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publié par gab le 26/05/11
Myra Lee
- The flame in the eye
The flame in the eye

Si vous découvrez Myra Lee comme moi en commençant par une série de photos sur le cargo, vous êtes en droit de vous poser quelques petites questions. Une fille qui pique la frange et la guitare emblématique de Chan Marshall puis prend comme nom de groupe le prénom de sa mère et titre d’un de ses albums mythiques (le deuxième album de Cat Power donc), ça sent l’hommage très fortement appuyé ou le repompage éhonté, au choix. Mais le cargo est bien (re)fait, les liens sur le coté nous indiquent qu’une session vient d’être livrée pour accompagner les photos, on s’empresse donc d’aller vérifier illico-presto nos présomptions de culpabilité et là, en quelques notes de "Baptism" et un dévastateur "The brooms" (qu’on s’empresse de relancer une deuxième fois pour vérifier qu’on n’a pas rêvé), nous voila sans plus attendre accros, nom d’un p’tit cargo.

1-2-3

Et le pire dans cette histoire, c’est que l’innocence de la demoiselle, à défaut de sa présomption, est à peu près respectée. Bon d’accord, il y a du Cat Power des débuts (indirectement au moins puisque ça nous évoque rapidement Scout Niblett) dans le jeu de guitare et dans le chant (que celui ou celle qui n’a jamais écrit de morceau sur deux accords à la Cat Power lui jette la première pierre) mais pas trop non plus, suffisamment digéré et malaxé pour que ce ne soit pas un plagiat scandaleux. Et puis le traitement sonore et la présence de boucles rythmiques apportent vraiment un plus aux morceaux qui du coup tiennent très bien la route tout seuls comme des grands. Il n’en fallait pas beaucoup plus pour que l’envie nous prenne de nous pencher de plus près sur la production discographique de ce groupe à géométrie variable dont l’actualité se trouve être la parution d’un EP, The flame in the eye, écoutable en ligne sur le décidément de plus en plus pratique deezer. A vos marques, 1-2-3, cliquons ensemble sur play et devisons gaiement.

étoffées

Et là, patatras, la surprise est de taille (ça n’arrive pas si souvent), la session n’a absolument rien à voir avec l’EP. Mais quand on dit rien à voir, c’est rien à voir. On se retrouve tout ballot avec nos deux premiers paragraphes Cat-Poweriens sur les bras alors qu’on découvre un cinq titres bien moins rugueux, aux orchestrations étoffées, axé autour d’une guitare acoustique et surtout d’un chant pour le coup très fortement inspiré par PJ Harvey (et on ne dit pas ça parce que c’est du rock chanté par une fille). Passé la surprise et une fois remis de notre déception de ne pas retrouver une version à tomber de "The brooms", on se laisse au final assez aisément conquérir par le disque. Le contraire eut été étonnant vu la teneur des morceaux et la justesse des orchestrations, mais tout de même.

exercice

Balles neuves. 1 set à 0 pour Myra Lee (on s’est fait avoir comme des bleus il faut l’admettre), on repart d’une oreille neuve à l’assaut de The flame in the eye, l’EP mais aussi le premier morceau du disque. Et comme on le disait plus haut ce qui frappe d’entrée c’est la cousinerie côté musique et côté chant avec la PJ Harvey période Stories from the city, stories from the sea, qui, ça tombe plutôt bien, n’est pas loin d’être notre période préférée de l’anglaise. Or, ça mérite d’être relevé, le groupe se hisse à un niveau tout à fait respectable, il tient même très bien la comparaison et fait de ce morceau une franche réussite. On y retrouve toute la tension délicate qui peut animer les meilleurs morceaux de la dame, une tension réappropriée et légèrement allégée, finement enveloppée, à aucun moment relâchée. Myra Lee continue ensuite sur sa lancée avec "Big catch all", intégrant dans cet univers le chant plus strident d’une autre PJ Harvey, ça vire un peu à l’exercice de style mais c’est toujours somptueusement interprété et adapté, pas le moindre faux pas, ça coule tout seul, jamais forcé, rien à redire. C’est d’ailleurs ce morceau là qui, après plusieurs écoutes, retiendra le plus notre attention.

collines

Il faut donc attendre le troisième morceau, "Be sure", pour voir Myra Lee quitter les terres Harveysiennes et s’aventurer dans des contrées un peu moins balisés. Et l’aventure lui va plutôt bien, le chant s’en va battre des collines musicales pour finir sur des nuages de deuxièmes voix bondissants à souhait. C’est légèrement déstabilisant au départ mais très vite le voyage s’avère plutôt excitant … et il a le mérite de l’originalité. Mérite et environnement conservés ensuite sur toute la fin de l’album avec le tout en légèreté, pour ne pas dire aérien, "The lake" et la pluie acoustique d’"Old man". Trois morceaux qui demandent certes un peu plus d’investissement personnel à la base pour l’auditeur mais qui voient ce dernier récompensé de son effort à sa juste mesure. On est comme ça chez Myra Lee.

oreille

Troisième set, tie-break, les pistes sont décidément très ouvertes pour la suite des événements. Myra Lee (le groupe) va-t-il continuer d’évoluer à géométrie variable avec d’une part la chanteuse en solo accompagnée de sa machine infernale et d’autre part un groupe aux ambiances plus sophistiquées ? Vont-ils adapter les nouveaux morceaux entendus lors de la session cargo à l’univers du groupe, ou est-ce l’univers du groupe entier qui va dériver vers plus de brutalité ? De bien belles possibilités à disposition qui feront à n’en pas douter qu’on continuera de garder une oreille tournée vers Myra Lee pendant les années à venir, et même sans regarder si loin, qui font, saperlipopette, qu’on attend de pied ferme l’enregistrement officiel des nouveaux titres.

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publié par le 26/05/11