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publié par Mélanie Fazi le 13/04/12
Maud Lübeck
- La fabrique
La fabrique

C’est par le live, comme souvent, que l’univers de Maud Lübeck est venu à notre rencontre. Un showcase auquel on assistait presque par hasard, sans bien savoir ce que l’on allait entendre, sinon que des gens au goût très sûr nous en faisaient l’éloge et que Simon Beaudoux d’Exsonvaldes accompagnerait deux morceaux. On commence par écouter poliment, on se retrouve ferré dès la première chanson. Sans parvenir à expliquer pourquoi, mais il y a une voix, une présence, un grain de fantaisie discret dans les textes – un « petit quelque chose en plus » difficile à définir. Sitôt rentré, on s’immerge dans l’album La fabrique, et la chanson éponyme nous reste en tête un bon moment.

En douceur

Au jeu des premières impressions, on aura pensé aux mélodies fragiles du premier album de Keren Ann, aux ambiances de Françoiz Breut, ou encore au “Twenty-two bar” de Dominique A en découvrant la rythmique enjouée de “Mon amourenboîte”. Puis on chasse les comparaisons pour écouter plus attentivement. Douze morceaux qui se déploient en douceur comme autant de tapis sonores et une très jolie voix, posée par-dessus, dont l’assurance tranquille séduit immédiatement. Arrangements tout en finesse, mélodies entraînantes au piano, chœurs délicats, ambiances douces-amères. Le tout s’incruste dans vos oreilles, l’air de rien, pour ne plus se laisser chasser.

Nageoires et yeux d’agate

Et puis on s’attarde sur les textes, après en avoir grappillé des bribes sans saisir l’ensemble. On avait accroché immédiatement, lors du showcase, à cette drôle de “Fabrique” où l’on « donne [sa] vie à la robotique » pour se faire poser « des yeux d’agate », « [des] nageoires et [des] écailles ». Les autres textes, écoutés distraitement, paraissaient plus classiques. Mais ceux qu’on avait pris à tort pour d’innocentes chroniques amoureuses se révèlent souvent construits autour d’improbables jeux de mots qui leur donnent une tout autre saveur. Par le jeu des sonorités, un « chagrin ordinaire » se confond avec l’image d’un chat lové sur les genoux, tandis que “Je t’aimais trop” égrène les références au métro parisien. « Je me suis tranché les veines avec la dent que j’avais contre toi », dit la première phrase de “Virose”, offert en bonus vidéo. Dans les textes de Maud Lübeck, les objets deviennent souvent le réceptacle des souvenirs d’une relation enfuie : un parapluie partagé, un pull trop large où se blottir à deux, une boîte où l’on conserve des objets anodins mais chargés de sens.

Sur le fil

La fabrique est un album funambule, toujours sur le fil, qui perd parfois légèrement l’équilibre – au détour d’une rime moins habile, d’un refrain où l’alchimie opère un peu moins – mais le retrouve aussitôt. Les morceaux les plus aboutis, comme “La fabrique”, “La balançoire”, “Mon amourenboîte” ou encore “Virose”, sont d’une belle évidence. Il y a dans ces comptines aériennes une vraie grâce, une élégance. Et une voix qui a la singulière capacité de vous devenir immédiatement familière.

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publié par le 13/04/12