Mauvais Sang est la toute dernière signature du label December Square et figurait donc dans la programmation de la soirée du label au Nouveau Casino avec Mackenzie Leighton et Pierre Welsh & The Oaks. Pas mal pour ce tout jeune groupe qui avait à peine un titre de sorti au moment du concert et pour qui les choses semblent aller très vite, à croire qu’il leur a tapé dans l’œil.
Et à croire que nous aussi d’ailleurs. Dans l’œil, pour le côté théâtral de la performance : ils sont tous habillées entièrement en blanc, tous sur la même ligne (de front) à part le batteur Antoine : Marion aux machines et à la harpe, "le plus grand modèle qui existe" selon elle et il faut bien certainement ça pour aller chercher tout en haut du mur du son les guitares de Mathis et la basse de Val dont on ne connait toujours pas le visage, caché derrière une chevelure de métalleux en mouvement permanent. Et au milieu Léo au chant qui déclame son texte, sans jamais pousser ou tomber dans un jeu de scène de rock star, il semble survoler la mêlée, se poser en narrateur, en orateur tantôt lugubre, tantôt corrosif mais toujours très sûr de son verbe.
Taper dans les oreilles donc car si les textes, leur poésie, la manière de les délivrer fait penser fait penser au rock de Noir Désir ou à Dominique A, la musique de Mauvais Sang est une expérience radicale, un assaut brutal sur les sens, qui arrive en vagues multiples et croissantes, un chaos froidement organisé autour d’un batteur puissant mais qui maitrise quand même son volume et est d’une précision redoutable sur les nombreuses syncopes, les alternances brutales mur du son/silence, qui se retrouventdans le lightshow qui privilégie effets stéréoscopiques et éclairages en contrejour violent.
Taper au cœur aussi car on en voit rarement ses groupes qui conjuguent à la fois le sens, la qualité du chant et du texte, une forme de radicalité dans la musique qui est en cohésion avec un parti-pris esthétique et une forme de sincérité, de simplicité dans l’exécution qui fait qu’ils ne se réservent pas à un microcosme d’amateurs de projets "arty" un peu hermétiques. C’est à confirmer avec l’album bien sûr mais l’avant-goût qu’on en a eu en live nous laisse à penser que vous allez entendre beaucoup parler de Mauvais Sang.
