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publié par gab le 22/09/11
Miossec
- Chansons ordinaires
Chansons ordinaires

Aaah enfin ! Ça faisait bien longtemps qu’on n’avait pas vibré ainsi à l’écoute d’un nouvel album de Miossec. Bien trop longtemps. Ça nous manquait. C’est bien simple, la dernière fois qu’il nous a titillés comme ça c’était sur 1964 (en 2004), son album avec orchestre dans lequel il bousculait un peu ses habitudes et son écriture pour nous émouvoir de son passage en quarantaine. Oh, on s’était bien sur laissé amadouer par les suivants, notamment L’étreinte et son sympathique tube "La facture d’électricité" mais il était tellement classiquement miossequien que les premières écoutes avaient été un peu décevantes, inévitablement. Quant à Finistériens, sensé être l’album du renouveau en collaboration avec Yann Tiersen, c’était plutôt mou du genou et finalement pas très novateur pour l’univers du bonhomme. Pire, on était vraiment loin d’être convaincu par les textes et le chant proposés. Bref, c’est sans trop d’illusions et presque à reculons qu’on se lançait cette semaine dans l’écoute de Chansons ordinaires.

couette

Et déjà le choc est musical. Loin des petites orchestrations habituelles et des rythmiques plus ou moins recyclées d’album en album, Miossec a cette fois sorti les guitares électriques et surtout donné un bon coup de clé de douze pour tendre fortement l’ensemble. Et surprise (ou pas), ça lui va comme un gant, la tension. On l’a rarement senti aussi vivant avec ce chant habité, presque conquérant. Et paradoxe (ou pas), Miossec renait aujourd’hui bien loin de sa couette bien chaude de chansonnier français, en plaçant le chant un peu plus en retrait, en capitalisant moins sur les textes, en livrant enfin un vrai disque de rock, pour notre plus grand plaisir. Il faut dire que l’entrée en matière relève pratiquement du sans faute avec les percutantes et compactes à souhait "Chanson que personne n’écoute" et "Chanson pour les amis" (moins de deux minutes trente chacune, vive la concision) suivies de notre préférée "Chanson d’un fait divers" qui commence sur de faux-semblants et se termine dans les brancards (il n’y pas à dire un texte qui sonne, ça aide fortement). Enfin pour clore cette impeccable entame d’album, "Chanson pour un homme couvert de femmes", dans un registre plus calme avec une orchestration très réussie autour d’un piano inquiétant. Une cohérence musicale impressionnante rendue possible bien sur grâce au groupe qui s’est constitué autour de lui pour l’occasion et qui porte entièrement les nouveaux morceaux.

prises

Si le niveau baisse d’un cran (mais d’un cran seulement) dans la deuxième partie d’album, restent quelques belles fulgurances, notamment le refrain en colimaçon et le final grandiloquent de la "Chanson dramatique". Reste aussi l’humour à froid du monsieur qui passe allègrement de la tendre période pendant laquelle on chantait pour les allemands (l’excellente "Chanson du bon vieux temps") au recyclage du classique "Avoir un bon copain" (la gentiment vacharde "Chanson sympathique") en passant par une petite pique aux textes manichéens des chansons engagées (l’un peu facile -ça lui arrive aussi- "Chanson protestataire"). Reste enfin quelques belles prises de risques comme cette surprenante "Chanson d’insomniaque" où Miossec se transforme en un Placebo d’antan comme ça pour voir, et loin de sombrer dans le ridicule (on l’avoue, on a eu un peu peur sur le coup) se sort tout à fait honnêtement de son numéro d’équilibriste.

cure

Il n’est pas dit au final que cet album reste comme un de ses grands disques (la faute sans doute au traitement « second plan » des textes, on n’est pas à un paradoxe près nous non plus), l’avenir nous le dira, mais en attendant on ne peut que saluer et se réjouir de la prise de risque de ces Chansons ordinaires puisque Miossec -le groupe- nous livre ici l’album de Miossec -le chanteur- qu’on n’attendait plus. Une cure de jouvence qui tombe à pic des deux côtés des écouteurs.

P.-S.

Allez, dans cette période de promotion s’il faut choisir une émission avec Miossec, prenez donc Eclectik le toujours époustouflant rendez-vous du dimanche matin de et avec Rébecca Manzoni sur France Inter. Miossec revient sur ses débuts, sur son rapport à la musique, au public, à l’écriture et à son personnage public, tout ça tranquillement au bord de la plage. C’était le 12 septembre mais, magie du numérique, vous pouvez la réécouter en ligne ici-même.

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publié par le 22/09/11