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publié par Mickaël Adamadorassy le 12/03/20
Nada Surf - La Cigale, Paris - 11/03/2020

Face à l’interdiction des concerts de plus de 1000 spectateurs en raison du coronavirus, Nada Surf qui devait jouer à la Cigale (environ 1500 places) a eu une idée belle et généreuse, une idée qui leur ressemble : jouer deux concerts à la suite dans la même soirée pour répartir le public. Tout spectateur muni d’un billet pouvait venir à la séance dite des couche-tôt, début du show à 19h ou celle des oiseaux de "nuit" à 21h. Les deux avec la même durée annoncée et la même setlist pour qu’il n’y ait pas de jaloux.

On a assisté à la première des deux représentations et en arrivant dans la Cigale vers 18h30 on se dit qu’on est nombreux à avoir fait ce choix. La fosse est déjà plutôt bien remplie et donne presque l’illusion d’être pleine, aux balcons près. Pas de première partie alors à 19h précises on voit le batteur Ira Elliot s’installer derrière les fûts avec le clavériériste Louie Lino, collaborateur de longue date du groupe même s’il n’est pas de toutes les tournées. Sa présence parait néanmoins plutôt logique étant donné que les claviers sont bien représentés sur le nouvel album Never Not Together (City Slang, 2020).

C’est d’ailleurs avec la piste d’ouverture du disque, "So Much Love" que le concert débute. Un titre qui résume plutôt bien ce qui va se passer entre le public et le groupe mais aussi sur scène : un Nada Surf toujours aussi pêchu mais peut-être un peu plus pop que ce qu’on a pu connaitre sur scène. Il y a les claviers bien sûr mais ils ne dominent pas vraiment dans le son, par contre Matthew a lâché la Les Paul pour une Telecaster souvent parée d’un effet chorus très prononcé, overdrivée mais il va plus rarement cherché le gros son bien saturé (cela viendra). C’est le son qu’il faut pour le nouveau disque, tout juste un peu musclé quand il s’agit de jouer le petit solo de "Looking For You", qui sonne un peu moins "spectaculaire" que sur disque, il manque les choeurs et les claviers sont moins massivement présents mais c’est quelque part pour la bonne cause : La setlist d’1h15 va puiser dans tous les albums du groupe depuis High / Low sorti en 1996 et pourtant tout s’enchaîne bien, semble parfaitement cohérent, en trois chansons on passe du dernier album au premier avec "The Plan", beaucoup plus rock , avec ses couplets portés par la basse entrecoupés de brusques accélérations.

Dans les "classiques", pas de Blizzard mais "Blonde on Blonde" et on retrouve aussi "Killian’s Red" et son joli arpège en son clair, Matthew est concentré sur son chant, collé au pied de micro mais ses yeux parcourent sans cesse la foule. Il parlera un peu moins que d’habitude car c’est un contre la montre ce soir mais il a toujours cette gentillesse, cette attention envers le public qui expliquent aussi que Nada Surf joue presque toujours à guichets fermés en France, tandis qu’ à sa droite, en toute décontraction Daniel enchaîne poses et petites grimaces tout en étant impeccable à la basse.

L’initiative de Nada Surf de jouer ses deux concerts n’est pas pas passée inaperçue, elle a valu au groupe d’être cité dans pas mal de médias mainstream et discuté sur les réseaux où certains se demandaient si le groupe allait s’économiser pour pouvoir faire ses deux concerts dans la même soirée. La question peut paraître légitime mais pour n’importe quel fan qui a vu le groupe en concert elle prête à sourire... ce n’est pas du tout le genre de la maison. Non on a pas eu droit à un demi-service, Nada Surf ne s’est pas divisé en deux mais ils ont plutôt tout multiplié par deux. A aucun moment, on a l’impression d’un groupe qui n’est pas investi à 100% dans sa musique, à aucun moment on a l’impression que les choses sont accélérées, qu’il y aura un autre concert après, le show de ce soir ne sera pas le plus rock qu’on ait vu d’eux, mais c’est surtout du au dernier album, il sera un poil moins long peut-être mais honnêtement avec le triptyque "Always love" - "Popular" - "Blankest Year" ("Fuck iiiiit" !!!) pour finir en beauté et en rock bien énervé, on en sort tout aussi heureux et plein de mélodies dans la tête que dans les précédents shows et bien sûr on sera là la prochaine fois.

Quand à ce principe de concert à 19h sans première partie, c’est quelque part assez agréable comme expérience, très peu d’attente, la possibilité de faire autre chose après. Mais bon les premières parties sont l’occasion de découvrir de très bons groupes alors on va pas souhaiter que ça devienne la norme...

Pour finir il faut quand même tirer son chapeau à Alias, le tourneur du groupe ainsi qu’à la Cigale et d’une manière générale tous ceux qui ont du bosser deux fois plus pour que ces deux concerts soient possibles !

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