forcément un peu de plomb dans la cervelle, pour autant qu’on en ait une (n’est-ce pas liam…). noel se remet au travail avec standing on the shoulder of giants, un album bien meilleur que le précédent, et sur lequel une certaine modestie pointe ça et là. on est loin du " toujours plus fort, toujours plus vite " de be here now. noel a rabaissé ses ambitions, les chansons sont moins tape à l’œil, beaucoup moins pompeuses, et même touchantes parfois ("gas panic" par exemple).

verres fumés

autre révolution au sein d’oasis, guigsy et bonehead (les deux musiciens qui étaient cachés à l’extrémité de la scène) partent en courant à l’idée de devoir supporter encore liam pendant une nouvelle tournée mondiale, et sont remplacés par deux excellents musiciens anglais, gem et andy bell. tout semble donc rassemblé pour qu’on pardonne à oasis ces cinq années d’absence des scènes parisiennes. deux mots sur la première partie d’abord, cotton mather, les chouchous de noel  : ça ressemble aux beatles, étonnant, et leur concert est agréable mais pas transcendant. le public reste impassible, contrairement aux deux frères gallagher qui ont investi le balcon incognito, et qui apprécient en fans. le public s’échauffe sérieusement avant l’arrivée sur scène d’oasis, les anglais provoquant les supporters du psg présents dans la salle, et la bière commence à faire ses effets. il ne manque donc plus qu’oasis sur scène. "fucking in the bushes" explose dans les enceintes, et le public se déchaîne alors que les frères gallagher font leur apparition sur scène. liam est en jean et veste de jean, avec une écharpe autour du coup et les fameuses lunettes aux verres fumés sur le bout du nez. il harangue la foule comme lui seul sait le faire, et les anglais qui ont fait le déplacement jubilent comme au bon vieux temps.

frères réunis

le groupe commence par le single, "go let it out", qui est loin d’être une des meilleures chansons d’oasis, mais qui passe comme une lettre à la poste dans ce bataclan en fête, liam mugissant les paroles et le refrain "go let it out" comme s’il avait 500 000 personnes devant lui. suit "who feels love", psychédélique et beatlesque à souhait, qui s’étend sur de longues minutes, les mêmes paroles étant répétées indéfiniment par liam. "supersonic", premier tube mondial des jeunes de manchester, est énorme, le son déchirant les tympans comme au bataclan en 95. "acquiesce", la chanson des frères réunis, est magique, les frères se partageant les couplets et le refrain dans un déluge de guitares et de basse. "shakermaker" n’est pas mal du tout et surtout est nettement mieux jouée que lors des tournées précédentes. "gas panic" est un des grands moments du concert, cette chanson est d’ailleurs peut-être la chanson clé du nouveau oasis, liam chantant les paroles touchantes de son frère, "my family doesn’t seem so familiar, and my ennemies all know my name (…) you’d better get on your knees and pray, panic is on the way". "sunday morning call", comme sur l’album, est chantée par le grand frère, et est très réussie.

pied de nez

"roll with it" est restée la même "party song" qu’à l’origine. "stand by me", qui ravit le public reprenant les paroles comme un seul homme, est la seule chanson de be here now qui nous sera infligée ce soir, comme quoi les gallagher sont bien plus lucides qu’on veut bien le dire. "wonderwall" est un autre moment difficile de la soirée, cette version électrique chantée par liam étant assez pénible, et en tout cas beaucoup moins réussie que la version acoustique chantée par noel, quoiqu’on en dise. "i can see a liar", une autre chanson du dernier album, est un sommet de rock lourd et agressif, sur lequel liam peut s’en donner à cœur joie. et "don’t look back in anger" reste une grande chanson pop, même si noel ne la chante pas parfaitement. les rappels commencent par une reprise convaincante du "helter skelter" des beatles, chantée par noel. on sent toute l’admiration du cerveau d’oasis pour les beatles dans la façon dont il chante, à pleins poumons, ce standard repris par tant de groupes, aussi différents que u2 ou noir désir. "live forever", la meilleure chanson des débuts d’oasis, est toujours rayonnante. le groupe termine par un "rock’n’roll star" endiablé, fougueux, au son énorme, comme un dernier pied de nez aux détracteurs d’oasis présents dans la salle, et on ne peut qu’acquiescer quand liam nous mugit dans les oreilles : " tonight, i’m a rock’n’roll star ". ce soir, on a vu un grand groupe de rock remettre les points sur les i et rappeler qu’en matière de rock ils n’ont de leçons à recevoir de personne, même si noel n’est plus aussi inspiré dans l’écriture de ses chansons qu’à ses débuts.

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publié par le 29/03/00