Imaginez un recueil de nouvelles autour de la Saint-Valentin se situant quasi-exclusivement au cœur de la campagne angevine. Et bien vous n’y êtes pas vraiment*. Non seulement le pitch n’est pas des plus vendeurs mais il est aussi bien trop réducteur. Happy Valentine de Sophie Verroest a bien pour cadre la Saint-Valentin et le Maine-et-Loire mais il est bien plus que ça. Ces nouvelles accompagnent une famille de la seconde guerre mondiale à nos jours et ce qui commence comme une suite d’histoires indépendantes se transforme vite en saga familiale qu’on a bien du mal à poser avant la fin.
jeu
Ce n’était pourtant pas gagné d’avance puisque, comme tout un chacun, à la première mention de « Saint Valentin » on se recroqueville instinctivement craignant d’emblée la mièvrerie romantico-commerciale. Vous l’aurez compris, ce n’est pas le cas même s’il est bien sûr question de sentiments. Il est surtout question de cheminement personnel, cheminement au sein d’un couple, d’une famille, de trouver sa place. Et de la garder. Il est question de transmission. Une saga familiale subtile donc, slalomant entre les pièges du genre, s’étoffant à mesure que les fissures se révèlent plus profondes, s’offrant le luxe de variations de formes de narration propres à la nouvelle dans un jeu de saute-mouton annuel.
naturelle
On n’est donc pas obligé d’adhérer à la Saint-Valentin, on n’est pas non plus obligé d’être d’origine angevine (même si ça aide à situer l’Authion), on n’est même pas obligé d’être un afficionado des nouvelles (puisque la cohérence d’ensemble transcende le genre), on est juste tenu de laisser une place suffisante à sa sensibilité naturelle et de se laisser porter**, n’importe quel jour de l’année.
* et si, cargo oblige, vous êtes à la recherche de My Bloody Valentine, vous y êtes encore moins
** pour ceux/celles qui voudraient se porter plus loin, petit éditeur oblige, le livre est à commander en ligne sur https://www.editions-pneumatiques.fr/produit/happy-valentine/