accueil > articles > séries > New Amsterdam

publié par Mickaël Adamadorassy le 21/01/25
New Amsterdam - Saisons 1 à 5
Saisons 1 à 5

S’il fallait situer New Amsterdam dans le genre déjà largement peuplé des séries médicales, on pourrait dire qu’il y a autant de soap opera que dans Grey’s Anatomy, beaucoup de "vis ma vie aux urgences" comme dans... Urgences, peu d’intérêt pour les puzzles médicaux comparé à Docteur House et enfin un personnage principal, Max Goodwin, qui est l’exact opposé de notre diagnosticien misanthrope préféré. Un médecin qui veut soigner l’hôpital, voir toute la société. Pauvreté et déclassement, questions de genre et inclusion, racisme systémique, santé mentale. Tous ses débats qui agitent actuellement la société sont abordés dans cette série qui se veut militante, se fait caisse de résonance du malaise du système de santé américain.. Ce qui change des grandes préoccupations comme "qui couche avec qui dans la salle de repos ?" ou de savoir si c’est un Lupus... mais rassurez-vous c’est aussi au programme !

"How Can I Help ?"

Max(imus) Goodwin , rien que le nom déjà donne une idée de ce qui anime le personnage principal de New Amsterdam. Un jeune quadra en baskets et barbe de dix jours, qui met un point d’honneur à porter une blouse de médecin plutôt qu’un costume. Il s’est donné pour mission de corriger tout ce qui ne va pas dans le système de santé américain, même si pour cela, ilfaut tout casser pour reconstruire en mieux. Et c’est ce qu’il fait dès le premier jour en virant tout le département de cardiologie parce qu’ils privilégient le profit et en énonçant pour la première fois son motto : "How Can I Help ?" , un "comment puis-je vous aider ?" qui fait résolument écho au serment d’Hippocrate mais chez Max c’est plus que cela, c’est son identité, une vocation venue à un très jeune âge alors que sa sœur était soignée dans ce même hôpital.

A chaque épisode ou presque des cinq saisons de New Amsterdam, un nouveau cheval de bataille : les remboursements des mutuelles privées, la crise de prescription des anti-douleurs qui fait gagner des milliards à Big Pharma, la logique comptable qui détruit les politiques de préventions. Ou alors on vous immerge dans les difficultés, le quotidien des soignants, comme pendant le Covid ou plus récemment la décision de la Cour Suprême annulant l’arrêt qui "protégeait" le droit à l’avortement. Et à chaque fois Max réagit au quart de tour, propose quelque chose de radical qui met la pagaille et généralement affole le conseil d’administration du New Amsterdam, souvent représentée par le personnage de Karen Brantley.

Soigner le système

Celle-ci est quasiment la seule source d’opposition à un Max qui serait sinon une sorte de "gentil despote éclairé". Elle a le mauvais rôle dans l’histoire mais le traitement du personnage est loin d’être manichéen et le personnage gagne progressivement en profondeur et passe du statut d’ennemi cordial à quelque chose de beaucoup plus flou selon la problématique du moment.

Des problématiques dont on apprécie aussi que les solutions à l’emporte-pièce de Max ne parviennent pas à les résoudre du premier coût : ce qui traduit bien la complexité de ces problèmes sur lesquels les scénaristes ne sont pas naïfs : un homme tout seul dans un hôpital ne peut pas changer tout un système.

Mais le message que tente de faire passer New Amsterdam c’est que pour régler ses problèmes systématiques il faut bien commencer quelque part, par des invidus qui refusent le status quo, par des gestes d’humanité et de dialogue , par l’utilisation des contre-pouvoirs que nous offrent la société moderne.

Humanité

Parfois comme Max, c’est un peu too much, pas totalement réaliste, agaçant à force de bons sentiments, la parfaite rigueur morale et éthique du personnage le rend presque inhumain. Parfois le problème n’est réglé que pour un jour et on se dit et après mais bien souvent New Amsterdam fait mouche et avec son coeur gros comme çaaaaaa......aaa, les histoires qu’elles racontent vous font aimer ses personnages qui vont s’en prendre plein la figure et vous donnent envie d’être un peu comme Max.

Et de croire naïvement qu’un hôpital (voir toute forme d’entité sociale) peut-être soigné, à partir du moment où la personne aux commandes demande "Comme puis-je vous aider ?"

Sous-chien au grand coeur

New Amsterdam aura tenu 5 saisons à l’écran mais globalement que ce soit les internautes ou la critique, les avis sont mitigés. Cela peut se comprendre : pour les purs fans de séries médicales, rien de bien nouveau là-dedans et on sent bien que les maladies mystères ou les exploits chirurgicaux n’intéressent pas tant que ça les créateurs. Au niveau des personnages (la partie soap), en dehors de Max, aucun ne ressort au début, certains sont même plutôt antipathiques et il va falloir deux ou trois saisons parfois pour finir par les aimer.

Tout le poids de la série repose donc sur Max, alors qu’il peut aussi être agaçant. Mais c’est impossible de douter de sa sincérité et son cœur. Certains trouveront que c’est une ficelle parfois facile, de jouer sur l’émotion, les gestes d’humanité, de troquer le cynisme ambiant par des lunettes roses. C’est de bonne guerre mais si on écrit ses lignes c’est pour les autres, ce qui comme nous se laisseront séduire, prendront du plaisir à se faire un petit shot d’optimisme béat aux côtés des médecins du New Amsterdam.

P.-S.

Le dernier épisode de New Amsterdam laisse à penser que les scénariste ont appris un peu tard la fin de la série : en un épisode tous les fils narratifs en cours sont résolus d’un coup mais en même temps cet épisode émouvant bénéficie d’une idée géniale qui ouvre à la fois sur une suite et vous laisse à l’écran de fin avec une larme et un sourire en même temps, ce qui est franchement rare.

Partager :

publié par le 21/01/25