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publié par Mickaël Adamadorassy le 25/06/19
Louise Verneuil
- Louise Verneuil
Louise Verneuil

Cette histoire commence avec une pochette qui vous regarde, parmi plein d’autres pochettes. Plus exactement dessus il y cette fille qui vous regarde, droit dans les yeux, légèrement décoiffée, une main posée sur le bras. Signaux contradictoires, preuve d’assurance ou signe de vulnérabilité, plus on cherche, moins on en sait. Comme si le photographe avait volé cette photo, plutôt que le figé d’une pose, cherché à capter sur le vif la transition entre deux émotions, l’inattendu. Qu’est-ce que cela nous dit du premier EP de Louise Verneuil ? A vrai dire je ne sais pas encore, j’improvise au fur et à mesure, sur la foi d’une révélation. Vous savez, ce moment rare où vous écoutez une chanson, le son fort ce qu’il faut dans vos oreilles, et que vous ressentez la parfaite adéquation entre la musique et la saison ? Vous écoutez encore et encore , comme si vous alliez en percer le mystère, vous en rassasier. Ce qui est bien sûr impossible comme pour tout crush musical.

slow crush

Celui-là en occurrence est du genre qui prend son temps, il aura fallu quelques écoutes malgré la beauté évidente de la voix et la production impeccable pour que tout se mette en place. Chacune des quatre chansons de l’EP tente quelque chose de différent, et tant mieux, mais ça n’aide pas à faire la synthèse.

"Nicotine" entre pop symphonique planante et la belle chanson française d’un Bashung ou d’un Gainsbourg on mettra un peu de temps à y venir, les cordes ne sont pas les réussies du disque et tout bêtement l’addiction à la nicotine ne nous parle guère (même si bien sûr ce n’est pas vraiment ce dont il est question) mais bizarrement c’est avec qu’elle qu’on a fini par craquer pour la musique de Louise Verneuil, il manquait juste le bon moment... "Le Beau Monde" vous prend à contrepied : s’y étale tout un vocabulaire de folk 70’s, tambourin et orgue psychédélique genre farfisa pendant dix secondes d’intro et tout d’un coup le "vrai" morceau commence un petit bijou pop catchy porté par une très bonne section rythmique, quelques touches de synthétiseur et de guitares très bien vues et quand les chœurs débarquent sur le refrain, s’harmonisent, se répondent, c’est jubilatoire.

Sur "Désert", c’est la beauté lancinante de l’arrangement de cordes qui vous transporte et donne un côté presque épique, cinématographique à un refrain qui... rend heureux, je ne vois pas comment retranscrire mieux le sentiment de plénitude ressenti en l’écoutant. Après toutes ces émotions, "Blue Sunday" le bien nommé joue la nonchalance, à moitié en français et en anglais, ses couleurs soul, blues, le groove de la voix, la ligne mélodique qui grimpe du medium jusqu’aux aigus, les multiples pistes de chant entremêlées, c’est un régal.

Multivers

Si on revient à la question de départ, qui est cette fille sur la pochette et qu’est-ce qu’elle nous dit, on n’a guère plus de réponse. Difficile de dire qui est Louise Verneuil, pas parce qu’il s’agit d’un pseudonyme pour cette trentenaire qui a appris la musique en autodidacte, mais parce qu’en quatre titres, elle nous propose quatre approches très différentes dans l’écriture comme la production. La constante dans cet univers ou plutôt ce "multivers" c’est le charme de la voix, habitée, passionnée, singulière mais sans maniérisme, sans surjouer. Son léger voile, ce vibrato discret qui arrive tout à la fin des notes, presque à bout de souffle, le groove qu’elle insuffle dans les mots, les harmonies vocales qui apportent de l’énergie, de la fantaisie dans un travail par ailleurs très bien poli. On pense beaucoup à Mina Tindle avec une production et des influences plus mainstream (en interview Louise cite plutôt Vanessa Paradis ou Charlotte Cardin) , les points communs sont évidents, comme le bonheur que leur voix respectives procure mais les deux chanteuses ont aussi des choses qui ne sont qu’à elles. (n’empêche les deux ensemble ça ferait un duo ou une battle pour lesquels les superlatifs sont à inventer).

De saison

Reste maintenant pour Louise à écrire la suite, on est curieux de voir si le frisson est le même en live, où elle ira avec l’album. Mais pour l’instant, on continue d’explorer les mélodies de ce premier EP, de grimper haut dans les nuages à chaque refrain, à déguster tous les petits bonheurs dans sa voix, à décortiquer toutes les subtilités de la production, une guitare passée à l’envers par ici , la saturation appliquée aux cordes par là, le choix des notes dans une ligne de voix doublée mais l’été est encore long, on a encore tout le temps du monde pour s’adonner à ce péché mignon.

P.-S.

Finalement on a trouvé la photo de la pochette, non recadrée, on n’avait rien compris, elle raconte une tout autre histoire. Mais quelque part vous le saviez déjà je pense...

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publié par le 25/06/19
Informations

Sortie : 2019
Label : Mercury Music Group/Universal

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