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publié par Renaud de Foville le 15/05/00
nima majd - jouer led zeppelin sur une cithare

nima majd c’est la dernière signature lithium. il vient de sortir un album passionnant, in my kindred avalanche (cf chronique) et part en tournée pour les deux mois à venir. on ne pouvait pas passer à coté d’un entretien avec un jeune homme qui a appris à jouer led zeppelin sur une cithare. on a donc eu la chance de rencontrer, pour notre plus longue interview - la cassette de 60 minutes s’est arrêté bien avant la fin - avec un nima majd adorable, drôle et particulièrement heureux de nous présenter son nouvel album...

le cargo ! : comment cet album a t’il été signé sur un label français (lithium, label de dominique a, programme ou encore mendelson...) ?

nima majd : je suis venu en france il y a à peu près deux ans et des gens que j’ai rencontré m’ont parlé de vincent (fondateur de lithium) en fait, j’ai envoyé les démos de l’album aux labels américains, je connaissais certains d’entre eux, mais ils n’étaient pas franchement intéressés. ici j’ai entendu parler de lithium, les gens me disaient de prendre contact avec ce label, qu’il y avait des groupes comme mendelson à ce moment là, c’était pour la sortie de leur premier album. je l’ai écouté ainsi que d’autres choses sur lithium et je leur ai envoyé une cassette de huit morceaux, et puis, après m’être entendu dire de rappeler plus tard, puis de rappeler... enfin après 200 coups de fil... tu sais comment ça marche... vincent a écouté, je l’ai rencontré et c’est comme cela que tout a commencé. ensuite j’ai joué au moloko, à pigalle avec mendelson justement. le label m’a demandé 14 morceaux pour faire un album, alors il a fallu que je me débrouille pour trouver un 4 pistes pour pouvoir enregistrer d’autres morceaux. tout cela a pris environ 7 mois, je lui avais donné la première cassette en décembre et finalement à l’été nous avons décidé de faire un album. un autre groupe du label, perio, avait rencontré un ingénieur du son à new york, nicolas verne qui habitait là-bas, et comme j’aimais leur album, j’ai pensé que cela serait une bonne idée de travailler avec lui. alors je suis allé à new york 4 fois, de washington, puis je suis venu ici, puis j’y suis retourné, enfin bon tu vois... et deux ans plus tard me voilà !

le cargo ! : certaines chansons comme "amarynth", "skin" ou "loom" sont d’une construction assez classiques, comme de la folk song américaine, très acoustique, pendant que d’autres sont plus complexes, presque expérimentales - "the clear chamber" ou "ionev". comment as tu choisi les chansons et leur ordre ?

nima majd : honnêtement l’album est varié car tous les morceaux ont été écrits à des périodes différentes. des morceaux comme "loom" ou "amarynth" ont été écrits à des périodes similaires. et "ionev", "clear chamber" et "raw & pander" à un autre moment. il y a eu 14 morceaux enregistrés au départ, 15 même, et de là on a commencé à choisir lesquels seraient l’album, les plus aboutis. de là ont a eu 3 ou 4 idées différentes pour l’ordre des morceaux. je proposais un ordre à vincent, on en parlait, il faisait aussi des suggestions et on arrivait à un résultat. on écoutait et ré-écoutait les résultats. tu sais sur ordinateur tu peux changer l’ordre... je faisais comme ça, je changeais l’ordre des morceaux. puis je ré-écoutais. pour moi, il était important que l’album soit varié, je trouve cela plus intéressant. je voulais que cela soit comme une vague, que ça monte et ça descende plutôt que dur ou doux tout le temps. j’écoute beaucoup de musique et j’entends des trucs, j’aime qu’un groupe ait son propre son ou un son particulier sur tout un album. mais j’ai préféré expérimenter plutôt que de réfléchir à la construction des chansons. c’est plus comme ça que l’album a pris forme. aussi j’ai voulu que cela reste simple, que le mouvement reste simple : sur l’album par exemple d’"amarynth" à "skin", la dernière mesure enchaîne directement sur la chanson suivante. sur un vynil, il y a une face a et une face b et avec le cd on a plus ça. l’idée avec "room pender" c’était de clôturer la première partie de l’album de façon à ce que quand "loom" commence ça fait un peux plus longue, comme si un autre mouvement allait commencer... je ne sais pas...

le cargo ! : l’album se fini sur "is your anger love ?" n’est ce pas plus facile pour l’auditeur que "ionev" par exemple. c’est la dernière chanson de l’album, la dernière idée que l’on en aura... pourquoi ce choix ?

nima majd : "is you anger love ?" fut un choix difficile car à un moment l’idée était de finir avec "ionev". et encore avant, on voulait finir avec... en fait on voulait mettre les morceaux semblables sur un face et les autres qui étaient comme ces chansons sur l’autre. quand j’écoute le cd maintenant la flûte à la fin me fait penser au début de l’album à cause du mouvement entre. au début il y a deux guitares et à la fin il y a ces deux... c’est comme cela que je le vois maintenant et d’une certaine façon j’ai peut être fait comme ça inconsciemment. on aurait pu finir différemment je pense. je ne sais pas. peut être le fait que cela soit calme donne cette sensation de final. en un sens, quand tu dis que c’est classique et que cela a été fait de façon classique avec une première, une second et une troisième partie dans la construction en tant qu’idée, en tant que mouvement de quelque chose. mais je ne sais pas comment s’est possible avec la pop, c’est pas pareil. si tu l’écoute comme je le fais, ça reflète le début dans une variation et ça porte aussi le titre, c’est un peu ambigu.

le cargo ! : écoutes-tu ton album comme un autre de ta collection maintenant ?

nima majd : arrivé à un moment je me suis "sorti" de l’album, il y a deux ou trois mois. j’ai lâché prise par rapport au processus de le fabriquer. je n’ai pensé qu’à ça pendant près de deux ans et les morceaux ont été écrits encore plus tôt. maintenant quand je l’écoute, il m’arrive encore d’émettre des critiques évidemment. c’est difficile de juste l’écouter comme autre chose, parce que tu te souviens avoir été là, et pourquoi ceci ou cela. je peux apprécier mais ce que j’écris maintenant est influencé par ce que j’ai déjà accompli sur cet album. je voulais que cela soit écoutable, c’était le but, peu importe les sons que étaient crées. je voulais que cela soit facile d’accès. et c’est ce que je ressens maintenant quand je l’écoute, qu’on peut s’asseoir et l’écouter, qu’il n’est pas obtus et qu’il est facile de comprendre ce qui se passe avec le son, la direction qu’il prend, que c’est évident en quelque sorte. avec un peu de chance, j’arriverai peu être à l’écouter comme n’importe quel quidam un jour, mais je pense que cela va prendre un an ou deux avant que j’y arrive. j’ai vécu longtemps avec certaines de ces chansons, c’est pour cela. je le jouais, je travaillais, je voyageais et je les gardais, je les jouais dans différentes villes. j’ai joué certaines avec des musiciens latinos, comme du jazz latinos parfois. et d’autres fois dans des environnements complètement différents, avec des musiciens différents, pour voir jusqu’où elles pouvaient aller, ce qui était possible d’en faire.

le cargo ! : tu travailles souvent tout seul...

nima majd : oui je travaille pratiquement toujours seul, à part avec l’ingé son et quelques copains musiciens qui sont venus sur un morceau ou deux...

le cargo ! : comment a t’on le recul nécessaire sur son travail quand on est seul pour prendre des décisions ?

nima majd : ce que je fais.. la façon dont cet album a été conçu, j’avais déjà fait des démos de ces chansons et je le jouais à différents moments comme cela je pouvais avoir la réaction des gens, avoir une idée de leur interprétation en tout cas. j’avais déjà une idée de ce que je voulais faire, on ne peut pas se détacher quand on est dedans. et j’ai appris un peu comment à l’enregistrement, enregistrer sans penser. avec nicolas, parfois on mixait tout de suite, le morceau était fini aussitôt et c’était très bien. parfois on revenait à un morceau et on trouvait le son trop épais - ce que je veux dire par là c’est que l’on arrivait pas à distinguer la basse de la guitare, de la batterie, tu vois - ou bien parfois c’était important que cela soit comme cela. cela m’a beaucoup aidé d’avoir nicolas avec moi, car il a aussi participé, c’est un peu comme si il avait co-produit en fait, de cette façon là. j’aurai pu travailler avec un producteur, je pense que cela peut être bien aussi d’avoir quelqu’un qui écoute et voit, en qui tu as confiance, qui connaisse bien ta musique. mais j’ai appris beaucoup en procédant comme on a fait et pour le prochain album ce sera plus évident de travailler.

le cargo ! : sur le prochain album joueras aussi toi même de tous les instruments ?

nima majd : cela dépend pour quelle chanson. pour l’instant j’ai des morceaux que je pense... un exemple "amarynth" a été enregistré quasiment en une seule fois, alors cela dépend parque ce qu’il se passe un truc quand des musiciens jouent live ensemble qui ne se produit pas quand tu rajoutes des pistes. mais sur un morceau comme "ionev" j’ai joué et chanté à des moments différents et j’aime ça aussi, le timing de cette chanson est très étrange. donc tu peux faire des choses que tu ne peux pas faire live, des fois c’est très difficile d’essayer de casser le rythme pendant que tu jours live, d’avoir des rythmes différents, c’est très compliqué. c’est plus facile quand tu veux que cela n’ait pas de sens de faire comme cela .

le cargo ! : est ce facile pour toi d’écrire des morceaux ?

nima majd : non en fait, ce n’est pas facile, pas pour moi. pas parce que je n’ai pas d’idées mais c’est difficile parce que je... peut être parce que je ne me facilite pas les choses, je ne sais pas. si ça se trouve, ça vient de ma propre cervelle qui rend les choses difficiles. en fait, je préfère prendre mon temps avec mes chansons. des fois on écrit une chanson parce qu’elle vient en une seconde, ça m’est déjà arrivé, il y a des morceaux comme ça sur l’album, comme "amarynth" par exemple, qui m’est venue d’un coup, à san francisco. j’étais assis dans l’appartement d’un ami qui me l’avait pressé, j’étais seul et je n’avais rien d ’autre à faire que de jouer - j’étais là-bas pour une semaine ou deux - et voilà, je jouais avec le chat, fumais de l’herbe, je me baladais sous le soleil de san francisco - et je rentrais, et je jouais... et cela m’est venu ! mais quand j’ai commencer à bosser sur les paroles, un peu plus tard, je les ai compressées par rapport à celles d’origines qui étaient plus longues. je ne suis pas trop les textes longs, je ne veux pas en faire des tonnes, c’est une histoire de balance avec la musique...

le cargo ! : quelle importance ont les paroles pour toi ? pour certains groupes la voix n’est qu’un instrument...

nima majd : cela dépend. sur "is your anger love ?", par exemple, c’est important. ca fait partie des instruments parce qu’il n’y en a pas beaucoup et les paroles sont importantes pour l’ensemble. mais sur des morceaux comme amarynth, la basse, la batterie, le rythme est plus important, j’aime les paroles mais le morceau tient plus sur le rythme, tout repose en fait sur la construction rythmique du morceau, plus que dans la guitare et la voix. un peu comme le jazz d’une certaine façon, il y a une sensation d’improvisation mais construite sur une base stricte de 4 - couplets/refrain. alors parfois les paroles ont de l’importance, parfois non. c’est comment vous dites déjà... ? "n’importe quoi".

le cargo ! : commences-tu les morceaux avec des paroles en yaourt, par exemple ?

nima majd : si j’avais été avec un groupe cela aurait été parfait pour ça mais parfois pour obtenir des variations il faut utiliser des choses différentes. j’attends aussi des autres musiciens. quand je joue avec mat, il y a des choses qu’il fait quand on joue, je n’ai même pas besoin de parler. mais parfois j’ai besoin de jouer avec des gens moins compétents musicalement, qui ont plus un son qu’autre chose. juste ce son ou leur voix, ou la façon dont ils jouent une note. en fait il faut être conscient de plusieurs choses à différents moments. parfois je marche et j’entends un bruit, je m’en souviens. comme le bruit de ton dat, par exemple je vais m’en souvenir (ce dat fait un bruit absolument infernal au démarrage... ndr). et cela me donne des idées que je peux ré-utiliser à certains moments...

le cargo ! : sauf que le son de mon dat est protégé, j’ai les droits et un bon avocat...

nima majd : ha oui, je vois, je ne peux pas l’utiliser ? ok, faisons un contrat et viens jouer...

le cargo ! : dans la bio que donne la maison de disque tu parles de jazz. certains commes sonic youth ou p.j harvey sont influencés par la liberté que l’on peut trouver dans le jazz, le fait d’essayer des choses nouvelles et différentes...

nima majd : je ne sais même pas comment cela se produit parfois. tu peux prendre n’importe quel morceau et le transformer en ce que tu veux, c’est possible maintenant avec les ordinateurs... regarde ce que font les djs, ils transforment des chansons tout le temps. mais la liberté du jazz... dans un sens c’est là que j’ai vraiment commencé aussi avec mon père, son grand-père, son père, mon grand-oncle. ils viennent tous de la musique d’improvisation, la musique iranienne. et comme avec le jazz, avec la mélodie principale et les variations qui en découlent et d’une certaine manière j’aime l’idée de pouvoir explorer pendant un morceau. je ne pense pas que je pourrais enregistrer en direct.

le cargo ! : en concert tu as l’air de pas mal improviser....

nima majd : bien sur en live il y a une part d’improvisation. les morceaux sont achevés, finis, alors je ne veux pas vraiment continuer à faire des variations dessus mais en live il y a bien sûr des petites variations qui se produisent. il y a toujours un petit quelque chose de différent. parfois c’est juste le son, ou c’est moi qui improvise, mais cela peut être aussi comment les instruments sont accordés. on est sensé tourné bientôt et à certains moments du concert il y aura une part d’improvisation, des trucs qui n’auront rien à voir avec la façon dont ils sont joué sur l’album. j’aime cette idée, ça fait super peur, jouer ce que tu ne connais pas. on en a parlé avec matt. j’adore jouer de la musique, j’aime aussi enregistrer, ça peut être génial aussi mais je joue surtout pour le plaisir.

le cargo ! : sonic youth a joué il y a quelques jours à beaubourg. c’était assez incroyable. 75 minutes d’improvisations ou presque, est ce une influence pour toi ?

nima majd : sonic youth m’a vachement influencé à un moment, je ne sais pas si cela s’entend dans ma musique. mais c’est par choix. il y a des groupes que j’adore, comme blonde redhead. mais j’ai préféré aller dans ma propre direction sur l’album. tout baser sur les chansons et la façon de les jouer. un autre groupe c’est le velvet underground, que j’aime énormément depuis bien plus longtemps que sonic youth. j’ai entendu différentes version de leurs morceaux - joués par plusieurs formations différentes du velvet - et cela n’était pas la même chose pour moi. sans john cale ils ont joués avec des musiciens de jazz ou autre et je respecte l’idée d’improviser comme cela mais alors qu’il s’agit d’un morceau qui a un début et une fin bien définis, tu n’as pas envie d’improvisation du tout. il n’y en pas besoin. ca peut être difficile de jouer le morceau fidèlement live aussi à chaque fois. pour moi par exemple je ne voudrais pas improviser avec un morceau comme "loom" par exemple. je vois à quel moment je pourrais d’ailleurs dans ce morceau. mais dans un sens j’improvise quand même un peu avec le ton, il peut être un peu plus agressif ou des fois passif, pas passif mais comment dire... plus doux. et c’est là que le texte est important, quand les mots sortent de ma bouche, je peux les improviser. des fois je change les paroles des chansons en les chantant. la variation est microscopique dans ce cas là. mais comme je disais, sur les nouvelles chansons que je joue maintenant, il y a plus d’espace pour improviser car elles sont beaucoup plus directes rythmiquement parlant. il y a plus de liberté et en les jouant live avec un groupe on pourrait les transformer de différentes façons. et j’ai bien l’intention d’explorer ce coté là. il y aura des moments ou je vais jouer et complètement avoir cette sensation d’improvisation. j’ai beaucoup joué de cette façon déjà, pas mes morceaux, mais quand j’étais bassiste pour d’autres groupes ou avec mat et d’autres gens qui jouent sur l’album. j’ai fait un concert d’improvisation avec le batteur qui joue sur "amarynth" à new haven, connecticut, un soir et je jouais de la flûte et je ne savais plus quoi faire avec alors j’ai pris une cannette de coca et j’ai commencé à la compresser pour obtenir un bruit. et on avait un, comment s’appelle cet instrument... faut bouger la main... un theramon (?) (ndlr : un thérémine !) ... enfin c’est un instrument génial (les mercury rev en live en raffole, ndr). on avait un synthé, une guitare avec une pédale delay et je disais tout ce qui me passait par la tête... je parlais de trucs débiles, c’est cool et ça foutait les jetons aussi... pour ma part je reste toujours conscient du fait qu’une improvisation à un moment donné peut durer des plombes, cela devient trop et parfois cette liberté est tout sauf libre à tel point que cela devient juste le chaos. c’est important de se tenir à une mélodie ou à une idée qui tiennent l’ensemble. alors quand j’entends un morceau comme "providence" de sonic youth cela sonne comme de l’improvisation construite mais je ne pense pas que j’aimerai entendre ce morceau joué différemment que sur l’album par exemple. il est juste parfait comme cela.

le cargo ! : connais tu le groupe spain ?

nima majd : non, je ne connais pas spain.. c’est incroyable comme les gens en france connaissent des groupes américains dont nous mêmes, américains, n’avons jamais entendu parler.

le cargo ! : c’est parce qu’on en a un peu marre de tous les groupes que l’angleterre essaie de nous imposer... comme meilleur groupe de rock du monde !

nima majd : oui, mais l’angleterre a un coté unique parce que c’est une île. et la france est connecté au reste du continent. même en amérique tu vas de new-york à washington, à la californie. par exemple le hardcore de washington est différent du hardcore de seattle, ou de san-francisco ou d’austin au texas. pour chaque région c’est très différent. washington a un son très particulier, il y a deux genres : un style de rock que l’on entend partout comme le dave matthews band, les groupes locaux jouent soit ce genre de musique ou alors ils ont un son entre la pop et le punk hardcore, un mixe entre les deux. pour les gens la bas les deux genres sont bons. et si tu essaies de faire quelque chose d’un peu différent les portes se ferment très vite, tout le monde s’en fout.

le cargo ! : josh hadden de spain nous a dit qu’il avait choisi chaque instrument, chaque son de son dernier album en fonction des sensations que cela procurera à l’auditeur...

nima majd : par exemple sur "clear chamber" ça été très difficile d’obtenir ce résultat de son. je recherchais quelque chose comme le son lfo qu’il y a au début mais cela n’a pas été facile. mais je savais en la jouant que c’était ce son là qui était nécessaire, qui est très particulier.quand j’enregistre, j’improvise pas mal pendant et puis je diminue, j’élague jusque cela devienne le morceau. alors si tu écoutais les titres bruts, comme cela, ça paraîtrait n’avoir aucun sens, il y a en même temps un moog sur tout. l’idée c’était que quand les paroles commencent, le son du refrain est fait de quatre guitares différentes, une qui joue chaque accord. le résultat est que le son est un peu plat au départ et il devient de plus en plus clair et puis cela repart à nouveau. ca été fait à partir de quatre amplis différents et quatre guitares différentes. alors oui, parfois je fonctionne comme le chanteur de spain. mais sur "amarynth" j’utilise ma guitare acoustique, ça pourrait être une autre guitare acoustique... c’est important que cela soit acoustique, mais la guitare en elle même...

le cargo ! : y a t’il un vidéo clip pour l’album ?

nima majd : non je n’ai pas fait de vidéo, j’aimerai bien, je n’en ai jamais fait, alors cela serait marrant d’essayer, de voir. j’ai expérimenté tout seul avec une caméra vidéo, j’ai essayé de me filmer, mais comme je ne pouvais pas bouger la caméra... en fait on est en pour parler pour une vidéo en ce moment pour "amarynth"... c’est vrai aussi que "loom" est très cinématique. on m’a déjà dit que le son de l’album avait un coté très visuel.

le cargo ! : aimerais tu faire une bande originale pour un film ?

nima majd : si l’opportunité si présentait, oui bien sur, je le ferais. aussi, quand j’écris mes chansons... je parlais d’influence tout à l’heure, j’ai passé toute mon enfance à regarder des films français ? a 10 ans j’ai vu un film de godard et cela a été aussi intense que la première fois que j’ai pris un acide, cela a changé ma façon de voir les choses ! et même maintenant quand j’écris de la musique c’est un peu comme un film. mais je suis mauvais avec une caméra. je vois des images, j’apprécie vraiment mais je suis plutôt mauvais alors je n’essaie pas vraiment. je trouve que c’est plus facile de peindre. je peux prendre des photos mais pas sans avoir de concept en tête. l’idée de départ pour ce que olivier, le graphiste, à fait... il a fait les photos tout cela... il m’a proposé plusieurs idées et quand j’ai vu ça, cela m’a semblé être en phase avec l’album pour moi, aussi les photos, comme celles de l’intérieur. on a aussi discuté de la couleur de l’album, avec lui et d’autres personnes et on a trouvé que l’album appelait des tons bruns et oranges, des couleurs de terre ? ca c’est plus électrique, comme le bleu (il me montre l’intérieur de la pochette). j’avais mes propres idées et des photos que j’avais prises et que je voulais utiliser et puis j’ai vraiment aimé ce qu’il a fait alors j’ai donné mon accord. on a essayé plusieurs trucs pour écrire, utiliser le titre... et c’était pas mal mais pour certaines raisons je ne sais pas pourquoi... ca fait cela aussi avec la musique, parfois t’entends un truc et tu te dis "tiens, cela pourrait être un morceau folk acoustique" et là un élément se rajoute qui casse le truc, c’est presque comme un tampon. l’image derrière, c’est comme des autocollants, plutôt que d’écrire sur une même idée. pareil avec l’album, ou même en live cela devient important. si je vais jouer un morceau devant des gens qui le connaissent et que je l’interprète complètement différemment, pour moi cela serait bizarre. comme tu disais pour sonic youth qui viennent jouer en concert tout sauf sonic youth - cf la chronique du concert de sonic youth à beaubourg - les gens savent à quoi s’en tenir. là c’est différent. mais tout à coup s’ils se mettaient à jouer leur morceau cela pourrait être marrant et intéressant d’ailleurs. en tout cas pour moi et pour le moment cela doit être consistant entre l’image et le son...

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publié par le 15/05/00