Après l’annulation de l’édition 2020, le festival Jazz à Vienne a réitéré l’invitation du trompettiste Ibrahim Maalouf, bien connu des aficionados du jazz mais également bien au-delà, ce qui augure d’une soirée festive et colorée.
Succès populaire oblige, deux soirées consécutives sont programmées pour cause de jauge réduite au Théatre Antique, qui affiche complet pour cette reprise de la tournée S3NS.
Le concert reflète toute la richesse et la variété de l’univers d’Ibrahim Maalouf, avec des titres issus de l’album éponyme, sorti en 2019, d’autre issus de Red & Black Light, Illusions et Diagnostic, ou encore de ses compositions pour le cinéma ("Dans les Forêts de Sibérie").
Ibrahim Maalouf fait fi des codes du jazz et explore sans relâche des styles différents, de l’Orient à l’afro-cubain en passant par la pop et le rock inspiré de Led Zeppelin, qu’il mélange et restructure tout en conservant une identité jazz autour de la trompette quart-de-ton, qui résonne avec justesse, délicatesse et fougue : un virtuose avec une signature sonore bien à lui.
Pour cette aventure musicale, Ibrahim est accompagné de pas moins de 12 musiciens : outre les fidèles François Delporte (guitare), Stéphane Galland (batterie) et Frank Woeste (claviers), on retrouve Thierry Fanfant à la basse, Abraham Mansfarrol aux percussions et une section cuivres de 7 musiciens dont le cubain Irving Acao au saxophone.
Ibrahim et ses compères tissent avec aisance des passerelles entre l’Orient et La Havane en passant par les confins du Baïkal. Une palette de couleurs variées nous transportant d’une ambiance festive, aux rythmes latino subblimés par les cuivres et les percussions, à un recueillement ému avec des titres plus intimistes comme "Beirut".
Une énergie incroyable se dégage de la scène tandis qu’Ibrahim alterne trompette et piano et affiche une joie communicative à retrouver enfin ces instants de partage avec ses musiciens et le public. Une allégresse qui transperce le coeur des spectateurs : les masques tombent, les sourires s’affichent sur les visages et le public s’enflamme, répondant à l’invitation d’Ibrahim de chanter et danser avec lui.
Le trompettiste sait faire le show avec une sincère générosité et, comme il le dit, quel meilleur lieu que Jazz à Vienne pour célébrer ses 40 bougies et la 40ème édition du festival.
Et la magie continuer à opérer une fois le concert achevé : dans les rues de Vienne plongées dans la nuit, on croise des festivaliers heureux qui fredonnent "Red & Black Light". Comme nous.
