Comment le nouvel album de Magyar Posse pouvait-il être autre chose qu’une réussite ? Plus je me remémore mon impatience fébrile à attendre des nouvelles des six finlandais, plus l’évidence me saute aujourd’hui à la gorge. Ils avaient tout : l’instinct mélodique, une originalité de forme dans un créneau musical encombré par les poncifs, la puissance et une pureté remarquable dans les prises de son, qualités que nous avions déjà pu savourer en live et sur leurs deux précédents opera.
Solennité
We Will Carry You Over The Mountains, sorte de bande-son cinématographique urbaine, faisait coexister dans un petit miracle Ennio Morricone et Arca avec pour objectif la recherche de mélodies tendues, répétées en boucles sinueuses. Kings Of Time était plus épique, toutes guitares dehors et bourré de cavalcades plus étourdissantes les unes que les autres. Les deux albums, différents dans leurs sonorités mais indéniablement les oeuvres d’un même groupe, se complétaient sans que l’un soit fondamentalement meilleur que l’autre dans un diptyque d’une solennité saisissante.
Vélocité
En arbitre avisé, Random Avenger rassemble et sublime les qualités de ses deux précédesseurs : encore présente, l’inexplicable facilité à bâtir des boucles mélodiques entêtantes dignes d’un Morricone slave (les guitares crunchy de “Popzag” faisant écho au thème de Un Citoyen Au Dessus De Tout Soupçon, l’utilisation de la voix comme une texture mélodique). Toujours là cette fougue, déversée précipitemment dès “Whirlpool Of Terror And Tension” et qui ne se calmera qu’au cours de deux courts intermèdes. Pas de détours, on fonce dans le tas ! Les rythmes de batterie martelés, presque « cassés », renforcent ce sentiment d’urgence haletante ; avec une incroyable vélocité, Magyar Posse court comme si le diable était à ses trousses. Si le style du groupe n’a pas tellement changé, leur technique d’enregistrement s’est peaufinée et les morceaux ont gagné en densité. C’est dans la compacité que Magyar se distingue, et ce depuis leurs débuts. Du rock instrumental épique, OK, mais avec concision et efficacité. Les passages les plus calmes, soigneusement intecalés, exudent une tension sourde, comme pour laisser à l’auditeur un instant pour reprendre un semblant de souffle (“Black Procession” et “One By One”).
Crépuscule
Au beau milieu de cette course de semi-fond, le Tubular Belles de Mike Olfield trouve juste le temps de se frayer une place dans les références seventies assumées (les claviers scintillants d’intro et de conclusion de “Sudden Death” ou plus loin sur “European Lover”), avant de se faire bouffer l’espace par des voix entonnant des vocalises d’un lyrisme crépusculaire. Car il est bien question de cela : pas tout à fait nocturne, Random Avenger diffuse une lumière rasante comme il doit il y en avoir au-delà du cercle polaire ; une sorte de dernier éclat qui éblouit avant de laisser place à la nuit.
Bel article sur un superbe groupe. Voici Des vidéos live :
http://tinyurl.com/24mdhgq