Au son du banjo dépressif

Quand on atterrit sur la page myspace de O’Death un peu par hasard pour tout dire et qu’on lit qu’il s’agit là de musique Gothique / Country / Punk, on se marre. Ah qu’ils sont drôles ces américains !! On est tombé chez des comiques : les Gotenair outre atlantique. Alors avec une curiosité et une certaine crainte on décide de se lancer dans l’écoute de Broken Hymns, Limbs and Skin. Vous avez déjà vu le film l’experience interdite ? êtes-vous assez âgés pour vous souvenir de cette émission Temps X présentée par les frères Bogdanoff et de leurs mentons qui n’étaient pas encore télescopiques ? Et bien ici aussi on navigue un peu dans la même irréalité : une sorte de dimension parallèle, de contrées musicales jamais explorées auparavant ou en tout cas pas de manière aussi profonde.

Car en effet ce que l’on entend là c’est un son hybride naviguant entre de la country-folk avec l’énergie du punk et la noirceur et l’esthétisme gothique. Ce n’est pas surprenant c’est carrément stupéfiant comme écoute et découverte. Un peu comme si Les Pogues faisaient un concert un soir de pleine lune au Père Lachaise avec des tatouages anarchy in Uk sur tout le corps ou plutôt leur squelette dans le cas présent.

Peut être est ce là une forme de « concept sauvetage » dans cette industrie musicale qui va si mal : le mélange des genres ? Plutôt que de se cantonner à la seule country ou au public gothique, on va tout prendre, tout mélanger et peut être plaire ainsi à tout le monde.

Les cow-boys eux aussi portent de longs manteaux noirs

A me lire comme ça on pourrait croire qu’il s’agit là d’un peu tout et n‘importe quoi : un album à écouter pour se fendre la poire ou en fond sonore d’une soirée costumée. Etonnamment Broken Hymns, Limbs and Skin tient la route et s’écoute avec beaucoup de plaisir. Tous les morceaux ne sont pas non plus exceptionnels surtout quand la touche country reprend le dessus sur le reste. Mais lorsque le tout se mêle habilement, subtilement comme sur « Low Tide » ou « Home » c’est non seulement très réussi mais également jubilatoire. « Vacant Moan » est un bijou dans la construction musicale entre ses ruptures de rythmes, son chant saccadé, ses passages beaucoup plus en retenu au son du banjo et ses envolées “pogot(h)iques”.

Il faut bien l’admettre qu’on aime ou pas les barbus, qu’on s’habille ou non de noir, que l’on se sente révolutionnaire ou pas, O’Death parvient à nous accrocher par la force de ses morceaux que ce soit dans leur interprétation ou dans les thèmes abordés.

Broken Hymns, Limbs and Skin c’est un peu comme ces camemberts chauds dégoulinants sur lesquels on déposait des tonnes de confiture et qu’on s’amusait à bouffer avec nos copains dans notre adolescence. Il y avait là un goût étrange à la mise en bouche et la surprise d’apprécier ce mélange étonnant. Certes on n’en mangerait pas tous les jours mais de temps en temps, la tentation reste fort agréable...