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publié par Mickaël Adamadorassy le 11/07/11
Money

Il n’y a pas besoin d’inspiration pour sortir des disques, il n’y a même pas besoin d’écrire de nouveaux morceaux.... en tout cas quand on s’appelle Pink Floyd. On apprend donc un peu ébahi et complètement sceptique l’arrivée d’une énième réédition des œuvres du groupe avec comme justificatif cette formule bateau "digitally remastered".

Weapons of Massive Sales

Et pour l’occasion EMI ne fera pas les choses à moitié, il est question de sorties "massives" (je cite) en CD, DVD et même blu ray (amusant de lire ça car vu le peu d’images disponibles et leur qualité, on se demande bien l’intérêt de la HD), de viralité (hum le stagiaire qui a recopié les textes pour le site aurait-il confondu avec le brief pour le marketing ?) mais aussi en formats digitaux, c’est peut être d’ailleurs la seule chose intéressante dans l’histoire : on va peut être enfin pourvoir mettre du Pink Floyd dans ses playlists Deezer ou Spotify. Eh oui actuellement ce n’est pas possible, comme pour Oasis ou certains albums de groupes et pas d’autres.

Bonnet blanc et blanc bonnet ?

Pour ce qui est du "digitally remastered", d’un côté on a envie de croire à l’honnêteté de James Guthrie, chargé du remastering en question, qui est un fidèle collaborateur du Floyd depuis « The Wall », d’un autre côté pour avoir fait une écoute A/B (mais pas en aveugle et sur un seul morceau) entre « The Dark Side Of The Moon » et la réédition remasterisée 30ème anniversaire, j’avoue avoir eu l’impression de distinguer un vague mieux mais certainement pas de quoi justifier de racheter les disques.

Mais le commercial est malin, il a prévu ce genre de réticences alors il multiplie les éditions (pas moins de 3 avec des goodies supplémentaires selon les versions), rajoute un bestof dans l’histoire et vous appâte avec des jolis artworks grand format et une box collector qui fera la fierté du fan ultime.

Agiter le mort, il vendra toujours

Et même si tout ça marche pas, mécaniquement les ventes du fond de catalogue vont quand même monter, parce qu’on va parler du groupe (comme je suis en train de faire là).

Au final, bien sûr si vous aimez pas Pink Floyd, vous vous en foutez, si vous avez déjà les disques, rien ne vous oblige à les racheter mais ce qui me laisse songeur, c’est que le fan moyen de Pink Floyd qui a la cinquantaine aura pu payer pour le même morceau 4 fois : d’abord le vinyl original puis une K7 pour son walkman, la première version CD et maintenant le CD remasterisé, en payant à chaque fois plein pot.

Fair Use

Est-ce qu’il y a une justice là-dedans, est-ce que ça relève du fair use comme disent les anglo-saxons ? On peut pas vraiment dire que c’est le cas, le cd a peut être amené une différence notable de qualité mais la musique qui est dessus est la même, il n’y a pas eu de frais de studios, personne n’a pas passé de temps à composer à nouveau ou à jouer les morceaux. Pourquoi devrait-on payer la même chose que pour un disque qui vient d’être enregistré ?

C’est la même chose pour les VHS -> DVD -> Bluray et quand la quad HD sera disponible pour le grand public, vous pouvez être sûrs que votre coffret du seigneur des anneaux il va falloir le racheter dans ce nouveau format et pas de réduction parce que vous avez déjà le bluray. (et vous pouvez être sûr qu’il y aura de la quad HD car c’est à ce format que les studios travaillent dès qu’ils le peuvent)

Une licence pour quoi faire ?

Les maisons de disque profitent du fait qu’en tant que consommateur on achète pas une œuvre mais une licence pour utiliser cette œuvre, accompagnée de restrictions nombreuses. Après des mesures légales aussi sévères que Hadopi on pourrait se demander pourquoi dans une optique d’équité les gouvernements ne mettraient pas en place des droits supplémentaires pour le consommateur dans ces licences : si j’achète une licence pour l’œuvre X, je paye le droit d’auteur une fois seulement et pour chaque support le montant versé au titre du droit de copie privée suffit avec éventuellement un faible prix lié au portage sur le nouveau support.

Résultat j’achète Le Seigneur des Anneaux en Bluray, quand il sort en quad hd, la nouvelle édition ne me coûte que 3E (payant les frais de transfert et de bande passant si je le télécharge ou du support physique), si j’ai envie de le regarder sur ma tablette ou mon baladeur, je télécharge gratuitement une version adaptée etc etc.

Ceci n’est pas un film avec Mila Jovovich

Utopique me direz-vous ? en fait ça existe déjà, ça s’appelle Ultraviolet, c’est porté par une "alliance" de sociétés technologiques et d’acteurs du cinéma et ça fait à peu prêt ce que je dis plus haut.

Sauf qu’il s’agit d’une initiative privée et qu’on imagine bien sûr que toute la liberté promise ira de pair avec quelque chose d’aussi réjouissant que des DRM ou du filtrage.

Et on se dit que ces questions importantes mériteraient bien que nos politiques s’en occupent, ça plutôt qu’une énième loi sur la sécurité, ça plutôt que du populisme sur la double-nationalité, ça plutôt que le fichage de tous les français, voté à 11 en catimini.

Et bien non. Et je vous donne rendez-vous dans 20 ans pour une news douce-amère sur la réédition de la discographie de Pink Floyd en neurodiscs à sensations 8D.

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Derniers commentaires
gab - le 11/07/11 à 21:41
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bah entre ça et la sortie chaque année d’albums lives avec toujours les mêmes morceaux, on sait nous faire cracher au bassinet quand il faut, c’est de bonne guerre, au consommateur de ne pas acheter en même temps ... bon vu comment je m’en sors au rayon chips en ce moment, c’est pas gagné côté consommateur !