iran

nima majd c’est la nouvelle signature lithium. un label qui sort dominique a, diabologum, programme ou encore oslo telescopic, on ne peut que écouter les yeux fermés... vous pouvez aussi les ouvrir pour regarder les très belles photos de la pochette, très classe. nima majd est un multi-instrumentiste d’origine iranienne qui vit à washington et qui a signé avec un label français pour enregistrer - seul, sauf sur deux morceaux, avec un ingénieur du son - à new york... il y a deux " sortes " de morceaux sur for my kindred avalanche, deux catégories bien distinctes - que l’on ne retrouve pas en deux parties différenciés sur le cd. d’abord les morceaux à structures classiques où l’on ressent une influence de la folk américaine et de groupes comme les violent femmes - ce qui donc pourrait vous faire penser, de loin, à louise attaque pour certaines sonorités, guitare sèche en avant et voix un peu rocailleuse, au ton légèrement triste.

rocailleuse

ce sont des morceaux comme "amarynth" - qui ouvre l’album -, "skin" ou "is your anger love ?" - qui clotûre l’album sur une note d’apaisement après l’incroyable "ionev". c’est aussi le superbe "loom". nima majd seul avec sa guitare nous offre un morceau d’une très grande beauté mélancolique. très pur, très simple, très prenant. on y colle tout de suite des images, des sentiments ou des sensations. ces morceaux nous révèlent un véritable talent de songwriter. sur des mélodies solides et imparables, la voix de nima majd s’ajuste parfaitement avec le climat de chaque chanson. de plus il n’hésite pas à essayer, à mélanger les sonorités, à trouver de nouveaux sons et de nouvelles idées - comme enregistrer les notes de chaque corde sur une guitare différente pour certains morceaux. cette liberté et cette envie d’expérimentation se révèle complètement sur les morceaux comme "the clear chamber", "raw and pader" ou encore "ionev".

crise créative

avec "achromatic garden" on se situe à mi chemin entre les morceaux à structures classiques et les expérimentations comme "the clear chamber" ou surtout "ionev". la voix de nima majd est déformée, légèrement saturée comme une longue plainte, la guitare usant d’une légere réverb répète dans un désordre savant les mêmes notes - dans les aigus. hypnotique ! mais c’est surtout avec "raw and pander" et "ionev" que nima majd bouleverse les conventions et pousse au maximum ses délires et ses recherches sonores. "raw and pander" est un morceau torturé, sur un rythme proche du beat techno, des guitares délirantes accompagnent une voix fantomatique et une batterie délirante. passant par des phases de calmes, des bruits de sous marins - chacun y met ce qu’il veut bien sûr - ou des notes folles virevoltent dans ce monde délirant. on a l’impression de visiter le cerveau de william burroughs en plein milieu d’une crise créative. impressionnant ! si la guitare de "ionev" commence très classiquement, on dirait presque un morceau de guitare classique ou de jazz folk d’europe de l’est. très sobre, très digne, c’est pour ensuite se retrouver accompagnée de sons étranges, créant un climat complexe et palpable. des sons répétés, confus, lointains qui enveloppent la voix, à mille lieux de celle des premiers morceaux de l’album - "skin" ou "amarynth" - c’est une voix plaintive ou fantomatique, un cri retenu, que des sons de plus en plus forts, de plus en plus flippants viennent avaler pour la faire disparaître avant de finir sur l’apaisement de "is your love anger ?", qui n’est pas sans rappeler le magnifique unplugged de nirvana. un album passionnant et d’une très grande richesse. beau et mystérieux.