Le premier article sur Mrs Chan // Mr Chow // Miss (O) (ils vous en voudront pas si vous dites chow chan ou chochano ) sur Le Cargo ! date de 2006 et on a suivi le groupe régulièrement depuis. Récemment j’en ai écrit un peu moins, car ça devient compliqué de parler d’un groupe quand ses membres sont devenus vos amis et que vous avez travaillé avec eux mais c’est aussi ce qui donne une perspective différente : j’ai vu de nombreuses fois en live, Marco (batterie), Marie-Rose (violon et piano) et Audrey (piano et guitare) et à chaque fois le trio proposait quelque chose d’encore meilleur, grâce à la complicité de plus de plus en grande entre les musiciens et mais aussi via un gros travail sur le son.
Le concert de ce soir semble marquer une étape supplémentaire, les pièces musicales sont parfaitement maitrisées et du groupe-laboratoire créé avec en ligne de mire le post-rock et cette idée un peu étrange que le rythme piloterait les compositions, on est passé au groupe tout court, les termes de l’équation sont en place, les réactions stabilisées et Mrs Chan // Mr Chow // Miss (O) est désormais une machine très bien huilée sur scène, à l’aise dans de longs formats qui laissent tour à tour s’exprimer les mélodies tissées par le violon et le piano et l’énergie de la batterie, parfois soutenue par une guitare saturée (celle d’Audrey ou par la guest star du soir : Luke Sutherland de Mogwai ). Une reformulation tout à fait excitante et originale d’un post(ulat) rock que personnellement j’avais enterré sans remords.
Mais la musique du trio se décline désormais aussi sur des formats plus courts et ce d’une manière tout aussi efficace. C’est plutôt une bonne idée d’ailleurs car sur la totalité du concert, le fait de ne plus avoir que des plages très longues donne une impression supplémentaire de dynamique et de densité.
Le groupe a aussi la chance d’avoir un très bon son en façade aux Disquaires ce soir, ce qui est un peu la cerise inattendue sur un déjà beau gâteau : vu les expériences assez moyennes que j’ai eues dans cette salle à la configuration si particulière (en gros, le groupe est dans une fosse, il y a de la place pour un premier rang face à lui et c’est tout, le reste du public se met où il peut, sur les côtés, plus haut, dans des coins..), c’était loin d’être gagné pour le son.
Mais heureusement on entend tout très bien, la batterie peut s’exprimer avec toute la dynamique si importante dans l’écriture des morceaux sans noyer le violon et le piano, les boucles sont bien dosées et quand la guitare s’invente dans les morceaux, on retrouve avec plaisir le gros son de la Les Paul d’Audrey.