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publié par Renaud de Foville le 21/03/01
mr neveux - un travail d'environnement sonore

l’année dernière on avait adoré tuba, le premier album de mr neveux (cf chronique). il y a quelques semaines il nous avait dit qu’il finissait de travailler sur la bande originale du nouveau film de patrice chéreau, intimité qui vient de sortir en salle. en écoutant les nouvelles compositions d’eric neveux, nous avons eu envie plus que jamais de le rencontrer... parler avec lui de sa musique, de cinéma, de microbe son label et de ses futurs projets... voici l’intégralité de notre entretien dans les locaux de virgin...

le cargo ! : j’ai vu l’affiche du film de chéreau dans paris. alors cela fait quoi de retrouver son nom comme cela...

erik neveux : cela m’est déjà arrivé sur sitcom de françois ozon (dont le dernier film sous le sable est sorti il y a quelques semaines - ndr).

le cargo ! : mais bon, là c’est avec chéreau...

erik neveux : en fait je n’ai pas fait grand chose, alors ça fait plaisir. c’est toujours pareil ces histoires là, quand cela ne t’arrive pas tu les fantasmes et quand cela t’arrive il y a tellement d’autres trucs à gérer que tu n’y penses même pas. ce qui m’a vraiment fait plaisir c’est l’ours d’or à berlin. cela couronne le film dans l’ensemble, tous les éléments ont été considérés comme intéressants. j’ai rencontré dominique blanc, qui vient d’avoir le césar, et qui était dans le jury de berlin cette année. en fait, le seul acteur français de intimité est un metteur en scène de théâtre assez jeune avec qui je travaille depuis pas mal de temps. il met en scène la mouette de tchekhov, avec dominique blanc. c’est comme cela que je l’ai rencontrée et elle m’a parlé de la musique du film d’une manière vraiment très sympa. comme elle faisait partie du jury c’était intéressant de voir que la musique aussi avait été appréciée. c’est surtout cela qui fait vraiment plaisir. de voir que la musique intéresse les gens, la radio et aussi qu’elle sort sur disque.

le cargo ! : tu travailles pour le cinéma, le théâtre. il y a aussi mr neveux. comment abordes tu chaque support ?

erik neveux : le théâtre c’est à part. je travaille sur des bandes-sons. c’est du travail sur la longueur, des trafics de sons. c’est tout sauf formaté. on récupère des sons que l’on peut faire durer quinze minutes, que l’on fait monter, descendre. c’est vraiment un travail d’environnement sonore. c’est parfois musical, mais c’est plus souvent du son que de la musique. par contre dans la composition, dans la façon d’écrire la musique, c’est assez proche. si je compare avec le travail de mr neveux, là, il n’y a aucun cadre. au cinéma il y a celui de l’image. surtout avec patrice, on a vraiment travaillé à l’image. la structure des morceaux dans le film n’est créée que par des images. si une scène est deux fois plus longue ou deux fois plus courte, le morceau qui l’accompagne sera deux fois plus long ou deux fois plus court. par exemple la scène de la filature, avec les cordes et la grosse batterie, elle fait pile la durée d’un morceau classique comme pour la radio. c’est uniquement parce que la séquence a cette durée là. ce qui est très amusant... c’est que tu travailles avec les mêmes outils, de la même façon, avec les mêmes automatismes, mais au service d’une image. quand je fais un morceau pour mr neveux, c’est souvent des clins d’œil cinématographiques par rapport à des choses que l’on aime. c’est de la musique samplée. dans tuba il y a des morceaux qui sont un peu des hommages à barry, il y a un morceau qui reprend un titre de cassavetes avec la voix de gena rowland. c’est autre chose. avec la musique de film je ne pourrais pas du tout travailler comme cela... dans la méthodologie oui, mais le choix des sons c’est le film avant tout.

le cargo ! : concrètement, comment as-tu travaillé avec patrice chéreau ?

erik neveux : avec patrice il y a d’abord eu le travail sur la musique existante. on a cherché les morceaux ensemble, j’en ai amené pas mal et on a réfléchi sur ça. une fois que l’on a posé en gros la musique existante traitée en in - musique de bar, de bagnole... - on est passé à la musique originale. en gros ce qu’il voulait c’était extraire leur relation et les flash-back. un peu sur un mode à la lynch. c’est un raccourci ce que je dis là ! c’est à dire une musique assez répétitive, une musique qui sort complètement les séquences du reste du film. ou alors, avec la filature, une musique qui pousse complètement la séquence, qui accentue l’urgence de cette filature. mais tout cela c’était à peine dit. il m’avait juste dit qu’il avait beaucoup écouté la bande-son sur lost highway, qu’il avait revu peu avant. et ce n’est pas une nouveauté, le travail sur le son dans les films de lynch est génial, c’est fort, maîtrisé et anticipé. mais c’est juste un petit point de départ. après j’ai composé les morceaux sur le montage, patrice venait discuter et puis il a globalement tout aimé. mais après c’est un travail infiniment long sur les détails. j’ai eu de la chance, les morceaux lui ont plu tout de suite. c’est après que cela a commencé. il y a eu un travail... dès lors qu’il a aimé la musique ça été énorme. tout ce qu’il fait est très pointu, très réfléchi. c’est très beau. c’est un travail d’orfèvre. il manipule à la fois des sensations, des sentiments, des choses très fortes, humaines et charnelles. mais le tout avec un sens du détail hallucinant.

le cargo ! : c’est vraiment l’image que l’on a de ses films, avec une violence constante. le jeu, le choc des corps et tout cela avec une maîtrise technique impressionnante.

erik neveux : par rapport à la musique, il est incroyable. sur une scène où il y a des très beaux sons directs, un très beau coup de frein... par exemple, le héros à suivi la fille, ils arrivent dans un pub.. quand il pousse la porte, il y a un avion qui passe au dessus. un son énorme. pour tous ces bruits là, l’idée c’était de les protéger. il me disait : « j’aimerais qu’on entende le coup de frein » ou « que l’on entende ça... ». bien sûr musicalement cela ne voulait pas juste dire de baisser le volume. on était en plein dans la métaphore de la filature. la musique, elle doit les suivre, s’immiscer entre eux. il y a avait quelque chose de très physique avec la musique et tout cela s’adapte très bien au travail du sample. tu peux le faire se fermer en filtre au moment où tu veux qu’il se fonde dans l’ambiance, sans pour autant faire juste on/off ou en baissant juste le volume, c’est plus subtil. avec patrice cela a été un très très long travail d’ajustement. en plus j’ai toujours travaillé à l’image, donc à chaque remontage il fallait recaler quelques petits trucs. tu sais les séquences sont très souvent remontées, parfois pour des détails, mais comme il y a certaines choses dans la musique qui doivent tomber à des moments très précis, si tu tombes une seconde avant ou après cela ne marche plus, il faut donc trouver des ruses de programmation, mais c’est super intéressant.

le cargo ! : quelle est la différence entre la musique que tu à proposé à chéreau et le résultat sur le film ?

erik neveux : avant tout c’est de la musique de film, si elle se mélange bien c’est vraiment très bon signe. c’est vrai que parfois il y a des types qui sous-mixent, sur certains films c’est franchement sous-mixé. ce qui est vraiment bien avec patrice c’est qu’il a un rapport très fort à la musique. c’est quelque chose d’important pour lui. il a fait de la mise en scène d’opéra, la musique fait partie de son univers. ce n’est pas du tout un collectionneur de disques, ce n’est pas une bibliothèque musicale. plusieurs fois on m’a dit, comme toi, qu’il donnait l’impression du contraire ! c’est assez amusant, car ce n’est pas ça du tout...

le cargo ! : c’est vrai que dans les bandes-originales « compile » que sortent souvent les gros studios américains avec un puissant service marketing, il n’y à guère que wenders ou chéreau qui donnent l’impression de vraiment aimer la musique et d’être sincère dans leurs choix...

erik neveux : tu sais les inrocks avaient un peu dit l’inverse à propos de ceux qui m’aiment prendront le train. ils avaient dit que chéreau avait mis la musique qui plairait aux inrocks ! c’est déjà pas prétentieux. c’est vrai que chéreau travaille pour plaire aux inrocks, c’est sûr ! on se demande comment on peut écrire une chose pareille. mais en fait le truc c’est qu’il est très réceptif, on lui a amené les morceaux et, en général, il ne connaît que le titre qui est sur le film ou alors, pour des mecs comme iggy pop, il connaît les classiques, comme tout le monde. il n’a pas du tout un aspect encyclopédique, sauf en classique où il a une culture énorme. mais pour la musique indé ou rock... c’est juste quelqu’un qui a une immense acuité, une sensibilité musicale qui fait que, quand il entend quelque chose, il est capable de dire tout de suite « ça, c’est pour la séquence du bar », « ça, c’est pour la voiture »... il sait exactement où elle doit aller. il a une très forte réceptivité. mais ce n’est pas pour cela qu’il ira acheter l’intégrale du groupe. mais ce n’est pas grave, c’est juste amusant de voir l’image que l’on peut avoir de lui à l’extérieur.

le cargo ! : même si je préfère très souvent les bandes-originales « classiques », je trouve dommage que chez la plupart des réalisateurs il y ait un manque d’ouverture sur ce qui se fait aujourd’hui.

erik neveux : il y a aussi un manque de culture... tu n’es pas obligé d’être sensible à la musique pour faire des films. il y a beaucoup de réalisateurs qui sont complètement largués. il y en a certains qui te parlent de groupes, tu hallucines. j’ai vu le cousin, de corneau, qui est plutôt une bon polar, mais au début il y a une scène d’enterrement qui est assez dure et triste. par dessus, en off, il y a un morceau d’axelle red. c’est hallucinant d’entendre ça. ca te fout le film en l’air, c’est incroyable. mais il y a l’exemple inverse. dans tandem de leconte il y a une chanson de cocciante, un sale slow qui devient super beau dans le film parce qu’il colle parfaitement à l’ambiance.

le cargo ! : c’est vrai que pour le cousin c’est énervant et même choquant. pour en revenir aux choix des morceaux sur intimité, les morceaux rocks, tu n’avais pas peur de faire compile ?

erik neveux : non, car tu verras dans le film ils sont quasiment tous en in. le mec est barman, ancien musicien raté, il y a des chaînes hi-fi dans tous les plans. dans son appart il y a de la musique, dans sa voiture aussi et il est barman principal dans un bar branché de londres, on sous-entend que c’est lui qui met les disques. donc la musique est quasiment toujours traitée en in. chéreau n’a pas fait de recherche avant le film. il n’a pas voulu tourner de scène en musique et se retrouver avec des morceaux dont il n’aurait pas les droits. avant même le premier montage j’ai beaucoup travaillé sur une version du film même pas complète. on se disait que le héros a 40 ans en 2000, donc 20 en 1980 et donc on lui a fait sa discothèque 75/80. nick cave, bowie ou encore iggy pop et on lui a construit sa culture musicale.

le cargo ! : et pour clinic ?

erik neveux : ca c’est moi. comme il n’est pas obligé d’écouter que du vieux, j’ai donc écouté des trucs récents. c’est un peu bateau, mais c’est vrai que les anglais ont un rapport à la musique qui est très particulier. c’est très important pour eux. ils en écoutent tout le temps. la ménagère anglaise peut écouter les chemical brothers sans problème, alors qu’ici elle écoute charles trénet ! j’exagère à peine, c’est assez fou. donc l’anglais à un vrai rapport à la musique, il suit ce qui sort. il peut écouter clinic, mais en plus il y a une certaine cohérence avec le fait qu’il travaille dans un bar. parce qu’avec patrice c’est pas vraiment ça, car que cela soit les années 60 ou 70, il s’en fout. mais je préfère avoir cette cohérence et même clinic lui va bien, la musique se mélange parfaitement dans la scène ou on l’entend...

le cargo ! : dans la b.o, l’album, on entend la bande-son du film et même quelques bribes de dialogue. d’où vient l’idée ?

erik neveux : c’est moi. en fait quand on a commencé à faire la b.o, il y a quelques personnes qui m’ont dit que je devrais faire des morceaux plus longs... alors que les morceaux ne sont pas si courts que cela d’ailleurs, même un peu plus longs que dans beaucoup de films. et on me disait : « il y en a un ou deux que tu devrais mettre en quatre minutes pour faire un single ». mais j’ai dit non, il en est hors de question. c’est la musique du film, en plus il faut laisser la place à tout le reste, et sur le cd on ne rend pas justice à tous les morceaux qui sont dans le film. mais je me suis dit aussi que je ne voulais pas avoir un morceau, un blanc, un morceau... j’ai voulu les lier. donc dès que j’ai fini de mixer avec j.p, enfin de remixer pour le c.d, je suis allé voir la monteuse du film pour aller chercher des ambiances, mais j’ai voulu éviter l’écueil des meilleurs répliques du film. Ça je déteste, en plus c’est un film intérieur qui ne se prête pas à ce genre de petites phrases un peu spectaculaires. donc j’ai préféré prendre des bruits, des sons... une ambiance. le seul dialogue que j’ai pris c’est à un moment où il parle à la femme, ce n’est pas un dialogue « important » dans le film, c’est juste joli car c’est le dialogue qui la pousse dehors, quand il va la prendre en filature. j’ai refait un peu de montage son, un peu de bidouille, remonté quelques samples... j’ai fait cela pour enchaîner les morceaux, tu peux tout te faire d’une traite... c’est quand même prétentieux de dire que l’on va écouter une musique de film, surtout dans une bande-son composite comme ça, où il y a les deux. les morceaux à coté ne sont pas complètement nazes en plus. je voulais que la musique soit un peu à part, et je voulais lui donner le temps d’exister. ce n’est pas spécialement réfléchi, c’est allé de soi. je voulais que ça glisse, j’ai d’ailleurs fait gaffe quand tu zappes par index, il n’y a quasiment pas de bruit. ils sont calés en fin de morceau. c’est un parti pris qui fait que la musique coule mieux, je crois.

le cargo ! : sur la b.o de ceux qui m’aiment... comme sur celle-ci tu te retrouves à coté de sacrés noms...

erik neveux : sur ceux qui m’aiment... c’était encore pire. je n’avais qu’un titre et il y avait une mise en page très conne sur le cd, avec tout un tas de noms et c’était hyper gênant. il y avait mr neveux entre james brown et portishead, que des trucs incroyables ...

le cargo ! : j’ai trouvé que "mr james ?", qui est sur tuba, ressemblait à un morceau d’intimité...

erik neveux : très fort, très fort... c’est avec "soho/earl of derby", c’est vrai car c’est la même batterie. en fait sur la longue filature je ne trouvais pas la rythmique qui pouvait tenir de façon répétitive, sans être hyper trafiquée, tout le morceau. je ne voulais pas non plus de rythmique hip-hop parce que cela ne marchait pas. cette filature est magnifique, c’est un beau cas d’école et stéphane, de microbe, m’a dit que ce morceau lui faisait penser à "mr james ?" parce qu’il est assez simple, j’ai donc repris la rythmique de "mr james ?" et je n’ai plus rien eu à faire. c’est assez marrant. evidemment il y a plein de choses en plus sur le morceau, mais la rythmique c’est le même sample.

le cargo ! : quelles sont tes influences en b.o.f. en as-tu réécouté avant de composer celle d’intimité ?

erik neveux : pour le film... déjà en général je n’en écoute pas beaucoup. je n’aime pas trop les scorings - musique de film symphonique, particulièrement utilisée dans les grosses productions américaines, ndr - énormes, cela m’ennuie vite. mais j’adore certains compositeurs comme bernard hermann, john barry ou morricone. ils ont été d’ailleurs recyclés par la musique électronique. ce n’est pas un hasard. cup of tea est le label qui a le plus remercié morricone. il est quasiment sur chaque disque. cela va jusqu’à mettre une batterie sur le clan des siciliens. dans les trucs plus récents il y a delerue, c’est super beau mais je ne me suis pas encore penché sur lui en détail. j’ai quand même une culture assez superficielle de tout cela. j’ai toujours aimé ces musiques via les films. je les découvre rarement sur disque. j’ai vu fargo, des frères cohen, je trouve ça génial. c’est comme cela que je découvre une musique. en france il n’y a pas grand chose qui me fait tripper, c’est souvent... bref ! pour revenir au film, je n’ai vraiment rien écouté. il y a juste cette petite histoire du lynch qui traînait dans l’air. j’ai reloué lost highway en cassette et un ou deux autres lynch. c’est tellement riche avec badalamenti, des bandes-sons mélangées, il y aussi bowie ou trent reznor de nine inch nails. c’est complètement fou. mais en même temps il y a un coté glacial. et je ne trouve pas que intimité soit un film glacial... il est dur, beaucoup de monde le trouve dur, déprimant... cette histoire de personnes qui baisent tous les mercredis.. est-ce qu’il y a de l’amour, où cela nous emmène... mais ça reste charnel. spontanément avec la musique j’ai instauré des harmoniques, crée un peu d’émotion. sans réfléchir. je le formule maintenant parce qu’on en parle. c’est là que je suis sortie du trip super abstrait... en gros cela se résume à une ligne mélodique. par rapport à mr neveux qui est souvent à base de boucles, je me suis mis à jouer avec des samples. recréer des phrases, d’autres mélodies et arriver à quelque chose que l’on pourrait finalement rejouer avec un orchestre. cela n’aurait pas d’intérêt particulier, mais on peut le faire. l’intérêt de cette musique est souvent dans la texture plutôt que dans la musique elle-même. mais d’arriver vraiment à quelque chose qui pourrait être rejoué c’était important car je ne voulais pas que cela soit glacial et technique. c’est très imparfait, si tu rentrais dans les détails de la production, tu hallucinerais. c’est extrêmement imparfait, pleins de choses bancales. mais le tout mis ensemble ça fait une sorte de puzzle. il y a encore des trucs qui ne s’emboîtent pas bien. même après avoir retravaillé, c’est franchement pas clair. c’est aussi parce que je viens de la musique électronique, je travaille sur du lo-fi, du bancal. la musique trop léchée je ne peux pas, je n’aime pas. la musique orchestrale, c’est trop souvent de la sous-musique classique. j’ai eu de la chance que intimité soit un film qui se prêtait à ça. et patrice est un réalisateur qui te pousse à l’expression. il ne dira jamais « fait comme ça ou comme lui », jamais.

le cargo ! : il y a trop souvent un manque de personnalité dans la musique de film...

erik neveux : il y a quelque chose d’interchangeable.

le cargo ! : il y en a peu aujourd’hui, comme danny elfman, que l’on peut reconnaître tout de suite.

erik neveux : c’est vrai qu’il a sa recette, mais c’est super bien. mais il faut voir aussi que les gros/grands compositeurs américains, ils enchaînent un paquet impressionnant de musiques à la suite. morricone il y a une année ou il est arrivé à trente compositions. c’est souvent de la série z. comme ce n’est pas un surhomme il y a beaucoup de déchets... john williams et compagnie, ils font tellement de films... heureusement il y a star wars qui est particulièrement réussi. c’est quand même de la commande la b.o.f, il ne faut pas l’oublier. parfois cela se passe mal aussi... ca vire à la commande aigre, et cela peut aller loin...

le cargo ! : pour finir, la suite pour toi... un nouveau mr neveux...

erik neveux : je suis en train de le mixer.

le cargo ! : en quoi ton travail sur intimité a influencé la suite ?

erik neveux : déjà il y a une influence sur la façon de travailler. intimité je l’ai mixé avec jean pierre d’autour de lucie qui est un super ingénieur du son et là il était là comme producteur/mixeur. a mon échelle c’est bien de ne pas me retrouver face à un mec qui à 40 albums derrière lui, mais quelqu’un comme moi qui a envie d’essayer et qui cherche. on a remixé l’album chez nous, à microbe, et il n’y a pas eu de problème. alors que nous sommes passés d’un studio à 20 000 francs par jour à un studio dans une cave. c’est forcément une évolution sur le sens de la production. résultat, je mixe l’album avec lui. conséquence directe d’intimité. mais j’ai été plus rigoureux sur le film que ce que je faisais pour moi et cela a une influence sur les nouveaux morceaux. cela correspond aussi à un renouvellement des machines dans notre studio. c’était drôle parce que pour le studio cinéma j’ai travaillé avec le mixeur de bruno coulais - qui a fait aussi howard shore pour le desplechins (ester khan)- il y avait trois assistants et j’arrivais avec mes morceaux enregistrés à microbe. au début ils me regardaient bizarrement mais en écoutant ils ont vu que l’on pourrait en faire quelque chose. alors que le mec est habitué à travailler sur des cordes de philharmonique il s’est retrouvé avec des samples. mais il m’a tout de suite dit « on va s’amuser », « il y a la matière ». il savait que l’on pouvait faire un très beau mixe cinéma. mais je n’aurais pas travaillé avec lui pour le disque. il a une toute autre approche pour quasiment tout.

le cargo ! : et des projets de b.o ?

erik neveux : oui, mais je n’en parle pas, c’est en cours. je ne sais pas, mais ce qui est sûr c’est que je ferai un truc avec des cordes, des vraies. j’ai assez envie et je m’attends moi-même au tournant pour savoir si je peux garder quelques chose de personnel et d’étonnant en me retrouvant avec quelque chose de plus classique. l’idée c’est de faire jouer les trucs et de repartir remixer, reproduire et sampler le tout. je commence un peu à fatiguer de travailler sur des samples... est-ce que j’y arriverai c’est autre chose... c’est pour cela que je fais mr neveux et microbe. j’ai besoin de changer, sinon je m’ennuie vite. je ne pourrai pas non plus faire que de la b.o.f... le cinéma est un monde génial, mais c’est très renfermé, ça tourne autour de deux festivals, 4 salles de montages à paris où tout le monde se retrouve. c’est une corporation, c’est très particulier. j’ai envie d’une tournée aussi, des lives avec le prochain album. une vraie tournée pour sortir des studios et j’espère à l’étranger aussi, comme les projets de cinéma aux etats-unis... l’étranger en général. c’est même une vocation pour microbe... on en a vraiment besoin. et développer le label... c’est très important...

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publié par le 21/03/01