Chaque année, le lauréat du concours JazzContreBand de l’édition précédente assure la première partie de la soirée d’ouverture du festival transfontalier franco-suisse/helvéto-français, qui se tenait cette année à Château Rouge (Annemasse), et c’est donc au Louis Matute Quartet qu’est revenu cet honneur en 2020.
On ne dira jamais assez à quel point la scène des musiques actuelles est foisonnante de jeunes talents qui, comme il se doit avec ce genre par essence protéiforme et en constante mutation, réinventent le jazz en faisant assaut de créativité et de diversité (les musiciens participant généralement de front à plusieurs "projets" de styles très différents dans lesquels ils sont alternativement leader ou sideman).
Louis Matute et son quartet sont de ceux-là, qui naviguent entre musiques populaires et savantes, partitions et improvisation, tradition et innovation, Europe et Amérique Latine, pour construire leur propre son.
Autour de la guitare électrique de Louis, Léon Phal (également sideman pour Oxmo Puccino ou Olivia Ruiz et leader de son propre quintet) au saxophone, Virgile Rosselet (sideman de groupes de neosoul et de house et leader d’un projet inspiré de la musique minimaliste électronique...jouée en acoustique !) à la contrebasse et Nathan Vandenbulcke (que l’on retrouve dans une multitude de groupes remportant concours sur concours) à la batterie créent un espace riche de textures et rythmes mais aussi suffisamment généreux pour que la guitare ne soit pas le seul héros des solos.
Le dialogue entre la guitare et le saxophone fonctionne à plein régime et monte en tension au fil des morceaux - particulièrement bien choisis pour un set court qui fait office d’introduction à la musique du groupe et réussit à capturer l’attention, puis à susciter l’enthousiasme du public, en 30 minutes.
De quoi foncer leur acheter un exemplaire de How Great This World Can Be, premier album déjà très abouti de ce quartet à suivre de près.