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publié par Mélanie Fazi le 27/11/12
Mina Tindle - Trianon, Paris - 26/11/2012
Trianon, Paris

Nos fidèles lecteurs éprouveront peut-être une impression de déjà-vu en découvrant ces lignes, deux jours après le compte-rendu que faisait le matelot Gab de sa découverte émue de Mina Tindle en live. Mais la coïncidence était trop belle pour renoncer à ce quasi doublon. Car si chacun des matelots a ses propres groupes fétiches qu’il suit sur le long terme, il est moins fréquent que des artistes fassent une quasi unanimité parmi nous. Et plus rare encore que plusieurs d’entre nous voient la lumière quasiment au même moment.

Picotement

Mina Tindle fait, si l’on peut dire, partie de l’histoire du Cargo : depuis trois ans, des matelots fidèles lui auront consacré photos, chroniques et interview, sans parler d’une magnifique session. D’autres traînaient à prendre le train en marche, malgré l’enthousiasme de plus en plus convaincant des convertis. C’était sur scène, nous disait-on, qu’on saisirait vraiment toute l’ampleur de sa musique. Voilà comment on se retrouve ce lundi soir au premier rang du Trianon avec des attentes encore floues. On sait seulement qu’il va se passer des choses auxquelles l’écoute de Taranta et du sublime « The Kingdom » ne nous ont pas vraiment préparé.

Dès les premières secondes, en effet, il se passe quelque chose. Qui se dérobe à toute description. On ne sait pas trop d’où nous viennent cette boule dans la gorge et ce picotement aux yeux. On sait seulement être en train de vivre un de ces miracles que la musique en live offre parfois. Un moment beau et chaleureux où les chansons prennent une dimension qu’on ne leur connaissait pas sur album. Chaleureux, oui, c’est le mot qui décrit le mieux ce concert : comme la douceur des lumières et des sons, les sourires et les regards de Pauline, l’impression de complicité unissant toutes les personnes qui monteront sur scène ce soir. L’émotion brute du tout début s’estompe peu à peu, mais reste l’émerveillement. « The Kingdom », « Pan » chanté en solo ou « Echo » un peu plus tard sont de toute beauté. Quelque chose de l’ordre de la grâce absolue.

Tarentelle

La première partie du concert se déroule tranquillement, un instant d’émotion après l’autre, et prend fin bien trop vite. Mais Pauline nous a, un peu plus tôt, promis une soirée magique. Lorsqu’elle revient sur scène, c’est pour nous annoncer la venue de quelques invités – comme pour fêter l’anniversaire d’une autre date au Trianon, un an plus tôt en première partie d’Alela Diane, et toutes les belles choses survenues depuis. Elle commence par nous rappeler l’histoire de la tarentelle italienne, qui donne son nom à l’album et à ce qui sera le premier morceau du rappel. Puis invite une danseuse italienne nommée Moira à monter sur scène – la personne, nous dit-elle, à qui elle doit la découverte de cette histoire. Restée seule avec les deux musiciens, Moira interprète une danse hypnotique qui inscrit brièvement le concert dans une autre temporalité : plus lente, plus contemplative. Pauline revient accompagnée d’une chorale de sept « autres folles » tout de noir vêtues, une fleur dans les cheveux ou à la ceinture – sept choristes que nous connaissons bien, parmi lesquelles Lidwine, Dorothée Hannequin (The Rodeo) ou encore Maud Nadal (Myra Lee). « Taranta », porté tout entier par les chœurs scandés et accompagné de nouveau par la danse, touche au sublime. Et les larmes de nous monter aux yeux, une fois encore, quand la chorale entonne le refrain d’une magnifique reprise de Caetano Veloso au terme du rappel. Ce sera JP Nataf qui lui succèdera le temps d’une deuxième version de « Pan », plus proche de celle de l’album cette fois, et tout aussi touchante.

Une fois rentré chez soi, les souvenirs précis s’estompent. Restent des images, des lumières et des sourires, des bouffées d’émotion. L’impuissance, surtout, de traduire ces choses-là par des mots. On a bien vécu en tout cas la magie dont les autres nous parlaient avec des étoiles dans les yeux. On en viendrait presque à envier les autres matelots, ceux qui ont suivi le projet et l’ont vu évoluer, ceux qui ont eu, tout simplement, la présence d’esprit de se laisser envoûter par Mina Tindle bien avant nous. Eux seuls savaient ce que nous perdions alors.

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publié par le 27/11/12