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publié par Mickaël Adamadorassy le 28/11/13
Lorde
- Pure Heroine
Pure Heroine

Lorde, brisons tout de suite le mythe des défricheurs et de l’avant-garde, votre serviteur l’a découverte en homepage de Spotify (vous savez les émissaires du Grand Mal spoliateurs d’artistes). j’étais intrigué par la chevelure bouclée, mitigé par ce pseudonyme... pas terrible, mais allez on va quand même écouter.

Car c’est l’avantage de cet horrible système de streaming qui suce le sang et les dollars aux artistes, il vous incite à découvrir de la musique (oui j’avoue j’ai pas mal été énervé par les sorties contre Spotify de TomTom Yorke etc.. certes le streaming rapporte peu mais est-ce que c’est à Spotify de porter toute la responsabilité ? est-ce qu’ils ne pratiquent pas ces prix parce que la musique est un marché et que ce marché refuse de fonctionner avec des abonnements plus chers, pourquoi TomTom le héros n’accuse pas ses fans d’être radins plutôt ? une simplification populiste à la place d’une autre...)

Enfin arrêtons de digresser et parlons de Lorde parce que mine de rien elle le mérite !

La meilleure chose que la Nouvelle-Zélande nous a offert depuis le Seigneur des Anneaux

Car oui Lorde aka Ella Yelich-O’Connor  (sérieux, elle aurait du garder son vrai nom, ça tape carrément plus) est une jeune néo-zélandaise d’Auckland, elle vient à peine de fêter ses 17 ans et a été remarquée et embauchée par le Universal local dès ses 13 ans.

Elle bosse avec leurs compositeurs, elle écrit ses premières chansons et à 16 ans la voilà avec un EP qui cartonne avec le titre Royals puis un album dont elle a écrit la plupart des textes et co-composé la musique avec Joel Little(1).

Talk it up like yeah

Le résultat est une électro plutôt minimaliste, souvent juste une boite à rythme et une sonorité principale pour le synthé qui pose l’harmonie, parfois des nappes ou un synthé basse qui grogne s’invitent pour gonfler un refrain ou une autre partie, quelques effets sur les voix mais globalement le mix est subtil et réussit à remplir l’espace avec peu mais bien. Les sons sont vintage mais cherchent plutôt l’ambiance, le feutré, un peu tout le contraire de M83 par exemple, en fait on en vient presque sur les terres des bons morceaux de the XX, une presque cold wave modernisée... en théorie.. car on a pas encore parlé de la voix et elle est plutôt du genre à briser la glace et adieu l’effet cold

Pour ces seize ans, la voix de Lorde impressionne, elle ne va pas cherche les aigus de chanteuse à voix, les mediums-bas chauds et sexy de Britney, on est là carrément dans une utilisation assez voluptueuse pour l’auditeur de tous les registres, des aigus jusqu’à un beau bas-medium et des graves bien posés. On y sent de la gouache et de la maturité, qu’on retrouve aussi dans des textes pas forcément très nuancés mais bien écrits et bien envoyés. (on sent qu’il y a une influence hip-hop derrière)

Si les graves sont là, les aigus ne sont pas en reste et sur disque la voix se dédouble, s’harmonise, s’amuse sur de jolies montées, des effets de chorale excentriques comme du Saint-Vincent. (Elle cite plutôt Lana Del Rey comme influence, espérons qu’elle tourne plutôt comme Annie Clarke)

Triste, monde tragique des stars

Il y aussi chez Lorde un côté désabusé, vaporeux qui tranche avec ce qu’on imagine de l’âge mais est en totalement cohérence avec le personnage qui s’est déjà fait remarquée par ses critiques envers les figures de proue de la pop féminine US, des critiques plutôt justifiées mais inattendues de la part de quelqu’un qui entre à peine dans ce système et en critique déjà les limites dans un premier album.

On pourrait y voir un mauvais signe, le cynisme c’est une attitude à la cool mais ça peut tuer aussi la créativité mais n’oublions pas qu’on parle d’une gamine qu’on a plongée dans ce milieu à peine 13 ans et qui en ressort la tête bien sur les épaules et décidé à remettre à leur place ceux qui sont un peu trop "partis". Je trouve ça plutôt savoureux personnellement.

L’heure des comptes

Lorde est atypique dans le monde de la pop et c’est certainement pour ça qu’elle peut attirer aussi facilement un public qui n’est pas habituellement celui du mainstream, un public qui apprécie les artistes qui écrivent leurs textes et leur musique, des gens capables de sortir de l’air du temps et de proposer une personnalité marquante, un son différent même si cette différence est dans la nuance.

Son premier album est clairement une réussite, bien écrit, bien arrangé, plein de tubes qui n’usurpent pas du tout leur statut et avec donc cette voix qui flatte autant le fan de Saint-Vincent que celui de Lana Del Rey.

On rêverait qu’elle suive plutôt les traces de la première mais en même temps elle a déjà son propre truc, j’ai bien envie de voir où elle va si on la laisse faire

P.-S.

1 : Comme "co-écrire" ne dit pas forcément grand chose sur la part de chacun, j’ai été écouter le groupe solo de Joel, Goodnight Nurse et ma foi son travail de compositeur était déjà très bon dans ce groupe, le seul vrai défautl étant sa voix, le fait d’y mettre trop d’émotions jusqu’à donner l’impression de surjouer, de casser le rythme même de la musique. Imaginer le chanteur de Muse qui n’aurait pas le coffre de ses ambitions mais pousserait quand même.Néanmoins on parle d’un groupe de rock tendance plutôt grunge et tellement différent de l’univers de Lorde qu’on peut à mon avis affirmer sans trop de risque qu’elle ramène une grande partie de l’univers et des ambiances de ce premier disque.

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publié par le 28/11/13