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publié par gab le 19/03/13
My Bloody Valentine
- Loveless

C’est ballot. Ça fait 20 ans que cette chronique de Loveless traînait dans nos cartons et on vient de retomber dessus par hasard en rangeant le grenier. Allez, qu’à cela ne tienne, on la publie quand même sur notre petit webzine indépendant pour la peine.

Loveless

Deux ans maintenant que Loveless de My Bloody Valentine est sorti un soir de novembre 1991. On ne le savait pas à l’époque mais le groupe signait là le chant du cygne d’une noisy pop alors à son apogée, détrônée aujourd’hui par cette brit-pop qu’on voit débarquer en force depuis quelques mois. Le règne noisy poppeux aura été court, deux ans, trois maxi, mais quelles années fantastiques. Tombé dedans tête la première par le biais de Ride et de ses EPs à fleurs imparables, on s’y est accroché comme si notre vie en dépendait, avec Ride toujours (son chef d’œuvre Nowhere), Lush (le délicat Spooky) et consorts, pour atteindre une forme de graal avec My Bloody Valentine et ce disque, Loveless. Un disque en forme d’aboutissement de mouvement musical, un manifeste à lui tout seul, difficilement surpassable. Car comment faire plus noisy ? Comment faire plus éthéré ? Comment emmener ce genre encore plus loin ? La chute était inévitable.

brume

En attendant cette mort programmée, My Bloody Valentine s’impose et en impose. Le groupe reprend à son compte les caractéristiques naturelles de la noisy pop, mur de guitares saturées et chant aérien, souvent positionné très en retrait, et les exacerbe. Jamais avait-on été aussi loin dans le paranormal, dans l’hypnotisme. C’est un univers complet qui s’offre à nous et comme par hasard, on le découvre en même temps que les premiers tomes de la bande dessinée Balade au bout du monde. Un monde est oublié depuis le moyen-âge dans des marais infranchissables et étrangement attirants. Loveless devient la bande son officielle de la série et celle-ci met en images à la perfection ses brouillards musicaux. Une musique de marais, de brume, de folie humaine aussi. My Bloody Valentine explore cet instant où la raison nous quitte et où l’on rejoint la transe, quand le rêve fusionne avec la démence.

sirènes

My Bloody Valentine explore et on se laisse porter. On vibre de part en part sur les errances soniques de ces morceaux, tous plus improbables les uns que les autres. Ils nous envoûtent dans la lenteur ("Loomer", "To here knows when", "Sometimes") et nous possèdent littéralement dans l’attaque ("Only shallow", "When you sleep", "What you want"). On cède corps et âme aux chants masculins et féminins des sirènes qui, dans une langue inconnue, s’entremêlent aux guitares stratosphériques. Et quelles guitares ! Rarement a-t-on entendu de sons pareils, de si magnifiques dissonances, de si savoureuses nappes saturées. Plus noisy que pop au final, Loveless se démarque de ses congénères de la plus belle façon qui soit, en traçant sa route personnelle, sans jamais se retourner sur son chemin.

loin

Alors oui, on s’est jeté sur la noisy pop comme si notre vie en dépendait. Et à 16/17 ans, elle en dépendait. Jamais un mouvement musical n’avait si bien illustré la fin de l’adolescence et le basculement dans l’inconnu. Aujourd’hui, du haut de nos 19 ans, cela nous parait loin, bien loin, la nostalgie est déjà là avec pour bande son le magnifique "Sometimes", mélange délicieux de guitares acoustiques et électriques. Oui, My Bloody Valentine et la mélancolie sont là, et le monde ne sera plus jamais comme avant.

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publié par le 19/03/13
Derniers commentaires
dAvid vt - le 19/03/13 à 23:15
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A l’époque, Loveless me faisait penser à Pornography, des Cure : indépassable dans son style.