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publié par gab le 25/09/12
Lou Doillon
- Places
Places

A l’écoute de Places, le premier album de Lou Doillon, on pourrait attaquer d’emblée sur la surprise de se retrouver face à un disque si personnel et proche de nos goûts musicaux. On enchaînerait comme tout le monde sur l’absence de filet de voix familial puis on s’attarderait sur les soupçons de plan marketing entourant ce disque (au sein même du cargo, si, si). On finirait évidemment sur la découverte de la vraie Lou Doillon derrière la fille un peu brut de décoffrage qu’on imaginait jusqu’ici. Pensez, on pourrait même faire une étude comparative avec ses consœurs du moment (hum, il se trouve qu’on l’a fait, n’hésitez pas à consulter notre service clientèle). On pourrait, et du coup en toute logique cargotienne on devrait passer notre chemin et continuer comme d’habitude à défendre la veuve et l’orphelin dans notre petit coin. Ce serait sans compter sur Places, cet album tout en retenue et joliment réalisé, qui mérite bien plus qu’un simple encart people. Ne nous censurons donc pas et ajoutons une énième page aux déjà nombreuses couves de magazines.

ancrage

Surprenant est donc bien le mot qui nous vient lorsqu’on découvre cet album à l’homogénéité classieuse soutenu de part en part par une voix grave et touchante. Et il s’agit bien d’une histoire de voix finalement car si musicalement l’album est sobre et plutôt propre sur lui, c’est la voix qui frappe. Très grave, éraillée mais sans trop en faire, un accent qui semble un peu forcé côté ricain par moments (et là on se fait rattraper par la famille, ça semble moyennement naturel lorsqu’on connait Jane Birkin et Charlotte Gainsbourg, mais bon pourquoi pas), cette voix n’est pas anodine, elle marque les esprits et sera le point d’ancrage de tous les morceaux. Que ce soit dans les confidences du début de "Places" ou dans le cérémonieux "ICU", dans la pop de "Devil or angel" ou l’up tempo "Defiant", Lou Doillon trouve la place et le feeling qui conviennent à sa voix si particulière. Rien que pour ça l’album est une franche réussite.

décrassage

Maintenant, comme c’est souvent le cas, ce disque ne s’épanouit pas non plus en toutes circonstances, nous avons même là un beau spécimen de disque du dimanche matin. Un disque à mettre au p’tit déj’ donc, la tête dans le coltard (vous avez mal dormi pour changer) avec des chansons s’infiltrant sans résistance par tous vos pores en une sensation quasi-physique. Cet état de fait a l’avantage de ses inconvénients (à moins que ce ne soit l’inverse), on n’est pas emballé outre mesure par un morceau en particulier (à part peut-être "Questions and answers"), cela reste une écoute plutôt globale, un album de décrassage et de détente. Par extension il marche plutôt bien le matin dans les transports en commun, Lou Doillon nous parle dans le creux de l’oreille, apaisante, et la foule s’écoule moins oppressante.

battage

Effet de ralentissement ou simple placebo, la médecine et le temps trancheront quand l’envie leur en prendra. En attendant, ne serait-ce que par curiosité et malgré le battage médiatique, on recommande fortement d’aller jeter une oreille sur ce disque inattendu.

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publié par le 25/09/12