accueil > articles > albums > nada surf

publié par gab le 05/03/08
nada surf
- lucky
lucky

facilités

Les premières impressions ne sont pas forcément toujours les bonnes. Prenez Lucky, le nouvel album de Nada Surf. Comme pour leur précédente réalisation, la première chose qu’on se dit d’emblée en découvrant les morceaux c’est que le niveau se dégrade, qu’on est loin des hauteurs de Let go, qu’il y a un certain laisser-aller, bref, qu’ils se reposent un peu trop sur leurs facilités. Car ils savent y faire nos Nada Surf comme en témoigne le superbe morceau d’ouverture "See these bones", un classique du genre. L’ennui c’est que les morceaux suivants, à en juger rapidement, sont tout aussi classiquement Nada Surfiens mais en nettement moins fringants cette fois. Et là les questions se bousculent. Peut-on être trop classiquement Nada Surfien ? Sont-ils devenus leur propre caricature ? Doit-on changer de crémier pop ? Or s’il est évident que ce n’est pas tous les jours qu’on peut découvrir ou même écrire "80 windows", "Ice box" ou "Killian’s red", l’impression de départ, celle dont on aura beaucoup de mal à se défaire, reste tout de même qu’ils ne se sont pas vraiment foulé les p’tits gars. Et si on n’avait pas un gros faible depuis des années pour leur attitude, leurs personnalités et leurs belles chansons pop (cf les précédents articles sur le groupe), il n’est pas dit qu’on leur ait donné de deuxième chance de si tôt.

bain

Mais voila, il se trouve que ces jours-ci le beau temps nous revient, que fatigués en fin de journée ou sur le chemin du boulot on aspire à une certaine légèreté, qu’il faut varier un peu la musique de fond en faisant ses courses (Arnaud Michniak c’est bien, c’est décalé, mais à force on finirait par avoir envie de s’affaler définitivement au rayon conserves). On se remet donc Lucky une fois de temps en temps puis, sans y prendre garde, de plus en plus souvent, et enfin on se surprend à chanter "I like what you say", un sourire béat aux lèvres, en donnant le bain à sa fille un samedi soir (et dieu sait qu’on la trouvait niaiseuse à la base celle-ci). En un mot, on est contaminés ! Et à y regarder de plus près, une fois qu’on a mieux fait connaissance, on ne peut que se laisser prendre au jeu, se laisser entraîner par cette pop comme on n’en fait plus guère, simple, sans prétention, par ces mélodies qui donnent envie d’ouvrir la fenêtre et de chanter. C’est propre, c’est net et sans appel, "Whose authority" et ses cœurs californiens, "Beautiful beat" et sa mélancolie lancinante, "Here goes something" et sa rythmique sautillante, "Weightless" et ses refrains accrocheurs, "I like what you say" d’abord énervante puis à chanter sous la douche, dans la rue, où vous voulez mais fort. Et puis très rapidement se distinguent nos préférées, l’ultra-pop et ultra-réussie "Ice on the wing", l’intriguante et plus introvertie - ça fait du bien aussi - "the fox" et puis le morceau qu’on retiendra de cet album, celui qui restera dans 2 ou 3 ans, celui qui rejoint le palmarès déjà bien fourni du groupe : "See these bones". C’est pour des morceaux comme celui-ci, à la fois mélancoliques et aériens, si pop et si intimes, avec cette progression d’intensité si caractéristique, qu’on attend toujours autant de Nada Surf, 15 ans après leurs débuts.

fleur

Maintenant pour revenir aux choses qui fâchent, c’est donc la deuxième fois de suite qu’ils nous font le coup du bon vieux groupe de potes qui chante léger et sympa avec un ou deux morceaux plus captivants que les autres. La deuxième fois aussi qu’on joue le jeu, bon public. Mais il ne faudrait pas non plus qu’ils abusent trop longtemps de notre gentillesse, elle aussi légendaire. Alors pour le suivant, passons commande tout de suite, on aimerait qu’ils renouent sur la longueur avec leur song-writing à fleur de peau, avec cette émotion, cette mélancolie, tout en conservant leur pop savoureuse. Chose qu’ils ont parfaitement su faire par le passé et qui commence fortement à nous manquer.

Partager :

publié par le 05/03/08